Enquête PISA La France, championne des inégalités scolaires ? (12 articles)

samedi 7 décembre 2013.
 

1) Qu’est-ce que l’enquête PISA ? (par l’OCDE)

2) Baudelot Establet

3) PISA 2009 : oui et alors ? (communiqué SNES FSU)

4) Criantes inégalités UNSA Education

5) Philippe Meirieu

6) Les inégalités scolaires se font plus criantes

7) Dix leçons du classement PISA 2009 (Le Monde)

8) La France, championne des inégalités scolaires (La Vie catholique)

9) Ecole : une France inégalitaire (Libération)

10) « En dix ans, il y a eu un creusement des inégalités scolaires d’origine sociale » (par Nathalie Mons, ancienne experte auprès de l’OCDE pour Pisa)

11) Rappel PISA 2000 : la France championne des résultats inégalitaires ?

12) 2013 PISA L’agence de notation de l’éducation a parlé : la France est dégradée

1) Qu’est-ce que l’enquête PISA ?

PISA est une enquête menée tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l’OCDE et dans de nombreux pays partenaires. Elle évalue l’acquisition de savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au terme de la scolarité obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture mathématique et la culture scientifique et se présentent sous la forme d’un questionnaire de fond. Lors de chaque évaluation, un sujet est privilégié par rapport aux autres. Les premières collectes de données ont eu lieu en 2000, les suivantes en 2003, en 2006 et en 2009. La prochaine collecte est prévue pour 2012.

Plutôt que la maîtrise d’un programme scolaire précis, PISA teste l’aptitude des élèves à appliquer les connaissances acquises à l’école aux situations de la vie réelle. Les facteurs conditionnant leurs performances ainsi que leur potentiel pour l’apprentissage tout au long de la vie font également l’objet d’une analyse au moyen de questions portant sur l’approche de l’apprentissage et le milieu social des élèves. Grâce à un questionnaire complété par les proviseurs, PISA prend également en compte les particularités d’organisation des écoles.

Dans chacun des pays participants, entre 4 500 et 10 000 élèves remplissent le questionnaire de fond pour chaque évaluation. Les étudiants sont sélectionnés à partir d’un échantillon aléatoire d’établissements scolaires (publics ou privés) ainsi que sur un critère d’âge (à partir de 15 ans et 3 mois à 16 ans et 2 mois au début de l’évaluation), et non en fonction de leur classe.

Par ailleurs, les élèves sélectionnés dans chaque pays doivent passer des tests écrits avec des questions ouvertes ou à choix multiple. À chaque évaluation, un temps d’épreuve plus long est prévu pour le sujet principal par rapport aux autres sujets. L’élaboration et la mise en oeuvre du test sont réalisées par un Consortium international qui travaille en étroite collaboration avec les directeurs nationaux de projet. Le Consortium communique ses résultats au Secrétariat de l’OCDE, qui gère le projet, ainsi qu’au Comité directeur du PISA, qui élabore ses orientations politiques.

Source : http://www.pisa.oecd.org

2) Education : « On est dans un système élitiste qui laisse tomber ceux qui ne suivent pas » ( Baudelot Establet)

INTERVIEW - Christian Baudelot et Roger Establet, auteurs de « L’élitisme républicain », réagissent aux résultats du classement Pisa...

La France doit se donner comme cap de réduire le nombre des enfants en grande difficulté, affirment à l’AFP les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet, auteurs de L’élitisme républicain (2009), consacré au système éducatif français, au miroir des enquêtes « Pisa ».

Que pensez-vous des résultats de la France dans « Pisa » 2009 ?

Ils ne sont pas très étonnants : la situation ne s’améliore pas, car rien n’a été fait, les gouvernements ayant mis les (précédentes) enquêtes Pisa sous le tapis. Au contraire, l’Allemagne, le Japon ou la Pologne ont scruté les résultats et pris des mesures en conséquence : la Pologne a supprimé ses filières et favorisé le tronc commun, les résultats ont été immédiats. En Allemagne, le système a été amélioré au niveau « maternelle ».

En France, avant 1995, l’éducation était considérée comme un moyen d’améliorer le capital humain au service de la production : sous de Gaulle, sous Giscard avec la réforme Haby du collège unique, sous Mitterrand avec l’objectif de 80% de bacheliers, il y avait une volonté politique qui donnait un sens collectif à l’action. Mais depuis 1995 et Jacques Chirac, il n’y a pas de cap. Avec Nicolas Sarkozy, pas non plus de cap, sauf les économies budgétaires.

Quel est le problème de la France ?

