Où en est la dynamique des collectifs après une semaine de tension au sommet, après le retrait par José Bové de sa candidature, après la signature par plusieurs membres du collectif national d’un texte réclamant des militants communistes qu’ils renoncent à la candidature de Marie-George Buffet ? Première réponse hier soir à Caen, lorsque l’amphithêatre Pierre-Daure de la faculté fait le plein pour un nouveau meeting régional des collectifs. Après les sièges, les marches d’escaliers sont occupées, et finalement beaucoup se retrouvent debout.
En tout, bien plus de 1 000 personnes. Des jeunes, des étudiants et beaucoup d’autres, des militants de collectifs, des syndicalistes, des militants politiques, des citoyens organisés nulle part. Une fois encore, la comparaison n’est possible qu’avec ce qui s’est fait lors de la campagne du référendum, mais seulement à la fin. La dynamique unitaire est là, bien vivante dans cette salle archi-comble, attentive et réactive. À la tribune, avec les représentants des collectifs locaux de la région, Francine Bavay, José Bové, Olivier Dartigolles, Clémentine Autain, Christian Piquet, Yves Salesse, Patrick Braouezec, tous sont applaudis. Marie-George Buffet aussi. Prise par un autre engagement, elle n’est pas là, mais le présentateur de la soirée rend hommage à son rôle dans ce rassemblement.
la complémentarité des sensibilités
Retour sur le chemin parcouru ensemble, du texte stratégique au programme. La force des propositions, la richesse des points d’accord est développée, soulignée par la diversité des interventions, la complémentarité des sensibilités. Et la salle montre qu’elle apprécie. Quelques exemples parmi de nombreux autres : droits des salariés au maintien du contrat de travail, du salaire et des droits associés et crédibilité de l’ensemble de ce programme (Yves Salesse), débat public et référendum sur la politique énergétique (Francine Bavay), position de la France dans le monde, contre la logique de guerre (José Bové), antilibéralisme conjugué avec féminisme, antiracisme, anticonsumérisme (Clémentine Autain), vote des immigrés et régularisation des sans-papiers (Patrick Braouezec).
Au quart de tour, sont plébiscités tous les appels au renforcement de l’unité et à son élargissement, au retour de la LCR dans le processus comme à l’ouverture aux militants et électeurs socialistes qui refusent la « blairisation » du PS.
Le débat, l’affaire de tous
Les questions en débat sont mises sur la table, et donc celle autour de laquelle se sont cristallisées les crispations des derniers jours : la candidature à la présidentielle. Point de vue réaffirmé : pour représenter la diversité du rassemblement la candidature ne peut être celle d’un porte-parole de parti (Yves Salesse, Christian Piquet, Patrick Braouezec). Recherche d’apaisement aussi : « Nous avons particulièrement besoin du PCF qui a eu un rôle exemplaire dans le référendum » (José Bové). Patrick Braouezec est applaudi lorsqu’il refuse toute hégémonie d’un parti. Olivier Dartigolles ne l’est pas moins en rejetant une hégémonie quelle qu’elle soit en même temps que tout ostracisme à l’égard de Marie-George Buffet et en assurant que « les communistes maintiennent sa candidature pour faire gagner le rassemblement. »
Avis unanime : plus que jamais le débat doit être l’affaire de tous.
Le mot de la fin revient à un animateur des collectifs locaux qui dit sa satisfaction à l’issue du meeting et lance un appel à la création de nouveaux collectifs, à la participation de tous à tous les débats : « Nous voulons être une masse qui porte un autre message sur la scène politique. »
Jacqueline Sellem
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