Sarkozy, Wauquiez : le retour du maurassisme (par l’UFAL)

jeudi 10 mars 2011.
 

En attaquant la laïcité ainsi que les acquis sociaux du Conseil National de la Résistance, Nicolas Sarkozy s’est clairement inscrit dans une politique de démantèlement du modèle républicain.

Ce jeudi 3 mars 2011, alors qu’il était en visite au Puy-en-Velay, il a franchi le dernier pas en tenant les propos suivants : “La chrétienté nous a laissé un magnifique héritage de civilisation et de culture, c’est la France, la France que nous aimons, la France dont nous sommes fiers, la France qui a des racines.”

Nul ne saurait nier que l’histoire de France soit en partie liée à celle de la chrétienté. Nul ne saurait oublier, néanmoins, que la République s’est opposée, au cours de son histoire, à la volonté hégémonique de l’Eglise. Nul ne saurait oublier, non plus, que la République ne puise pas dans des racines mais se fonde sur des principes. Si les racines enferment un peuple dans une identité, les principes, quant à eux, ont une dimension universelle. En se réclamant de racines imaginaires, le président de la République alimente volontairement la confusion mais introduit, qui plus est, de la division au sein du peuple français. Il fait semblant d’ignorer que la République récuse toute conception ethnique du peuple : le citoyen ne saurait se définir en référence à un quelconque particularisme.

Les propos de Nicolas Sarkozy sont encore plus graves lorsqu’on les met en rapport avec ceux de Laurent Wauquiez “Dominique Strauss-Kahn, c’est Washington, Dominique Strauss-Kahn, c’est sûrement une très belle maison qui donne sur le Potomac. C’est pas la Haute-Loire et c’est pas ces racines-là [sic] “. Le ministre en charge des affaires européennes, agrégé d’histoire, ne peut ignorer la portée d’une telle rhétorique : opposer les “enracinés” aux “déracinés”, les français du terroir aux français “errants”, évoque les pages les plus redoutables de Charles Maurras. A l’heure où le gouvernement prétend lancer le débat sur la place de l’islam en France, à l’heure où ce même gouvernement affiche clairement sa volonté de remettre en question le principe de laïcité, cette opération de communication laisse présager le pire. Il est en effet à craindre qu’elle ne s’intègre dans une offensive anti-républicaine de grande envergure.

Nicolas Sarkozy joue avec le feu : d’une main, il détruit le modèle républicain tandis qu’il attise, de l’autre, le vieux démon du maurassisme.

2) Le Puy-en-Velay : Sarkozy évoque « l’héritage chrétien de la France »

En visite jeudi matin au Puy-en-Velay (Haute-Loire), une des étapes du pèlerinage catholique vers Saint-Jacques de Compostelle, Nicolas Sarkozy s’est exprimé sur « l’héritage patrimonial de la France » mais il a aussi débordé sur « l’identité » et la « laïcité ».

D’après le site internet de La Montagne, des heurts légers ont eu lieu en marge du déplacement présidentiel entre des policiers et des manifestants sur la place de la Libération.

D’après le quotidien régional, « des gaz lacrymogènes ont été tirés ».

Accompagné des ministres de la Culture, Frédéric Mitterrand, et des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, également maire du Puy, le chef de l’Etat a visité la cathédrale, son baptistère et son cloître, ainsi que le chantier d’aménagement de l’Hôtel-Dieu. On notait l’absence de Brice Hortefeux, ancien ministre de l’Intérieur, et élu de la région.

Le président de la République a ensuite prononcé un discours d’une demi-heure faisant référence à « l’héritage chrétien et aux origines chrétiennes de la France ».

Ces propos ont trouvé une résonance particulière au moment où l’UMP lance, avec le feu-vert du chef de l’Etat, un débat sur la laïcité et la place de l’islam qui suscite des réserves dans les rangs de la majorité et de vivres critiques dans l’opposition.

Principal promoteur de ce débat, le patron de l’UMP Jean-François Copé avait assuré mardi qu’il porterait en fait prioritairement sur « le pacte républicain » et « la laïcité », et qu’il n’avait « rien à voir » avec celui sur l’identité nationale.

« La chétienneté a laissé à la France un magnifique héritage de civilisation, a poursuivi Nicolas Sarkozy. Grégoire de Tours, le plus ancien de nos historiens, dans son Histoire des Francs, évoque le sanctuaire du Puy et la synagogue de Clermont. Il écrivait il y a 15 siècles. C’est la France que nous aimons, c’est la France dont nous sommes fiers. C’est la France qui a des racines. »

Comment dès lors « assumer » son héritage tout en s’ouvrant aux autres ? « Assumer notre héritage n’oblige personne à partager la foi des bâtisseurs de la cathédrale du Puy », a répondu le chef de l’Etat.

Le chef de l’Etat est également revenu sur le thème sur l’identité nationale, objet d’un débat lancé en 2009 par le gouvernement et par Eric Besson, alors en charge de ce dossier et passé depuis à l’Industrie.

« Sans identité, il n’y a pas de diversité, a assuré le président de la République au Puy. A l’origine de la diversité il y a des identités. Si on ne croit pas à sa propre identité, comment peut-on partager avec celles des autres et comment peut-on même recevoir celle des autres. »

Source :

http://www.leparisien.fr/election-p...

3) Les Européens doivent cesser d’avoir honte des valeurs chrétiennes (Wauquiez)

Le ministre des Affaires européennes, Laurent Wauquiez, a souhaité mardi que les Européens cessent d’avoir honte des valeurs, notamment chrétiennes, qui ont façonné le continent, voyant dans ce déni une raison du divorce entre une partie de l’opinion et l’Europe de Bruxelles.

Une "remobilisation" des pro-européens "qui ont baissé pavillon" est nécessaire, a dit dans une conférence de presse le ministre, qui a plaidé pour qu’ils "assument des valeurs communes" et "un projet de civilisation" puisant dans le christianisme, le mouvement des Lumières et le romantisme notamment.

"Je ne veux pas laisser le terrain aux eurosceptiques", de la dirigeante du Front National Marine Le Pen au dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Melenchon, a-t-il dit.

"Que l’Europe ait des racines chrétiennes, que le mouvement de christianisation ait été une des facteurs de constitution de la conscience européenne, qui peut contester cela ? C’est absurde de contester un fait historique", a-t-il dit, en notant qu’"une identité refoulée est une identité qui se venge".

"Au nom de quoi dire cela est-il un scandale ? Au nom de quoi est-ce qu’on aurait des complexes à assumer cette identité", a ajouté le ministre, en précisant que parler de "racines chrétiennes" ne signifie pas plaider pour une Europe prisonnière d’une "chrétienté fermée".

"Une Europe qui défend la diversité religieuse, la possibilité d’avoir toutes les opinions et toutes les options spirituelles, c’est pour moi une évidence", a-t-il dit.

Lorsque la mention des racines chrétiennes de l’Europe a été supprimée du projet de constitution européenne, "on a profondément affaibli les chances d’avoir le soutien de l’opinion publique. Ce que les gens n’ont pas compris, c’est une Europe qui a peur de dire les choses sous prétexte de ne fâcher personne", a-t-il argué.

"Ce n’est pas cette Europe-là qu’on doit défendre. Que l’Europe assume ses racines, ses valeurs, son histoire, c’est la meilleure garantie ensuite de sa tolérance et de son ouverture aux autres".

"Je ne vois pas pourquoi je serais supposé avoir des scrupules et des complexes sur ce que j’appelle moi l’Europe des clochers", a encore plaidé M. Wauquiez.

Source : AFP


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message