« L’homme est né pour le bonheur et la liberté et partout il est esclave et malheureux ! La société a pour but la conservation de ses droits et la perfection de son être ; et partout la société le dégrade et l’opprime ! Le temps est arrivé de la rappeler à ses véritables destinées. »
Maximilien Robespierre, 10 mai 1793
Mes amis savent pourquoi j’ouvre ce billet par des propos empruntés au grand Maximilien Robespierre. Depuis la semaine dernière, mon temps, en grande partie, fut occupé à défendre publiquement les raisons de ma demande de rue à son nom dans la capitale. Activités futiles ? Non. Je n’ai pas apprécié, suite à mon vœu au Conseil de Paris de juin, les moqueries de la droite et aussi des élus socialistes. J’ai ainsi adressé une lettre ouverte au Maire de Paris (reprise à le JDD) et publiée, sous une forme légèrement modifiée dans le Monde (daté du 28 juin). Elle a été remarquée. De nombreuses lettres amicales de soutiens me sont parvenues (et quelques unes d’indignations). France culture et d’autres médias en ont parlé. Merci à eux, j’en suis très fier. J’attends la réponse de Bertrand Delanoë. Viendra-t-elle ? Je vous la ferai connaître si elle me parvenait. Je considère que cette dimension idéologique et mémorielle, indispensable pour une conscience de gauche république et sociale, fait aussi partie du mandat que m’ont confié les électeurs parisiens. En faisant cela (parmi d’autres choses), je ne les trahis pas. Du moins, ils jugeront lors des prochains rendez-vous électoraux. Ils approchent. Je répète une fois de plus, que selon moi, parler de ce passé, c’est, d’une certaine façon, parler aussi de notre présent.
Je reviendrai dans un prochain billet sur les raisons de mon attachement à la défense des grandes figures de la Révolution, que ce soit Robespierre, Marat ou Saint-Just et bien d‘autres conventionnels sans lesquels notre pays ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Je ne supporte pas la lecture thermidorienne de la Révolution française, imposée par François Furet et ses épigones, qui semble l’emporter aujourd’hui, y compris au sein de la gauche dite « socialiste ». Aux responsables du PS qui ricanent sottement de ma demande, mais qui ne cessent de se réclamer de Jean Jaurès aux tribunes de leurs congrès, je les renvoi à ce qu’écrivait ce dernier dans son Histoire socialiste de la Révolution française publié en 1903. « Ici, sous ce soleil de juin 93 qui échauffe votre âpre bataille, je suis avec Robespierre, et c’est à côté de lui que je vais m’asseoir aux Jacobins. Oui, je suis avec lui parce qu’il a à ce moment toute l’ampleur de la Révolution est en lui ». L’ont-ils lu ? Si oui, pourquoi l’ont-ils oublié ?
Devant le spectacle ridicule du mariage d’opérette, que l’on a pu voir hier à télé, d’un prince falot d’une cité corrompue (Monaco) qui doit essentiellement sa fortune au blanchiment d’argent sale, je dis que les magnifiques idéaux proclamés en 1789 et en 1793 gardent toute leur actualité. Dois-je rappeler qu’il existe encore 47 pays (sur 191 au total) dans le monde à connaître des monarchies au pouvoir ? Personnellement, je trouve cela indigne. Suis-je ringard ? Un monarque, même quand son mariage est commenté par Stéphane Bern, reste un tyran ou un parasite. En 2011, moi je reste un républicain conséquent, donc un homme de gauche, fier de me réclamer de ceux qui, il y a plus de 200 ans, ont brisé une des plus anciennes monarchies. Ils ont donné un exemple pour le monde.
Il est temps de parler du présent. Premier meeting de campagne présidentielle, place Stalingrad à Paris (et Métro Jaurès !) mercredi 29 juin, et premier succès, car soyons franc, la soirée du 29 nous a comblé. Combien étions nous ? 5 000 ? 6 000 ? 6 5000 ? Plus peut être. Qu’importe après tout. Cette arithmétique n’est qu’anecdote. Une chose est sûre il y avait foule : le Front de Gauche est la seule force en capacité, à la veille de ces vacances d’Eté, d’organiser une telle démonstration de force autour du candidat qu’il présentera à l’élection présidentielle de 2012. C’est de Jean-Luc Mélenchon que je parle. Il fut à l’occasion de ce meeting à la hauteur de l’évènement. Je n’en doutais pas. Mais quelle satisfaction de le voir, une nouvelle fois, franchir ces haies (toujours plus hautes) sans difficultés. La politique est un sport de haut niveau qui nécessite une santé irréprochable. Qu’on se le dise donc, Jean-Luc tient la forme ! Son discours abordait avec finesse et poésie (et oui !) toutes les facettes de la campagne que nous allons mener : la magnifique union de notre Front , le salut aux luttes sociales sans lesquelles rien n’est possible et la dédicace à tous ceux qui luttent (et qui sont ceux qui vivent comme disait le grand Hugo), l’indispensable partage des richesses au cœur de la pensée de gauche, l’urgence écologique qui nécessite une planification, la nécessaire refondation pour une 6e République et la rupture notamment avec le présidentialisme, et une grande, très grande, ambition pour le peuple de France qui peut ouvrir une nouvelle fois la voie à tous les peuples du monde qui souffrent du désordre libéral… J’en passe encore. Les thèmes sont encore nombreux. J’invite chacun à écouter et réécouter ce discours. Avant lui, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, avait enflammé l’assistance. Mais aussi Clémentine Autain, Christian Piquet, Danièle Obono, Lucien Jallamion et quelques autres qui avaient bien commencé cette soirée. Sur la tribune, Marie-George Buffet était là. Sans elle, rien n’aurait été possible.
