Fillon, Juppé, Guéant... à la messe pour la "béatification" de Jean Paul II.

samedi 30 avril 2011.
 

Je suis de retour devant mon clavier. Il s’agit d’abord de dire le mépris et l’indignation que m’inspire le voyage saugrenu du Premier ministre et d’une troupe de bigots gouvernementaux à Rome, le Premier mai, Fête du travail, pour assister à la messe de « béatification » de Jean Paul II. Après tous ces mois de délires sous prétexte de laïcité, c’est le bouquet !

C’est la mode des vieilleries de droite les plus éculées. Voir la procession à Rome, le premier mai, fête du travail, d’une troupe de bigots du gouvernement, premier ministre en tête pour assister à la « béatification » de feu le pape Jean Paul II, d’illustre mémoire progressiste. Il y aura aussi les ministres des affaires étrangères, Alain Juppé, et de l’intérieur, Claude Guéant. Ces messieurs les prétendus grands laïcs, membre d’un gouvernement qui s’est spécialisé dans la stigmatisation de la religion des autres, vont à la messe solennelle. Un acte singulier. François Fillon sera le seul chef de gouvernement étranger présent à cette cérémonie, à côté de deux illustres présidents qui sont des monuments de la laïcité européenne, le polonais et l’italien. Pourtant, la béatification est un acte purement religieux et très étroitement lié au culte catholique. Et d’ailleurs dans un de ses aspects les plus spécifiques et non le moins étrange. Cette béatification n’a aucune signification politique, morale ou autre qui pourrait servir de prétexte à cette présence gouvernementale. C’est juste un rite interne de l’Eglise catholique. En effet, pour que Jean-Paul II soit « béatifié », selon l’étrange coutume en la matière, il fallait qu’il soit prouvé qu’il ait réalisé un miracle. Rien de moins. Le 14 janvier Benoît XVI en a décidé ainsi. Voyons le miracle à l’origine du déplacement des principaux ministres du gouvernement. Il s’agit de la guérison inexpliquée, en juin 2005, de la religieuse française Marie Simon-Pierre, de la congrégation des Petites Soeurs des maternités catholiques. Sa guérison soudaine dans la nuit du 2 au 3 juin 2005 serait due au fait qu’elle ait écrit le nom de Jean-Paul II sur un papier en l’implorant. C’est ce que croient les autorités de l’église. C’est bien leur droit. Mais c’est à cela que s’associent le premier ministre et les autres grands esprits de son équipe. Voilà où est rendue la France de Voltaire et de Rousseau !

Mais cette France là n’est pas la leur. Cette droite moisie dans la course au plus réactionnaire n’en finit plus de s’abaisser dans ce qu’il y a de plus discutable et de plus ostentatoirement réactionnaire. Ainsi le 19 avril, François Baroin, porte-parole du gouvernement, a justifié la présence de Fillon, ce qui n’est déjà pas rien. Mais l’a fait avec un vocabulaire qui exprime un mépris total de la réserve laïque qui devrait s’imposer à un ministre républicain. "La France est la fille aînée del’Eglise" a déclaré ce fils de l’ancien grand maitre de la grande loge de France. "Il semble normal, même dans un Etat laïc, que l’Etat soit représenté à un événement aussi important". Evénement important, cette cérémonie sur ce motif d’une guérison inexpliquée demandée sur un bout de papier ! On se pince ! Grotesque ! Indigne de l’Etat républicain ! Provocation ridicule et sectaire à l’égard des français qui ne partagent pas cette définition rabougrie de leur patrie républicaine qui n’appartient à aucun culte ! Car cette expression risible de « fille ainée de l’église » fait référence au prétendu baptême de Clovis à Reims par l’évêque Rémi en 496. En fait, l’évènement n’est nullement avéré, ni prouvé d’aucune façon autre que par le folklore des légendes religieuses. Sur le plan des faits historiques il s’agit de la première alliance entre un conquérant armé, Clovis, et l’Eglise. L’un et l’autre se sont entre-épaulés, chacun pour ses objectifs spécifiques. Clovis avait besoin de se faire légitimer aux yeux des populations chrétiennes du sud de la France qu’il s’apprêtait à envahir. En échange, l’Eglise lui faisait assurer la répression de l’hérésie arienne qui minait son clergé local. Le refrain sur « la fille ainée de l’église » est une momerie régulièrement resservie par les ignorants, qui trouvent ça sympathique sans comprendre de quoi ils parlent, et par les chefs religieux qui se sentent des droits sur la France. Ainsi Jean-Paul II l’avait utilisée lors d’une messe en France en 1980 au cours de laquelle il avait déclaré : "France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?" Sottise, la France n’ayant jamais été « baptisée » d’aucune façon, pas même sous l’ancien régime. Le roi Louis XII l’avait juste vouée à « la vierge Marie » en exécution d’un vœu fait pour avoir des enfants d’Anne d’Autriche. Une méthode qui en vaut une autre, certes. Ce miracle là est fêté le 15 aout ! Encore une messe à l’horizon pour le gouvernement ! Comme le conclut le communiqué de Pascale Le Néouannic, secrétaire du parti de gauche pour la bataille laïque : « Le Parti de Gauche rappelle que la laïcité n’est pas une doctrine, mais un principe politique qui assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de religion et qui parce qu’elle ne reconnaît aucun culte respecte toutes les croyances »


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