Le nombre d’enfants en grande difficulté scolaire a augmenté de 15% en 2000 à 20% en 2009, c’est énorme. On est dans un système élitiste depuis toujours qui favorise la sélection et laisse tomber ceux qui ne suivent pas. On est dans une logique "pédagogues contre élitistes", persuadés qu’il faut choisir entre école de masse et école d’élite. Or ce que montre Pisa - et c’est révolutionnaire -, c’est que l’un et l’autre vont de pair : les pays qui ont beaucoup de bons élèves sont aussi ceux qui ont réussi à diminuer l’échec scolaire. Le Japon et la Finlande font des efforts énormes pour ne pas laisser les plus faibles à la traîne. En France, les plus faibles sont aussi pour l’immense majorité des garçons, un phénomène social extrêmement inquiétant, car cela favorise la délinquance, l’asociabilité.

Que préconisez-vous ?

Se donner comme grand objectif politique, sur dix ans, de diminuer la part des enfants en grande difficulté. Pour cela, il faut revoir la philosophie de l’enseignement. Un bon exemple, c’est « La main à la pâte » (opération lancée en primaire par le prix Nobel Georges Charpak) : l’idée est de prendre les enfants comme ils sont et de trouver, par l’expérimentation, des moyens d’apprentissage qui leur conviennent. Ce que montre aussi Pisa, c’est que ce qui marche le mieux, c’est la mixité scolaire à tous les niveaux.

Source : http://www.20minutes.fr/article/635...

3) PISA 2009 : oui et alors ? (communiqué SNES FSU)

Telle qu’elle est construite, l’évaluation PISA ne peut être qu’un élément parmi d’autres d’une évaluation des systèmes éducatifs et de leur comparaison.

En effet, elle porte et favorise certaines conceptions de l’éducation dans lesquelles les compétences de bases et leur évaluation sont à la fois le cœur et les indicateurs de la « productivité » du système éducatif.

Le système français plus ambitieux et plus complet n’est pas à ce titre privilégié.

Plus largement, les enquêtes internationales posent d’importants problèmes méthodologiques qu’il ne faut pas sous estimer.

Au delà, les résultats des études PISA, parce qu’elles constituent un travail statistique important et permettent de mesurer des évolutions, méritent d’être étudiées avec soin.

Ce n’est pas ce que fait le ministre qui instrumentalise à des fins de communication politique une partie des résultats de PISA pour justifier et promouvoir sa politique éducative marquée par une ponction budgétaire massive et continue et une succession de réformes régressives touchant à la fois la formation professionnelle des enseignants, le collège, l’éducation prioritaire, le lycée…

La stabilité générale de la France dans le classement et le creusement des inégalités sont les deux grands enseignements de l’enquête 2009 concernant le système français : inégalités entre filles et garçons, inégalités entre les élèves en échec et ceux qui réussissent et surtout inégalités sociales.

En effet, la France est un des pays dans lesquels la corrélation entre les résultats des élèves à l’évaluation PISA et le statut social et économique de leurs parents est la plus forte.

Pour le SNES-FSU, attaché à la réussite de tous les élèves et à la mission fondamentale du service public d’éducation, la question centrale de la démocratisation du système éducatif reste donc la seule qui mérite d’être posée.

La réponse ne peut pas être une adaptation de l’école aux conceptions de l’éducation portées par PISA. Elle ne peut donc pas se traduire par un pilotage du système guidé par le seul objectif d’un meilleur classement.

4) Criantes inégalités UNSA Education

L’enquête PISA dit tout haut ce qui est trop souvent tu. Le système scolaire français devient de plus en plus inégalitaire. Les écarts de réussite, selon le milieu socio-économique, s’aggravent. La réussite n’est pas partagée : une élite scolaire, faible en nombre par rapport aux ambitions d’une nation, se renforce ; la proportion d’élèves en difficulté s’accroît. L’immobilisme risque de devenir, à court terme, une faute politique. Le gouvernement va sans doute, après la publication des résultats, tenter de les minorer ou d’esquiver. Les "réformes" qu’il pourrait annoncer se feront sans moyen.

D’autres, essentielles comme celle du socle commun, risquent de rester en panne. D’autres comme la formation des enseignants seront négligées. Des dispositifs en remplaceront d’autres au risque de l’empilement inefficace. Des mesures partielles seront prises sans évaluation. L’Ecole est un bien commun : un consensus politique devrait guider son avenir. Elle n’est pas là pour servir de faire-valoir à des ambitions de court terme.

