Candidature anti-libérale : Lettre de Marie-George Buffet aux collectifs

vendredi 8 décembre 2006.
 

Nous sommes à quelques jours de la réunion nationale qui doit nous permettre de réaliser notre accord politique sur l’ambition et la stratégie, le programme et la candidature à l’élection présidentielle. Dans les collectifs locaux, le débat se développe sur toutes ces questions politiques - qui ne sont pas toutes simples, comme on le sait - de façon approfondie, sereine, à partir de la vie réelle. Cette pratique citoyenne, cette volonté unitaire, cet ancrage dans les préoccupations populaires est la grande chance de notre rassemblement en construction.

Je suis persuadée que, informée de tout ce travail, la réunion des 9 et 10 décembre va nous permettre de conclure ensemble cet accord. C’est nécessaire. Avec la désignation ou l’annonce des candidatures des principales formations politiques, cette décision et donc le lancement en grand de notre campagne est maintenant urgente si nous voulons, comme nous l’avons décidé ensemble le 10 septembre, travailler à une dynamique populaire capable de battre la droite et l’extrême droite et de construire une majorité et un gouvernement de gauche qui mènent une politique de rupture avec le libéralisme et développent une politique de transformation sociale, environnementale et démocratique. Pour ma part, dans une lettre que je vous ai adressée le 10 juillet, j’ai précisé dans quelles conditions et pour quel objectif je serai disponible pour porter à l’élection présidentielle notre projet commun. Depuis lors, en octobre, les adhérentes et adhérents du Parti communiste français ont proposé cette candidature à notre rassemblement. Elle est aujourd’hui largement discutée, comme toutes les autres, et, semble-t-il, partagée par un grand nombre de membres des collectifs locaux. Sans revenir sur l’ensemble des arguments échangés, il me semble nécessaire, au point où en est notre débat, de formuler quelques propositions plus concrètes que je lie à ma candidature.

Il m’apparaît qu’une des questions principales auxquelles nous sommes confrontés est de décider de toutes les dispositions nécessaires qui doivent permettre à la campagne que nous allons mener ensemble de faire vivre notre rassemblement dans son pluralisme et sa diversité. C’est à mes yeux une condition décisive du succès, puisque c’est le cœur même de notre démarche : faire porter notre ambition et notre programme par des femmes, des hommes, des forces témoignant de la façon la plus visible possible de la diversité de la gauche antilibérale et donc de son potentiel d’élargissement majoritaire à gauche.

Je confirme donc, comme je l’ai déjà indiqué, que, si je devais être la candidate de notre rassemblement, je me consacrerais totalement à cette responsabilité, en n’exerçant plus celle de secrétaire nationale du Parti communiste français.

En outre,

1. Je concevrais pour ma part cette campagne que j’aurais à mener comme celle d’une candidature collective, avec Clémentine Autain, Yves Salesse et, s’ils le souhaitent, José Bové et Jean-Luc Mélenchon. Les dispositions devraient alors être prises pour qu’ensemble, nous participions à la campagne électorale sur la base d’une égalité de notre présence dans les meetings, sur les matériels de communication et - ce sera l’objet d’une bataille - dans la presse écrite et audiovisuelle.

2. Je propose que, dans le même temps, soit mis en place le collectif de porte-parole de notre rassemblement. Ce collectif pourrait être composé des mêmes, à qui s’ajouterait une personnalité représentative de chacune des sensibilités participant à notre rassemblement : je pense notamment à Francine Bavay, à Eric Coquerel, à Christian Picquet, à Claire Villiers... Ce collectif permettra d’assurer la présence visible de notre pluralisme dans toute la campagne : réunions publiques, médias, campagne officielle.

3. Il me semble indispensable de constituer un « conseil de campagne », qui aurait pour charge, à chaque étape de celle-ci, de contribuer à son développement au service de notre ambition et de notre programme. Ce « conseil » pourrait être constitué des porte-parole, de représentants des composantes parties prenantes, de femmes et d’hommes aux responsabilités et engagements divers pouvant contribuer à un élargissement maximum de notre rassemblement, de membres de collectifs locaux.

4. Un dispositif de campagne doit être mis en place au niveau national, dont les fonctions essentielles seraient : le lien avec les collectifs locaux, l’organisation des réunions publiques, la communication, l’organisation, les aspects financiers. Je propose que Claude Debons, qui a acquis depuis deux ans une grande expérience de notre rassemblement, en assure la coordination au titre de directeur de campagne. De tels dispositifs devraient être constitués dans chaque département, en associant notamment les candidates et candidats aux élections législatives pour démultiplier ainsi les porte-parole.

5. Il sera souhaitable que chaque organisation apporte sa pierre, par ses initiatives, à notre campagne commune. Et le rôle des collectifs locaux va être déterminant. Je pense que, le plus rapidement possible, leur multiplication et leur transformation en véritables collectifs de campagne, associant toutes celles et tous ceux qui souhaitent contribuer au succès de la gauche antilibérale, soient effectives. Acteurs essentiels de notre campagne, garanties de son caractère populaire et citoyen, ces collectifs seront du même coup ceux qui en mesureront le mieux le « pouls ». Leur avis, leurs propositions devront être entendus. Des dispositions démocratiques précises devront être imaginées par les structures nationales et départementales pour les associer à toutes les décisions.

6. Nous pourrions décider, dans les jours qui suivront les 9 et 10 décembre, une première initiative publique annonçant l’irruption de la gauche antilibérale dans le débat de 2007. Cette initiative pourrait prendre la forme d’une déclaration de candidature faite collectivement, en présence du collectif de porte-parole. Je propose par ailleurs que tout le mois de janvier soit consacré à la diffusion dans tout le pays, à plusieurs millions d’exemplaires, d’un journal ou d’une brochure faisant connaître notre ambition et notre programme ; et à l’organisation au plus près du terrain de centaines de réunions publiques les mettant en débat et permettant ainsi l’élargissement des collectifs locaux à toutes celles et à tous ceux qui veulent contribuer à ouvrir une autre voie à gauche.

7. Enfin, comme nous l’avons décidé, nous devons désigner rapidement nos candidates et candidats aux élections législatives, les mieux à même de rassembler le plus largement dans chaque circonscription et à l’image de notre diversité.

Ces propositions doivent naturellement être enrichies et complétées par d’autres. Il doit s’agir selon moi d’un travail intense et permanent tout au long de notre campagne électorale. Nous devons, par tous les moyens possibles, rendre évident que le propre de notre candidature est d’être collective et pluraliste. Une campagne portant une ambition et un programme qui animent une dynamique populaire croissante capable de bouleverser les données apparemment établies pour 2007, comme nous avons su le faire pour le 29 mai.

Toute mon amitié.

Marie-George Buffet


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