19 avril 1908 : Jaurès contre la grève générale

mardi 12 janvier 2010.
 

Jean Jaurès, ” il n’y a aujourd’hui pour le socialisme qu’une méthode souveraine : conquérir légalement la majorité “

Un idéal rafraîchissant, une maturité qui lui donne autorité sur le monde socialiste, une voix qui porte les revendications du monde ouvrier dans le monde parlementaire : Jaurès. Une voix pour les sans-voix, un espoir pour ceux qui avaient renoncé à en avoir un.

Comme conseiller - de confiance - de Clemenceau, je devrais le considérer comme un ennemi. Je ne peux pas. En fait, dans mon esprit, mon Patron représente la lutte pour un monde meilleur mais avec les armes politiques classiques et (très) pragmatiques. C’est une première étape.

Jaurès nous emmène plus loin, dans un univers à la morale plus exigeante, dans la lutte pour une société profondément rénovée.

Dans sa vision du futur, les possédants disparaissent, les ouvriers reçoivent une juste rémunération de leur travail leur donnant accès à un habitat, des conditions de vie dignes, une éducation et une culture de haut niveau. Le droit au bonheur en quelque sorte.

Tout cela est dit avec une éloquence qui fait des émules bien au-delà des bancs de la gauche. Quelle belle définition de la liberté il nous donne lorsqu’il s’écrie : ” La liberté, c’est l’enfant de la classe ouvrière, née sur un grabat de misère, et de mine chétive encore, mais qui porte en soi une incomparable vitalité secrète et dont le regard de flamme appelle la liberté d’un monde nouveau. “

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Jaurès à la Chambre

Pour Jaurès, le socialisme ne doit accéder au pouvoir que par les voies légales et démocratiques.

C’est un opposant farouche à la grève générale.

Pour lui, les trois conditions de réussite de ce type de mouvement de masse sont les suivantes :

- l’objet en vue duquel la grève est déclarée doit passionner réellement la classe ouvrière ;

- l’opinion doit être préparée et reconnaître le mouvement comme légitime ;

- la grève générale ne doit pas être un déguisement de la violence.

Pour Jaurès, ces trois conditions ont peu de chances d’être un jour réunies. La grève générale risque donc de devenir une dangereuse utopie, écartant les ouvriers de combats plus réalistes et finalement réellement porteurs de conquêtes sociales.

Il dénonce à cette occasion les ruses de certains socialistes ou communistes qui poussent les ouvriers à la grève dure dans le but de les entraîner, sans qu’ils en aient clairement conscience, dans la Révolution et le communisme complet.

Pour autant, il n’exonère nullement les classes possédantes et les Pouvoirs publics de leurs responsabilités et il reprend le mot fameux de Mirabeau :

” Prenez garde ! N’irritez pas le peuple qui produit tout, et qui pour être formidable… n’aurait qu’à être immobile. ”


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