Patrick Gonthier

Secrétaire général de l’UNSA Education

5) Philippe Meirieu : "un système éducatif à bout de souffle qui ne parvient plus à résorber les inégalités"

"Pisa ne nous dit rien sur ce que nous devons faire pour nous améliorer. Car les deux pays qui arrivent en tête, la Finlande et la Corée du Sud, ont tous deux de très bons résultats scolaires mais sont opposés dans leurs principes, leurs modes de fonctionnement et leurs méthodes. Moins que jamais nous ne pouvons utiliser Pisa pour nous exonérer d’une réflexion sur notre propre système scolaire et éducatif.

Si nous voulions atteindre les mêmes résultas que la Corée ou la Finlande, il faudrait choisir entre le système finlandais - où les parents sont très largement accueillis à l’école, où il n’y a ni note ni classement jusqu’à la fin du collège, où les activités socio éducatives sont très nombreuses -, et le système coréen où la pression sur les notes est permanente, où l’école est d’une rare intensité et est doublée par des cours particuliers.

Mais nous ne pouvons être ni l’un ni l’autre. Car nous n’avons pas la même langue, la même structure familiale, le même type d’immigration que l’un ou l’autre de ces pays. Quoiqu’il en soit, cette enquête confirme la médiocrité des performances du système éducatif français. Nous sommes pointés du doigt comme étant en difficulté sur l’écart entre les meilleurs élèves et les moins bons élèves. La France apparaît de plus en plus comme une machine à fabriquer des inégalités.

Il est faux de dire que le niveau descend globalement mais les écarts se creusent entre ceux qui ont accès aux bonnes études et bonnes écoles et ceux qui sont condamnés à la ghettoïsation. Une différence est très marquée aussi entre ceux que l’enquête appelle les "indigènes" et les "immigrés".

La France est un des pays du monde qui réussit le moins bien à donner de l’espoir et à faire réussir par l’école les fils et les filles d’immigrés, enfermés dans des structures ghettoïsées, sans perspectives. C’est un déficit majeur du système français. La France reste enfermée dans une école qui veut savoir d’où les gens viennent avant de les aider à décider où ils vont. Nous sommes une société qui réserve l’accès aux écoles prestigieuses à ceux et celles qui ont trouvé leur panoplie de bon élève au pied de leur berceau.

Cela a des conséquences sur la violence à l’école. Et il me semble que les pouvoirs publics ont baissé les bras en ce domaine : la politique des zones urbaines sensibles est à l’abandon. Et il me semble que les pouvoirs publics ont baissé les bras en ce domaine : la politique des zones urbaines sensibles est à l’abandon. On continue très largement à supprimer les postes qui permettaient d’aider ces élèves là.

Nous vivons avec le phantasme de faire des économies sur l’éducation alors que c’est engendrer à terme des coûts considérables en traitement du chômage, de la délinquance, de la dépression... L’éducation est un investissement. Or nous sacrifions les dispositifs censés aider les plus en déshérence et nous creusons des écarts. Nous sommes devant un système éducatif à bout de souffle qui ne parvient plus à résorber les inégalités."

Source : http://www.metrofrance.com/info/phi...

6) Les inégalités scolaires se font plus criantes Article Le Télégramme de Brest

La note est tombée : les élèves français de 15 ans ont des résultats dans la moyenne des pays de l’OCDE, selon les résultats de l’enquête « Pisa » (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) rendue publique hier. Comme en 2006, la France se situe en effet dans la moyenne pour les trois compétences étudiées (21een compréhension de l’écrit, 22e en mathématiques et 27e en sciences, sur 65 participants), loin derrière la tête du classement composée de Shanghai, de la Corée du Sud et de la Finlande.

Un signal d’alarme

Si la place de l’Hexagone est peu enviable, les résultats révèlent en plus de fortes inégalités, qui se sont accrues dans les années 2000. Par rapport à « Pisa » 2000, la proportion des élèves de 15 ans « les moins performants en compréhension de l’écrit » est passée de 15% à 20%, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques. Parallèlement, le pourcentage des plus performants a augmenté de 8,5% à 9,6%. De la même façon, la proportion des élèves les plus faibles en mathématiques a crû, de 16,6% en 2003 à 22,5% en 2009, alors que la proportion des meilleurs restait sensiblement identique. « Il y a de plus en plus d’élèves en échec scolaire, les inégalités se sont creusées. C’est un signal d’alarme pour la France, qui avait déjà été tiré par l’OCDE en 2006 », a commenté Éric Charbonnier, expert à l’Organisation. C’est qu’en France, l’école ne parvient pas à corriger les inégalités de départ : « L’impact du milieu socio-économique sur la performance » y est plus grand que la moyenneOCDE.

