Au premier rang dans l’année décisive qui s’annonce

samedi 30 juillet 2011.
 

Il y a un lieu d’exception pour moi ; dans un coin de Bretagne. Et je viens d’y remettre les pieds. Devant aller m’occuper de ma vieille maman bien seule et si loin, une fois mes obligations filiales accomplies, j’ai pris mon kayak de mer et je suis allé sur « l’île aux oiseaux ». Il faut arriver sur ce banc de sable à marée basse ; je monte le kayak sur la petite crête blanche de coquillages, de pierres et de sable et j’attends deux heures que la marée envahisse le lieu et libère mon embarcation. Peu à peu les oiseaux de toute sorte (et pas seulement des mouettes) chassés par mon arrivée reviennent peu à peu une fois qu’installé je ne bouge plus et j’observe. La beauté du lieu, la puissance de l’océan, les coloris mauves de la lande qui est proche jouent avec le bleu le vert et le gris des flots et les touches blanches de la houle. Les embruns m’enveloppent et ma respiration devient extraordinairement fluide et légère. Les oiseaux m’entourent et ma pensée est comme libre…..

Vous vous demandez ce que vient faire cette confidence maritime sur un blog politique. C’est souvent sur cette île provisoire et chaque jour éphémère que j’ai pris de grandes décisions qui se sont imposées à moi dans ce lieu comme des évidences… C’est là notamment après l’échec du Non au référendum interne au PS sur le TCE en novembre 2004 que j’ai décidé quoi qu’il m’en coûte que le NON devait être défendu devant les citoyens et que ceux-ci avaient des chances de nous écouter. Vous savez ce qu’il en est advenu comme vous savez qu’en novembre 2004 les sondages donnaient le Non à 36%… En fait nous étions quelques uns à comprendre qu’une réorientation globale de la lute émancipatrice à gauche passait par une rupture avec l’Europe qu’on nous imposait. Cela déterminait toute la suite. Souvenez-vous comme c’était loin à l’époque d’être évident ; beaucoup hésitèrent. Cette perspective s’est imposée à moi dans ce lieu comme une nécessité. Très vite j’ai vu que nous étions nombreux dans notre réseau politique à être arrivé aux mêmes conclusions – notamment Jean-Luc Mélenchon dont la détermination dans cette affaire a été décisive, n’hésitant pas à mettre en danger tous ses mandats pour rester fidèle à ses idées. Pour moi, par cet acte fort et fondateur, il a gagné une confiance à gauche qui l’amène aujourd’hui à être le candidat unitaire de l’autre gauche. Ce jour de 2004 sur cette île aux oiseaux j’ai compris le nouveau chemin qui allait nous mener dans la construction d’une véritable alternative. Après tout, à travers de multiples batailles et vicissitudes, cette campagne du NON a ouvert la voie au Front de Gauche et au Parti de gauche.

Aujourd’hui j’ai la conscience aigüe que le monde roule à l’abîme ; l’agitation des communiquants aveugles qui nous gouvernent ne fait que m’en convaincre chaque jour un peu plus. Pas par pessimisme, mais par lucidité. Crise financière planétaire, mondialisation de plus en plus déséquilibrée, inégalités nationales et internationales croissantes, réchauffement climatique qui s’accélère, risque nucléaire confirmé, menace d’éclatement de l’Euro, révolutions arabes désormais confrontées dans trois pays au moins à sa transformation en guerre civile avec son lot de barbaries. Et pendant ce temps la médiacratie au comble de la médiocrité ne trouve qu’à se vautrer dans les affaires privées et sordides des uns et des autres… Nous sommes face à une crise systémique ; vient à la conscience de tous qu’on ne s’en tirera pas par une réformette. Les consciences sont travaillées dans les profondeurs. Cela nourrit indignations, luttes et révoltes ; elles sont des expressions de la volonté des peuples.

