Régie publique de l’eau aux Lacs de l’Essonne Un an déjà

vendredi 22 juillet 2011.
 

Face aux intérêts d’une multinationale, vous êtes en terre de mission.

L’eau n’est pas une compétence comme les autres. Comme l’air, elle est un élément naturel indispensable à la vie. Ce n’est même pas que « l’eau n’est pas une marchandise comme les autres ». L’eau n’est pas une marchandise  ! Nous sommes dans le domaine du vivant. Trois jours sans boire et nous sommes morts.

C’est cette raison qui nous a poussés, à la Communauté d’Agglomération Les Lacs de l’Essonne, à dégager la multinationale.

Alors que le contrat avec Veolia prenait fin au Syndicat Intercommunal qui gère l’eau pour Viry-Chatillon et 143 autres communes, nous sentions bien que le président de ce syndicat, André Santini, allait continuer avec Veolia. Ca n’a pas manqué. C’est depuis 1923 comme ça !

Nous avons donc, conformément à ce que la loi permet, transféré la compétence Eau potable des villes vers la communauté d’agglomération, ce qui nous a sorti du Sedif (le Syndicat des Eaux d’Ile de France, plus gros contrat de Veolia en Europe). Puis nous avons pris le temps de la réflexion.

Aidés en cela par des experts provenant de régies publiques, nous avons comparé. Nous ne nous sommes pas laissés prendre au piège de prendre un cabinet d’experts privé, la plupart étant à la solde des multinationales. Leurs rapports ne font que perpétuer les mensonges que servent les multinationales aux élus locaux : ça va coûter cher, il va falloir racheter les réseaux, vous n’avez pas les compétences internes, le service de l’eau sera plus cher car nous on produit pour beaucoup de communes, donc il y a des économies d’échelle, etc.

Rien n’est vrai. Ca ne coûte rien à la collectivité. Les réseaux appartiennent aux communes, qui ne font que les déléguer au gestionnaire du service de l’eau.

Les employés et les ingénieurs sortent des mêmes écoles, qu’ils travaillent pour le privé ou le public, et même si je le regrette, la régie publique offre des contrats de droit privé à ses salariés. Ils peuvent soit venir en détachement de la fonction publique soit directement des multinationales. Lorsque j’ai créé la régie publique Eau des Lacs de l’Essonne, ce ne sont pas les candidatures qui ont manqué. Loin là encore des idées reçues, nos salariés ne sont pas plus mal traités qu’ailleurs. J’ai même tendance à penser qu’ils le sont mieux. Enfin, quand il y a une économie d’échelle, c’est au profit de dividendes reversés aux actionnaires puisqu’en moyenne la gestion privée est toujours de 25% plus chère que le coût de revient au mètrecube en régie publique.

Avec tous ces éléments en tête, et après avoir réuni un groupe de travail composé de toutes les forces politiques représentées dans les conseils municipaux des villes constituant l’agglomération, opposition de droite comprise, nous avons décidé de lancer un processus de votation citoyenne.

Nous y avons recueilli un franc succès : 4949 votants, soit près du double de votants que lors de la votation citoyenne sur La Poste, pourtant déjà une réussite.

Ce chiffre, après analyse, représente 2/3 des titulaires de compteurs d’eau. Nous avons obtenu plus de 95% de "oui" pour le passage en régie publique, mais là n’était pas tout l’enjeu.

Cette votation a surtout permis de sensibiliser les citoyens au fait qu’ils sont des usagers d’un service public de l’eau, et de commencer à les impliquer quant à la manière de gérer le service de l’eau.

Le 1er juillet dernier, nous avons donc par délibération créé la régie publique Eau des Lacs de l’Essonne. Elle distribue de manière effective l’eau potable depuis le 1er janvier. Dans un premier temps, nous allons acheter de l’eau à un groupe privé certes, mais nous allons la distribuer en régie publique, en attendant d’effectuer tous les travaux nécessaires permettant d’être approvisionnés par une régie publique, Eau de Paris. Nous mettons à l’étude le rachat d’une usine privée ou la construction de notre propre outil de potabilisation.

Cela permet de travailler à la mise en place d’une gestion différente de ce qui était pratiqué précédemment. Le règlement du service de la régie a été élaboré en concertation avec les usagers et a débouché sur plusieurs points en totale rupture avec les années précédentes, et ce qui se fait partout ailleurs :

• la baisse de 37% du tarif d’accès au mètre cube pour l’usage familial de l’eau (base de consommation 120m3/an) ; puis une tarification progressive.

• la suppression de l’abonnement payant et la mise à disposition des compteurs gratuitement ;

• la gratuité des premiers mètres cubes, indispensables pour vivre (3 litres par jour et par personne) ;

• les tarifs différenciés selon l’usage familial ou professionnel ;

• la participation de représentants d’usagers au conseil d’exploitation de la Régie

• des investissements sur le réseau 6 fois plus important que précédemment, sachant que les fuites sur le réseau représente à peu près 20%, pourtant payés dans la facture des usagers et qui n’arrivent donc jamais au robinet !

Gérer soi-même son eau n’apporte que des avantages. J’espère vous l’avoir démontré. Ramener le service de l’eau dans le giron public, c’est arrêter d’engraisser des actionnaires avec la facture des usagers sur un bien commun indispensable à la vie.

Gabriel Amard Secrétaire national du Parti de Gauche Président de la Régie publique Eau des Lacs de l’Essonne


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