Un Remue-méninges pour une révolution citoyenne (revue de presse 2 articles)

mercredi 7 septembre 2011.
 

1) Le Front de gauche appelle à organiser la « résistance » (Mediapart)

... Dans ce moment « pré-révolutionnaire » , le candidat du Front de gauche est convaincu qu’il représente désormais la seule alternative « crédible  » à la droite pour 2012 .

Ses troupes sont unanimes : François Hollande et Martine Aubry ont fait une erreur fatale en se prononçant pour une réduction du déficit français à 3% dès 2013. « Est-ce cela que l’on prône quand on est de gauche ? » , interroge Francis Parny (PCF). Les socialistes « ouvrent une fracture dans la gauche qui va la diviser » , considère Jean-Luc Mélenchon dans les colonnes du Monde, saluant au passage la « précieuse résistance » d’Arnaud Montebourg au PS.

M. Mélenchon prône la « radicalité concrète ».

Objectif : ramener de gré ou de force 150 milliards d’euros pris ces dernières années par le capital au travail, et inverser le rapport de force entre politique et finance. « Mais qui sont ces gens ? » , s’était indigné l’ancien ministre le 11 août sur France-2, après la décision de Standard & Poor’s de dégrader la note de la dette américaine. Toute la presse avait repris ces mots. Après un été marqué par de nouvelles victoires des agences de notation contre les Etats, le Front de gauche a des raisons de se sentir « porté » par les évènements.

Pourtant, la « vraie gauche » est cruellement rattrapée par un constat généralisé à toute l’Europe : électoralement, la crise n’a pour l’instant pas favorisé ses représentants. Suède, Finlande, Portugal : les conservateurs ont le vent en poupe et les plans de rigueur se généralisent. Les Indignés du sud de l’Europe peinent à traduire leur mouvement citoyen dans la sphère politique. Pire : après la montée du Front national aux élections cantonales, l’hypothèse d’une réélection de Nicolas Sarkozy face à Marine Le Pen continue à être évoquée. Un 21 avril bis, donc.

Irréaliste ? « Non » , estime Christian Picquet, leader de la Gauche unitaire (l’une des trois formations historiques du FG). « La montée du FN et sa ré-incrustation constituent aujourd’hui un immense danger. » Martine Billard, co-présidente du PG, nuance : « Il n’y a aucune fatalité, juste un électorat déboussolé et en colère. Le jeu reste ouvert, à nous d’affirmer que nous ne manquerons pas à notre parole. » Comment ? Certainement pas en prônant l’union sacrée de la gauche au premier tour, selon M. Picquet. « A tous ceux qui tentent de culpabiliser notre mouvement, je rappelle que Lionel Jospin a perdu parce qu’il n’a pas su fédérer son propre électorat. Pour installer une dynamique gagnante, nous aurons besoin de toute la panoplie de la gauche au premier tour. » Au PG, Eric Coquerel va dans le même sens : « Sans doute faudrait-il moins de candidats mais l’éparpillement n’est pas le même qu’en 2002. Il y a trois choix à gauche aujourd’hui : sauf énorme surprise, le PS défendra une politique d’accompagnement de la crise et EELV suit sa route. Le troisième choix, c’est nous, qui avons réuni six formations politiques sous la même bannière. Aujourd’hui des militants du NPA nous rejoignent. Donc je pense que nous sommes la seule candidature unitaire crédible à la gauche. » Il balaie ainsi les candidatures du NPA et de Lutte ouvrière.

Du côté de la Fase, qui a rejoint le mouvement en cours de route, Clémentine Autain considère qu’il existe une « forte contestation dans la société. La défiance est considérable à l’égard des élites. Nous devons donc proposer un bulletin de vote qui fasse sens, contre la ligne Papandréou, pour battre la droite sur le fond » . Tous rappellent qu’aux dernières cantonales, le FG a affiché un score à deux chiffres. Autrement dit : les espoirs de la gauche radicale européenne reposent désormais sur le FG français, dont l’ambition est de prendre la tête d’un front transnational.