Mais nous le savons bien d’expérience : la colère, l’indignation, les révoltes populaires sont des moments indispensables, mais ne suffisent pas à renverser l’ordre politique dominant. Ne cédons pas aux sirènes de ceux qui nous préconisent d’abandonner la sphère politique et de nous replier sur la société civile. Si les alternatives locales sont utiles et nécessaires, elles ne peuvent qu’être limitées, voire condamnées, sans prolongements globaux auxquelles d’ailleurs elles aspirent. La séparation entre politique et civil est mortelle. Ces deux sphères doivent au contraire se féconder l’une l’autre : « civiliser la sphère politique et politiser la sphère civile ! ». Devant la crise systémique du capitalisme les peuples attendent et recherchent des solutions radicales. Soyons à la hauteur de leurs attentes.

Nous avons dans l’année qui vient en France une opportunité à saisir. Je l’ai bien senti et compris sur mon île aux oiseaux. Nous ne sommes pas dans un pays dirigé par cette gauche appliquant les potions amères du FMI et laissant ainsi le peuple sans représentation comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal. La France a une échéance électorale qui peut lui permettre non seulement de chasser Sarkozy le malfaisant mais aussi d’offrir une alternative de rupture en Europe. Cette Europe qui va être demain l’épicentre de la crise, quand, de faillite grecque en faillite irlandaise et portugaise, la zone Euro sera emportée dans la tourmente. Le problème n’est pas de savoir si çà va se produire mais quand çà va se produire. Le temps qui passe est le délai qui nous est offert pour construire cette alternative.

Plus la crise européenne, sociale et écologique s’approfondit plus le doute s’installe quant à « l’évidence sociale libérale » qu’incarnait pour la gauche DSK. Son élimination de DSK (quelle que soient les circonstances contingentes de cette éviction) pose de facto la nécessité d’une autre orientation à gauche. Personne n’est encore là pour l’incarner avec la même puissance. Les Verts se déchirent et peinent à élaborer une orientation de rupture avec le libéralisme, la recherche d’une vraie solution écologique et sociale peut se tourner vers d’autres. Le retrait de Besancenot n’est pas une simple question personnelle, mais manifeste l’échec politique d’une ligne d’isolement et ouvre ainsi la voie au rassemblement de l’autre gauche.

Dans ce contexte le vote des communistes net et clair pour la candidature unitaire de Mélenchon (à la suite dela GU, du PG, dela FASE) est une décision historique qui ouvre une possibilité au peuple de France d’incarner au compte de toute l’Europe une autre voie que la soumission aux banques. La candidature de Jean-Luc Mélenchon, au nom d’un Front de gauche élargi et soutenu par 577 candidats unis du Front de gauche dans tout le pays, nous ouvre une possibilité concrète de construire cette alternative de rupture dans le pays central qu’estla France, terre républicaine de l’Europe. Il ne s’agit pas dans cette campagne d’ajouter une touche de plus dans la gauche, mais d’ouvrir au cœur de la gauche les moyens d’une refondation républicaine, sociale et écologique. Ce message peut et doit être porté partout et auprès de tous. Maintenant que nous sommes en ordre de marche, il ne faut pas penser au seul moment de l’échéance électorale du printemps 2012 : la bataille commence en septembre quand la faillite dela Grècefera craquer le bateau de toute part. A ce moment là, Jean-Luc Mélenchon et les candidats du Front de gauche incarneront dans la crise ouverte une autre voie qui sera proposée à notre peuple. Elle entre en résonnance avec d’autres luttes en Europe. Les lignes d’une autre orientation s’y dessinent. Pour ne prendre qu’un exemple le succès des référendums sur l’eau, le nucléaire et la justice en Italie donne des idées aux différents peuples européens ; dès lors que nous donnons la parole au peuple peut s’ouvrir la perspective non de la soumission aux banques et aux marchés financiers, mais celle d’une organisation de l’économie et de la société au service de l’intérêt général.

Sur mon île aux oiseaux ma pensée a eu le même frisson qu’en 2004 !

Comme alors je compte bien être au premier rang dans la bataille. Vous pouvez compter sur moi pour m’investir dans cet engagement. Avec l’acquis de la riche expérience des années intenses vécues depuis 2004 et qui prendront tout leur sens dans l’année décisive qui s’annonce.

Alors maintenant, tous ensemble, au boulot !


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