« Pas de fatalité »

Les comparaisons relèvent ainsi que la France gagnerait à faire du soutien plus individualisé dans les écoles ou à réduire les redoublements. « Il n’y a pas de fatalité », assure l’expert, car la Corée du Sud, le Japon ou le Canada, par exemple, parviennent à concilier performance et équité. Outre ces pays, les plus performants sont Shanghai, la Finlande, l’Australie ou les Pays-Bas. Globalement, l’Allemagne, la Pologne et le Portugal s’améliorent, mais la Suède, l’Irlande ou la République tchèque reculent. Partout, les filles devancent les garçons. On apprend aussi que la France se classe parmi les pays où la discipline est la moins respectée. Les enseignants français tirent par contre leur épingle du jeu : ils encouragent leurs élèves à lire plus que la moyenne OCDE...

« Un système qui laisse tomber ceux qui ne suivent pas »

Pour les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet, auteurs de « L’élitisme républicain », la France doit se donner comme cap de réduire le nombre des enfants en grande difficulté. Leur constat est sans appel. Les résultats français « ne sont pas très étonnants : la situation ne s’améliore pas, car rien n’a été fait, les gouvernements ayant mis les enquêtes Pisa sous le tapis ». À l’inverse, « l’Allemagne, le Japon ou la Pologne ont scruté les résultats et pris des mesures en conséquence : la Pologne a supprimé ses filières et favorisé le tronc commun, les résultats ont été immédiats. En Allemagne, le système a été amélioré au niveau de la maternelle ».

Pour la mixité scolaire

Les experts pointent le système élitiste français, « qui favorise la sélection et laisse tomber ceux qui ne suivent pas ». « Le nombre d’enfants en grande difficulté scolaire a augmenté de 15% en 2000 à 20% en 2009, c’est énorme ». Faut-il choisir entre école de masse et école d’élite ? « Ce que montre Pisa - et c’est révolutionnaire -, c’est que l’un et l’autre vont de pair : les pays qui ont beaucoup de bons élèves sont aussi ceux qui ont réussi à diminuer l’échec scolaire. Le Japon et la Finlande font des efforts énormes pour ne pas laisser les plus faibles à la traîne. » Alors que faire ? Il faut revoir la philosophie de l’enseignement. Les deux sociologues citent « La main à la pâte », opération lancée en primaire par le prix Nobel Georges Charpak. « L’idée est de prendre les enfants comme ils sont et de trouver, par l’expérimentation, des moyens d’apprentissage qui leur conviennent. Ce que montre aussi Pisa, c’est que ce qui marche le mieux, c’est la mixité scolaire à tous les niveaux. »

Source : http://www.letelegramme.com/ig/gene...

7) Dix leçons du classement PISA 2009 (Le Monde.fr)

1 - Plus forte que la Finlande, la Chine. Le record des records est battu non par un pays mais par une ville. Avec ses 22 millions d’habitants, la ville de Shangaï a autant d’élèves que bien des petits pays. Elle entre cette année au palmarès pour la 1ère fois et termine 1ère avec un score de 600 en mathématiques (contre 541 pour la Finlande), de 575 en sciences et de 556 en lecture.

2 - Les asiatiques bons en maths. Hong-Kong : score 555 ; Singapour 562, Tapei : 543… et la Corée 546. A l’image de ce dernier pays, qui a aussi multiplié par deux son élite en dix ans, le saut qualitatif opéré par les systèmes asiatiques est étonnant.

3 - Le come back de l’Allemagne. En 2000, ses résultats lui étaient restés en travers de la gorge. Les Allemands ont appelé cela le PISA-shock et se sont mobilisés. En lecture, ils ont gagné 13 points, en maths 10 et en sciences 4. Et ils nous ont dépassés au classement général.

4 - Un peu partout, les garçons sont sacrifiés. Une année d’étude. Voilà l’écart entre les garçons et les filles en France en compréhension de l’écrit. Aujourd’hui c’est comme si les filles avaient à 15 ans étudié le français une année de plus que les garçons. Cet écart entre les sexes qui existe partout dans l’OCDE est supérieur à la moyenne dans les pays d’Europe du Nord (hors Danemark).

5 - La France sauvée par ses bons élèves. Pisa 2009 confirme que nos programmes fonctionnent pour l’élite puisqu’on a légèrement grossi le groupe des meilleurs élèves ( de 8,5 % des élèves à 9,6 % en lecture) , alors que globalement ce groupe a plutôt décru dans le reste de l’OCDE.

