Projet PS pour 2012 : Le peuple de gauche est sous-traité

mercredi 27 avril 2011.
Source : Mediapart
 

« D’abord, il faut saluer le fait que les socialistes ont des idées qu’on peut discuter, même si on n’est pas dupe et qu’on sait bien que les primaires seront un exercice de funérailles de ce projet, par rapport aux programmes des candidats. Pour autant, ayant la mémoire des projets présidentiels du PS (François Delapierre a longtemps été membre du bureau national - ndlr), ce projet est le plus centriste jamais écrit par des socialistes.

Si l’on compare à 2007, on ne parle plus que de rattrapage du Smic par rapport à la hausse des prix, et même plus de 1.500 euros brut. Rien sur le temps de travail, quand on parlait encore il y a 5 ans d’extension des 35h et d’abrogation du travail le dimanche. Avant, le CDI était réaffirmé comme la norme, alors que là on se contente de limiter l’exonération pour des entreprises ayant un recours abusif au travail précaire. Mais si c’est abusif, ce doit être illégal, non ?! Enfin, c’est le néant sur les services publics : la banque publique d’investissement n’est en fait que le regroupement de banques qui existent déjà. Il n’y a même plus de pôle public de l’énergie comme en 2007…

Et puis il y a des grandes zones de flou et des silences éloquents, comme sur les traités européens. Penser qu’on va convaincre des partenaires comme l’Allemagne d’inverser le cours libéral de l’UE est d’une naïveté puérile, au moment où se négocie le pacte de compétitivité.

Sur la politique de l’emploi également, on ne peut être qu’étonné de ne voir chiffrer que le nombre de créations d’emplois de policiers, et qu’on se contente de redéploiement de postes dans l’Education nationale. Il est dit qu’il faut recentrer l’hôpital public sur ses missions, mais n’est-ce pas ignorer que ses fonctions vitales sont déjà atteintes ? Quant au gros des réformes de la droite, pas une n’est vraiment remise en cause, celle des retraites ne modifiant pas la durée d’années de cotisation. Ah si, il y a l’abrogation de la réforme territoriale, car elle concerne tous les conseillers généraux socialistes…

Avec ce projet, tout ce qui mobilise le peuple de gauche est sous-traité, je pense notamment à la position modeste sur les régularisations de sans-papiers. On ne donne pas de signes à la société mobilisée, mais plutôt aux systèmes bancaires et aux agences de notation, en leur disant « ne vous inquiétez pas, on reste dans le jeu ». C’est comme si le PS ne misait que sur le rejet de Sarkozy. Il est même écrit que « tous ceux qui ont exercé la magistrature suprême ont contribué au rayonnement de la France. Tous sauf l’actuel chef de l’Etat ». Dans ma mémoire, c’est la première fois que l’on en vient à saluer l’action de Chirac et Giscard… »


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