Le nom de l’auteur qui répond est écrit à la fin de la réponse
Serais-je le seul et quelques amis de mon clan à détenir la vérité ?
La lune claire se reflète dans des milliers de fleuves. (Ikkyû)
Mon clan me suffit-il à connaître le monde et à le transformer ?
Ne juge pas de l’immensité du ciel bleu en le regardant à travers une paille. (Daishi)
Pourquoi l’ignorance est-elle si redoutable ?
La moindre flamme d’ignorance provoque beaucoup de fumée.
( in Jin Ping Mei livre 8 Chap LXXV)
Que peuvent produire des gens de cultures différentes qui expriment les mêmes désaveux et les mêmes voeux sous des formes différentes ?
Pluie, grêle, neige et glace sont différentes l’une de l’autre. Mais lorsqu’elles sont fondues, elles sont toutes une même eau de rivière dans la vallée. (Ikkyû)
Pourquoi faut-il être persévérant, ne pas se décourager et centrer son énergie sur des points bien précis ?
Un filet d’eau qui coule toujours au même endroit parvient à la longue à percer le roc.
(Dogen)
Faut-il rejeter toutes les idées de nos adversaires et accepter toutes les idées de nos amis ?
Dans l’obscurité existe la lumière, dans la lumière existe l’obscurité. (San Do Kai)
Quels sont les ressorts de l’émotion ?
L’émotion vient du refus du fait. (A.Desjardins)
Gagne-t-on ou perd -t -on contre un adversaire politique ?
Gagner ou perdre est l’inscience qui fait croire à la personnalité et au Moi. (Ikkyû)
La victoire engendre la haine, le vaincu vit dans la souffrance. Le paisible vit heureux,
abandonnant victoire et défaite. (Dhammapada)
On dit parfois qu’en prenant de l’altitude, on perçoit mieux le monde. Cela est-il vrai ?
Nous ne pouvons pas voir la montagne lorsque nous sommes au sommet. (Deshimaru)
Pourquoi sans un projet profond et partagé qui donne du sens à notre action et à nos espoirs, ceux-ci restent vains ?
Le bruit du tonnerre est terrible mais sans substance, les couleurs de l’arc en ciel ravissantes mais ephemères. Ce monde plaisant à l’esprit n’est pourtant qu’un rêve. (Milarepa)
Faut-il ignorer les illusions qui occupent les esprits ?
Ne rejette pas les apparences car elles sont le rayonnement de l’esprit lui-même. (Gampopa)
Pourquoi faut-il de l’audience lorsque l’on abat des idées fausses ?
L’arbre qui tombe dans la forêt fait-il du bruit si personne ne l’entend ? (Koan zen)
Les autres peuvent-ils penser pour moi ?
Ne vous fiez pas à ce qui a été acquis du fait de l’avoir entendu de façon répétée ; ni du fait
de la tradition ; ni du fait de la rumeur ; ni du fait que ça se trouve dans une écriture...
(Bouddha)
Pourquoi la décision collective est elle préférable à la décision individuelle ?
Aucun de nous ne sait ce que nous savons tous, ensemble. (Lao-Tseu)
Celui qui s’oppose doit-il être fort ? - Celui qui s’oppose, se déplace sur sa voie. Celui qui est faible, sa voie est utilisée (Lao-Tseu)
Comment affronter une difficulté ?
Être conscient de la difficulté, permet de l’éviter. (Lao-Tseu)
Puis-je créer et des mesures de transformation sociale qu’il puissent exister isolément,
exister en soi ?
Tout ce qui est produit en dépendance ne peut être indépendant. Et comme tout est non-
indépendant, il n’y a pas de soi. (Aryadeva)
Pour un gros actionnaire d’un grand groupe de distribution alimentaire, qu représente une jolie
caissière ?
Pour l’amoureux, une jolie femme est un objet de réjouissance ; pour l’ermite, un sujet de
distraction ; pour le loup, un bon repas. (Adage bouddhiste)
Hervé Debonrivage
Hervé Debonrivage fait régulièrement parvenir des textes à notre site.
Clash-back sur les randonnées médiatiques de Jean-Luc Mélenchon en terrain miné (tribune)
Conte politique d’hiver : Si le jeu politique de la grande bourgeoisie m’était conté...
Réflexions sur le Socialisme néomoderne de Jacques Généreux (Ed. du Seuil)
...
Il nous propose ici des "Réponses orientales à quelques interrogations et questions de méthode."
Notre site ayant choisi d’être ouvert dans ses thèmes comme dans la prise en compte de textes émanant d’autres rédacteurs que les animateurs habituels, voici cette contribution. Elle insinue à juste titre l’utilité d’une réflexion non centrée sur la seule histoire et les seules philosophies de l’Occident. C’est là un vaste sujet sur lequel nous essaierons de revenir. De plus, les sentences ci-dessous, poussent à la réflexion.
Dans l’immédiat, je reconnais cependant avoir censuré le sous-titre "Présidons Zen". En effet, cela aurait impliqué collectivement le Parti de Gauche alors que le rapport du bouddhisme zen au politique me paraît, dans la réalité historique, n’avoir été ni républicain, ni socialiste, ni seulement progressiste. Zen est passé aujourd’hui dans le vocabulaire courant comme synonyme de gentil, tranquille ; dans l’article proposé par Hervé Debonrivage, il présente un sens plus idéologique puisque les "Réponses orientales à quelques interrogations et questions de méthode" sont en fait des réponses bouddhistes, essentiellement japonaises Zen et tibétaines, à part Lao Tseu.
Aucune pensée d’importance universelle ne peut être jugée seulement sur la pertinence de quelques phrases souvent plus poétiques que rationnelles. Je ne nie ni l’intérêt de la poésie, ni l’intérêt de lire un texte en soi. Je nie encore moins l’intérêt de s’ouvrir à d’autres pensées car effectivement "La lune claire se reflète dans des milliers de fleuves" (et Ikkyû paraît un personnage intéressant). Ceci dit, j’essaie d’être un socialiste cohérent donc un militant prenant en compte, par exemple, en même temps philosophie, histoire et sociologie ; or, le bilan politique du bouddhisme zen japonais et du bouddhisme tibétain m’apparaît très négatif. Cela ne signifie pas que je tire un bilan négatif systématique du bouddhisme car il a l’avantage par exemple, comparé au christianisme, à l’Islam ou au judaïsme d’essayer d’apporter des réponses aux questions d’émancipation individuelle (moins cependant, me semble-t-il, que le taoïsme).
Un militant ne peut dédoubler pensée et bilan historique de celle-ci. En effet, toute idéologie, du christianisme au stalinisme, du judaïsme au bouddhisme, présente des aspects plutôt attirants dans l’abstrait mais c’est son bilan concret dans l’histoire qui est le meilleur juge de sa réalité.
Les maximes (Koan) du bouddhisme Zen posent de plus, plusieurs questions de méthode :
quelle est l’utilité de la méditation individuelle (de l’émotion spirituelle ?) dans la capacité de discernement ?
la connaissance intuitive est-elle la meilleure voie pour approcher un savoir intellectuel authentique ?
Une phrase (n’importe laquelle ci-dessous) peut-elle vraiment constituer seule, une réponse, alors que dans l’original manque la question.
En espérant contribuer à une discussion, malgré ma faible connaissance du sujet,
Jacques Serieys
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