6 - Où est passée la Finlande ? Troisième en lecture, 5ème en maths et 3ème en sciences, la Finlande a un peu perdu son image de première de la classe. Elle est devancée par la Corée dans le classement OCDE. Par Shangaï, la Corée, Hong-Kong et Singapour si l’on considère non plus le seul classement de pays de l’OCDE mais aussi celui des partenaires. C’est dans ce pays que s’observe l’écart le plus important de tous les pays de l’OCDE entre garçons et filles. Le différentiel s’y établit à 55 points contre 40 en France et 39 pour la moyenne des pays.

7 - Difficile d’être immigré. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les élèves immigrés de la première génération accusent des scores inférieurs de 52 points à ceux des élèves autochtones (écart de 79 points en France), un écart qui représente l’équivalent de plus d’une année d’études. La performance en compréhension de l’écrit en France s’améliore de 23 points (contre 18 en moyenne dans les pays de l’OCDE) entre les élèves issus de la première et de la seconde génération.

8 - Pourquoi la Suède chute. Entre 2000 et 2009, la Suède a libéralisé le choix de ses établissements scolaires. Les résultats du pays ont baissé parce que s’y est dessinée une géographie scolaire avec des établissements où les élèves obtiennent de bons scores et d’autres où les résultats sont bien moins bons.

9 - Les profs français les moins sympas… Dans les pays de l’OCDE, en moyenne 85 % des élèves déclarent être d’accord ou tout à fait d’accord avec l’affirmation "je m’entends bien avec mes enseignants" (contre 78 % en France) ; 68 % avec l’affirmation "la plupart de mes enseignants écoutent réellement ce que j’ai à dire" (contre 62 % en France) et enfin 66 % avec l’affirmation "la plupart de mes enseignants s’intéressent à mon bien-être" (contre 53 % en France). Ce qui dessine entre le prof français et l’élève une relation assez distante.

10 - … mais les plus efficaces. Lorsqu’il s’agit de travail, 79 % des élèves sont d’accord avec l’affirmation "la plupart de mes enseignants me traitent de façon juste" (contre 88 % en France) ; 79 % avec l’affirmation "si j’ai besoin d’aide, mes enseignants me l’offrent" (contre 80 % en France). Au fil des ans, cette relation du prof français et de son élève évolue, puisque par rapport à PISA 2000 l’affirmation "la plupart de mes enseignants me traitent de façon juste" engrange une augmentation de 16 % de réponses positives entre 2000 et 2009.

Maryline Baumard

Source : http://www.lemonde.fr/societe/artic...

8) La France, championne des inégalités scolaires (La Vie catholique)

Moyennement performant et très inégalitaire : c’est un tableau sévère mais sans surprise du système scolaire français, que dresse la dernière enquête internationale PISA.

L’école républicaine est-elle définitivement en panne ? La question mérite d’être posée alors que viennent d’être publiés les résultats de PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Cette grande enquête menée par l’OCDE tous les trois ans dans ses différents pays membres, vise en effet à mesurer et à comparer les compétences des élèves de 15 ans (en fin de cycle obligatoire) dans trois domaines : la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. Or la France, depuis la première enquête en 2000, stagne à un niveau moyen, tout juste au-dessus de la moyenne de l’OCDE. Cette année, elle obtient 496 points (contre 505 en 2000) alors que la moyenne de l’OCDE s’établit à 493 points et que le premier, Shanghai, compte 556 points.

Mais au-delà de la performance moyenne, l’enquête pointe surtout le caractère inéquitable du système scolaire français. Ainsi, en 2000, les élèves ayant un niveau très faible étaient 15,2% en France. Dix ans plus tard, ils sont 19,7%, dépassant même la moyenne de l’OCDE (18,8%). Quant à l’écart entre les meilleurs et les moins bons, il augmente considérablement, passant de 127 points à 143 points. Tous ces chiffres viennent confirmer ce que de nombreux rapports nationaux (Cour des comptes, Haut conseil de l’éducation) avaient déjà montré en 2010 : l’école française peine à faire réussir tous les élèves, notamment ceux qui sont en grande difficulté.

Or pour les experts, résultats moyens et fortes inégalités sont fortement liés. "Les pays qui réussissent le mieux sont ceux qui ont des établissements homogènes, explique Eric Charbonnier, responsable de PISA-France. Ils savent traiter la difficulté scolaire et ont le plus souvent imaginé d’autres remèdes à l’échec scolaire que le redoublement." Selon les syndicats enseignants, les politiques éducatives en France ont justement ignoré les besoins des élèves les plus fragiles. "Démantèlement de la sectorisation, asphyxie des RASED (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), abandon du collège, hausse des effectifs, notre école n’a pas les moyens d’agir efficacement auprès des élèves les plus éloignés de la réussite", commente le SE-Unsa dans un communiqué.