Des journalistes m’interrogent à la fin. Est-ce là le « nouveau » Mélenchon ? Plus calme, plus posé ? Plus « gaullien » me dit même l’un d’entre eux ? Hé, hé, je m’amuse un peu intérieurement de cette dernière comparaison. « Gaullien » celui qui veut rompre avec la Ve République ? Que répondre ? Non. Je ne crois pas. Ce n’est pas vers cette direction qu’il faut regarder. Et puis Jean-Luc n’a pas changé. Tout reste en cohérence. La question est biaisée. Mes amis journalistes qui s’interrogent ainsi, ce sont laisser piéger. L’homme qui parle à la tribune mercredi soir en goûtant chacun de ses mots avec un débit certes un peu inhabituel (mais ce n’est pas la première fois) sait à quel moment de la campagne nous nous plaçons : la ligne de départ. C’est aussi le « candidat Mélenchon » qui sait que la politique est un art d’exécution où chaque situation nécessite que l’on s’adapte au plus proche de ce qu’elle est. Cet homme depuis plus de 15 ans que je le connais ne peut être décrit par un seul trait de pinceau. « Forte tête et fort en gueule », lui, l’intellectuel raffiné amateur de lecture et de silence ? « Dirigeant à poigne et individualiste », lui qui n’aime rien de plus que convaincre et rassembler ? Chacun des petits portraits dressés pendant des mois par différents journalistes étaient en réalité erronés. Cela est apparu mercredi soir. A la tribune, il fut lui-même. Et puis, un meeting de masse n’est pas un plateau télé. Une conversation avec des salariés en lutte n’est pas une polémique avec un butor payé pour ridiculiser un homme de gauche qui ne capitule pas. Un candidat à une élection présidentielle porté par un large front doit désormais donner le meilleur de lui même. Ainsi est Jean-Luc Mélenchon : complexe, sensible, profond et riches de ressources. L’homme de la rue dira, constatant tous ses talents : « il a du coffre ». Oui. L’épaisseur intellectuelle du personnage apparaîtra au fil des mois de la campagne. Je le sais. Une force collective inédite, le Front de Gauche, au premier rang duquel le PCF et ses militants jouent et joueront un rôle indispensable, le portera jusqu’au bout. J’ai confiance donc. Tout est possible dans cette campagne ! Faites passer le mot : tout est possible si nous sommes la voix claire et distincte de tous ceux qui veulent vivre mieux, qui veulent plus de bonheur et de liberté.
Une fois le discours de Jean-Luc Mélenchon terminé, l’internationale a retentit, puis la Marseillaise. Un de mes voisins, dans la foule, tique en entendant ce chant. Cet hymne, ici ? Il se trompe. La Marseillaise, ce chant révolutionnaire interdit sous l’Empire et la Restauration, est à nous, le peuple de gauche. La France, la vraie France, révolutionnaire et généreuse, c’est nous. Le Front national est étranger à l’Histoire profonde de notre pays (et je dirais même Sarkozy). Il n’est que l’héritier de ceux qui n’ont jamais aimé la passion d’égalité portée inlassablement par le peuple de ce pays. J’insiste, la Marseillaise est à nous. Un dernier exemple qui l’illustre superbement. En 1971, à l’occasion du Congrès du Parti socialiste Chilien du Président Salvador Allende, les congressistes ont chanté, avec des paroles en espagnol, l’hymne de leur parti : la Marseillaise. La dictature l’interdira après le 11 septembre 1973. Pour tous ceux qui veulent changer le monde et le rendre plus juste, la Marseillaise leur appartient. Ne la laissons pas entre les mains des ennemis irréductibles de la France républicaine ou de ceux qui ont honte du plus grand révolutionnaire de 1793.
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