Ce n’est pas une question de moyens mais de méthodes pour Luc Chatel, qui estime cependant qu’il faut "regarder en face les résultats et en tirer toutes les conséquences". Si le ministre entend poursuivre le recentrage des apprentissages sur les fondamentaux (français et mathématique), il envisage trois pistes de réflexion : renforcer le travail en équipe des enseignants, l’autonomie des établissements et les innovations de terrain. Mais pas question pour lui de revenir sur la politique de réduction budgétaire ou la formation des enseignants, pourtant très décriés par les acteurs de l’éducation. Les grandes réformes attendront 2012.

Audrey Steeves - publié le 07/12/2010

9) Ecole : une France inégalitaire Article Libération

Selon l’enquête Pisa 2009, les disparités parmi les élèves de 15 ans sont plus grandes dans l’Hexagone qu’ailleurs, et le poids du milieu social y est plus lourd.

Par VÉRONIQUE SOULÉ

La France a peut-être l’un des meilleurs systèmes éducatifs d’Europe, son école est moyenne - en français, en maths comme en sciences. Elle est surtout très inégalitaire. Elle forme de brillants élèves, peu nombreux et généralement issus de milieux favorisés, qui vont constituer une petite élite éclairée. A l’autre bout de la chaîne, elle n’arrive pas à faire progresser tout un groupe d’élèves en grandes difficultés, majoritairement issus de milieux modestes, notamment de l’immigration. C’est la principale leçon, pour la France, de la dernière étude Pisa de l’OCDE qui compare les acquis des élèves de 15 ans.

Les résultats de Pisa 2009, dévoilés hier à 11 heures et commentés à 11 h 15 par le ministre de l’Education, Luc Chatel - signe de l’importance prise par ce classement -, n’ont pas vraiment surpris. Depuis plusieurs années, les chercheurs pointent l’impasse où se trouve l’école française : si elle a réussi la « massification », en menant jusqu’au bac la majorité d’une génération, elle bute devant la démocratisation du système. En clair, elle ne donne pas les mêmes chances à tous et enfonce même ceux qui partent avec des handicaps socio-économiques.

Élitiste. L’étude de l’OCDE enfonce le clou. L’école française y apparaît comme doublement inégalitaire. Alors que d’autres pays à inégalités sociales comparables parviennent à les aplanir et à élargir le groupe des bons élèves, le système scolaire français reste toujours aussi élitiste. L’écart se creuse même entre les meilleurs et les plus faibles en compréhension de l’écrit, le domaine étudié en profondeur en 2009 (appelé la « majeure », qui change à chaque étude). Le pourcentage des élèves les moins performants passe de 15% en 2000 (où l’écrit était déjà la majeure) à 20% aujourd’hui, contre 9,6% pour les plus performants (8,5% en 2000). Parmi les faibles, ceux en très grandes difficultés - incapables de repérer une information dans un texte court et facile - augmentent : ils sont 7,9% aujourd’hui contre 4,2% en 2000.

Vulnérables. En plus, en France, le déterminisme social pèse plus qu’ailleurs. Selon Pisa 2009, les différences de milieu social - mesuré dans l’étude par la profession des parents, leur formation, le nombre de livres à la maison, la langue parlée, etc. - expliquent 22% des disparités de résultats entre les élèves en moyenne dans l’OCDE. En France, ce taux monte à 28%.

Les jeunes issus de la première génération immigrée sont particulièrement vulnérables : en France, ils ont « au moins deux fois plus de risques de se retrouver parmi les élèves peu performants ». Pour être juste, ce constat vaut pour de nombreux pays - Autriche, Danemark, Suède, Finlande, Italie… Bon point : les élèves issus de la seconde génération ont progressé en France.

« Peut mieux faire, comme dirait un professeur », a commenté, réaliste, Luc Chatel. Le ministre a ensuite assuré que les réformes engagées répondaient toutes, pile-poil, aux deux grandes lacunes soulevées par Pisa - « la bipolarisation des résultats » et « le déterminisme social ». Il a alors cité en vrac la refonte des programmes du primaire, le plan de lutte contre l’illettrisme, l’aide personnalisée à l’école et l’accompagnement éducatif au lycée, l’autonomie des établissements avec l’expérimentation Clair, etc. Il lui reste dix-huit mois pour en faire la preuve.

http://www.liberation.fr/societe/01...

10) « En dix ans, il y a eu un creusement des inégalités scolaires d’origine sociale » (par Nathalie Mons, ancienne experte auprès de l’OCDE pour Pisa)

Maître de conférences à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée, sociologue, ancienne experte auprès de l’OCDE pour Pisa, Nathalie Mons est l’un des grandes spécialistes de l’analyse comparative des politiques éducatives.

Quels principaux enseignements tirez-vous pour la France de ce test Pisa 2009 ?

La France reste dans la moyenne, même si elle a baissé en mathématiques. Mais l’indicateur sur les élèves en difficulté se détériore. Cette enquête montre aussi le poids de l’origine sociale dans les inégalités scolaires, alors que nous étions dans la moyenne en 2000. En dix ans, il y a eu un creusement des inégalités scolaires d’origine sociale. Autre élément sur lequel on a jusqu’ici moins insisté en France, notre positionnement est moins bon sur les inégalités scolaires d’origine « nationale », avec des écarts importants entre autochtones et élèves issus de la première et la seconde génération. Parmi les pistes pour expliquer ces chiffres, la France fait peu pour ses primo-arrivants, contrairement par exemple au Canada, pays de nouvelle immigration. On peut aussi s’interroger sur la capacité de notre école à intégrer la seconde génération d’enfants issus de l’immigration.

Quels sont les clefs de la réussite des pays en tête du classement et ces recettes sont-elles transposables en France ?

Dans l’ensemble de ces pays, depuis des décennies, il y a un engagement politique très fort en faveur de l’éducation et de la réussite de tous les élèves. En Japon et en Corée du Sud, il y a aussi une grande implication des familles, avec, ce que l’on peut condamner ou non, de nombreux cours de soutien privés. Au-delà, au niveau du collège, il y a l’absence de redoublement, des classes hétérogènes, un enseignement individualisé pour tous les élèves et pas seulement ceux en difficulté. Ensuite, il existe aussi une autonomie des collectivités locales et des établissements, mais elle est fortement encadrée au niveau national. Dans le contenu des programmes, notamment dans les pays scandinaves, aux côtés des disciplines classiques, se trouvent les « life skills », les « compétences pour la vie », qui vont de l’économie domestique -comment gérer son budget, en passant par les technologies appliquées, ainsi que des cours pour découvrir les futures formations, qui font partie de l’emploi du temps et ne sont pas prodigués par des conseillers extérieurs. Ceci est réalisé dans le cadre d’un nouveau modèle de collège unique, tout à fait transposable en France. Il s’oppose au modèle envisagé aujourd’hui en France par la majorité, qui propose des filières dès la quatrième. Pisa a démontré que ce système est toujours associé à des résultats faibles et inégalitaires.

Les conditions sont-elles réunies en France pour un « Pisa-choc » comme il y en a eu en Allemagne ?

Je pense qu’il y a déjà eu, avec l’enquête 2006, un quasi Pisa choc en France. Les pays qui vivent un « Pisa choc » sont aussi souvent à un début de mandat politique, associé d’une part à la volonté du gouvernement de mettre en place des réformes qui heurtent le référentiel des professionnels de l’éducation et d’autre part, à un affaiblissement des syndicats. On peut faire l’hypothèse qu’il n’y aura pas cette année de réel « Pisa choc » en France pour ces raisons.

Au fil des enquêtes, comment expliquez-vous l’incapacité de la France à faire face à l’échec scolaire ?

La France essaie quand même de lutter contre l’échec scolaire. On voit par exemple que l’enseignement individualisé, l’une des thématiques mises en avant par Pisa, a été introduit au primaire, au collège. La réforme du lycée tourne autour de ce concept. Mais il existe un phénomène que les politologues appellent l’hybridation : on importe un modèle étranger mais on le retravaille localement. L’enseignement indivualisé dans les pays scandinaves s’adresse à tous les élèves. En France, il est destiné en primaire aux élèves en difficulté et sur un nombre d’heures très réduit. Avec le mauvais effet de stigmatiser ces élèves. C’est l’exemple typique de la réforme qui a perdu le côté positif mis en lumière par Pisa.

PROPOS RECUEILLIS PAR ISABELLE FICEK

Source : http://www.lesechos.fr/economie-pol...

11) Rappel PISA 2000 : la France championne des résultats inégalitaires ?

En attente des résultats de la dernière enquête PISA qui vont être rendus publics mardi prochain, il est sans doute bon d’avoir à l’esprit que la première enquête PISA, celle de 2000, nous situait parmi les pays aux résultats les plus contrastés, et que cela avait été encore confirmé lors de la dernière enquête, celle de 2006. Quid pour celle de 2009 ?

Les comparaisons entre pays peuvent se faire à partir de la moyenne des résultats des élèves pour tel ou tel domaine. Et, jusqu’ici, la France s’est située autour de la moyenne des pays de l’OCDE pour les trois grand domaines ’’testés’’ : la compréhension de l’écrit, , les mathématiques, la culture scientifique. Mais on peut aussi analyser la dispersion des résultats, notamment en raison de l’origine socio-culturelle des élèves. Et là, la France est nettement parmi les pays aux résultats les plus dispersés, les plus ’’inégalitaires’’.

Si l’on étudie, par exemple, les écarts de points à l‘enquête PISA de 2006 entre les élèves dont le statut économique , social et culturel des parents est le plus élevé ( le quart le plus favorisé ) et ceux dont le statut économique, social et culturel est faible ( le quart le moins favorisé ), la France se trouve pour les trois domaines parmi les deux pays où l’écart est le plus grand. La moyenne, on le sait, est par principe de 500 dans les enquêtes PISA. Les écarts vont de 63 pour la Finlande à 122 pour la France ( bonne dernière ) pour ce qui concerne la culture scientifique. Ils vont de 55 pour l’Islande à 112 pour la France ( avant dernière, devant le Luxembourg ) pour ce qui a trait à la compréhension de l’écrit. Ils vont enfin de 62 pour l’Islande à 115 pour la France ( avant-dernière, devant la Hongrie ) en mathématiques. Une belle constance dans les écarts et les places, qui n’est sans doute pas due au hasard.

On peut songer à bien des explications. Je me contenterai ici de mettre ces résultats en regard des moyens dévolus en France à l’encadrement de la scolarité obligatoire ( sans prétendre aucunement épuiser le sujet, loin s’en faut )…

Selon les données de l’OCDE datant aussi de l’année 2006, la France se caractérise pour l’enseignement primaire par un coût salarial par élève ( 1625 dollars) nettement plus faible que dans la moyenne de l’OCDE : elle est en 25° position pour 30 pays. L’écart par rapport à cette moyenne ( c’est à dire 637 dollars ) s’explique par des facteurs de sens divergent : un salaire des enseignants plus faible ( - 256 dollars ), un temps d’enseignement assuré par les enseignants plus élevé ( - 257 dollars ), une taille des classes plus importante ( - 394 dollars ), et, en sens inverse, un temps d’instruction des élèves plus long ( + 270 dollars ) ».

Au collège, le coût salarial par élève en France ( 2392 dollars ) reste encore inférieur à la moyenne de l’OCDE : la France se situe en 22° position. Ici encore, ce coût moins élevé ( écart de – 526 dollars ) s’explique par un salaire des enseignants plus faible ( - 347 dollars ) et par une taille des classes plus importante ( - 803 dollars ) ; en revanche, le temps d’instruction des élèves est plus élevé que dans la moyenne de l’OCDE ( + 315 euros ), et le temps d’enseignement des enseignants est moins élevé ( + 310 euros ) ».

Tout le monde sait bien, et depuis longtemps , que les résultats scolaires sont inégalement répartis en raison des statuts sociaux d’origine des uns et des autres. Cela existe - plus ou moins – dans tous les pays. Et c’est amplement confirmé, précisément, par les résultats aux tests PISA. Mais que la France soit le pays de l’OCDE aux résultats scolaires les plus inégalitaires peut paraître des plus surprenants. En dépit ( ou plutôt à cause ? ) du fait que nous nous targuons d’avoir pour ambition « l’égalité des chances » ( versus « mérite individuel scolaire » ou « élitisme scolaire » ) ce qui, en bon français, signifie l’ambition affichée d’un recrutement socialement élargi des élites…

Mais dans les comparaisons internationales faites par PISA , il ne s’agit justement pas de l’accès ( scolaire ) à l’élite ( aux élites ) mais des compétences acquises à l’âge environ de la fin de la scolarité obligatoire, celles qui concernent tout le monde. L’ambition privilégiée ( en France ) de ‘’l’égalité des chances’’, de ‘’l’élitisme républicain’’ serait-elle peu favorable à l’ambition de résultats plus positifs et plus homogènes pour tous ? La question mérite d’être posée avec force, même si elle est difficile à traiter (et jusqu’alors plutôt à contre-courant, en France ).

Peut-on attendre que cette question puisse devenir centrale s’il est confirmé par les résultats de l’enquête PISA 2009 que la France reste ( plus que jamais ? ) une ‘’championne’’ des résultats scolaires inégalitaires ?

12) 2013 PISA L’agence de notation de l’éducation a parlé : la France est dégradée

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