C’est d’ailleurs le message véhiculé lors d’un des nombreux ateliers tenus vendredi 26 août au Remue-méninges. Intitulée « La gauche et les mouvements sociaux face à la crise européenne » , une réunion animée par Céline Meneses (PG) regroupait des membres du collectif européen «  Transform ! » mais aussi Gerassimos Moschonas, politologue spécialiste de la social-démocratie européenne et contributeur régulier de Mediapart. Mme Meneses a noté des « avancées réelles » dans la constitution d’un Front européen : « Le Parti de la gauche européenne et le Front de gauche français font tout leur possible pour aider les Marches européennes à franchir les frontières et investir de nouvelles places. Nous apportons notre aide logistique à la marche engagée. » Malgré le travail programmatique effectué par les euro-partis de la social-démocratie ces derniers mois (effort collectif qu’il salue car les propositions sont « plus denses et plus à gauche qu’avant » ), M. Moschonas note cependant que les logiques nationales continuent de l’emporter : « Les partis nationaux n’ont pas suivi le Parti socialiste européen. Zapatero était aux abonnés absents, et Papandréou n’a pas relayé la parole une fois revenu en Grèce. J’en conclus que le système polycentrique propre à l’UE se transpose jusque dans les europartis. » Constat d’échec.

Le programme présidentiel du Front de gauche sera dévoilé à l’occasion de la Fête de l’Humanité, en septembre. Si le livre programmatique est déjà chez l’éditeur, les militants continuent de disserter à Grenoble, dans des dizaines de colloques brassant toutes les questions, du foot-système à la gestion publique de l’eau, en passant par les banques, le protectionnisme et « Sarkozy le croisé » . « On veut une campagne basée sur une implication citoyenne forte, traduit Eric Coquerel. Le programme doit continuer à vivre, rien ne sera figé. »

C’est à ce prix, selon Clémentine Autain, que le FG « fera entendre sa voix. Nous devons repenser la mise en mouvement des forces sociales dans l’espace politique » . Comment faire une campagne efficace avec seulement « 3 millions d’euros » , dixit Jean-Luc Mélenchon ? Le modèle est celui qui avait conduit au rejet du Traité constitutionnel, en 2005, et qui avait vu la naissance partout en France de comités locaux autonomes. Le communiste Olivier Dartigolles attend impatiemment la tenue dès septembre d’assemblées citoyennes : « J’ai une envie folle de voir notre programme débattu sur la place publique par tout un chacun. N’attendons pas que le peuple soit un simple supporter. »

Igor Gauquelin

2) Enrichir sa colère et son argumentaire (article La Voix du Nord)

FRONT DE GAUCHE

Ils se croisent régulièrement dans les manifs lilloises. Alors quand ils s’aperçoivent sur les marches de l’université grenobloise, ils sont comme deux Ch’tis se retrouvant dans le même camping : « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » En l’occurrence, le syndicaliste SUD Vladimir Nieddu intervient dans un débat sur l’hôpital. La conseillère régionale Nord - Pas-de-Calais de la Gauche unitaire (GU), Nicole Taquet-Leroy, est venue enrichir sa colère et son argumentaire. Mais aussi, avoue-t-elle, cueillir des petites phrases, des bisbilles. Or, contrairement à Clermont (les Écolos) et surtout La Rochelle (PS), ce Remue-Méninges du Parti de Gauche s’y livre peu.

« Nous avons réussi à départager notre candidat avant l’été, sans qu’il y ait trop de sang sur les murs. Ce n’était pas simple. Maintenant, nous sommes sur une rampe de lancement », justifie, pas peu fier, Laurent Matejko, l’un des élus PG au conseil régional Nord - Pas-de-Calais. La campagne, qui sera un peu plus lancée ce matin avec le meeting du candidat du Front de gauche (PG, PCF et GU), Jean-Luc Mélenchon, sera organisée autour d’assemblées citoyennes. Sur des thématiques, dans des quartiers. « Il faut que d’ici à novembre, elles aient réussi à mettre le feu à la plaine », brûle le leader. Persuadé que « la révolution citoyenne », son leitmotiv, aura lieu. Le printemps arabe, la mobilisation en Israël. Ces exemples, au sens premier du terme, il les a répétés ces deux premiers jours.

Dans les ateliers

On voit Mélenchon assister à des ateliers. Un détour par celui sur le FN. Lui qui a milité pour son interdiction est désormais décidé à lutter point par point contre le parti de Marine le Pen. Puis un saut au débat sur la précarité. « À éradiquer ». Dans le programme partagé qui sera présenté à la Fête de l’Humanité du 16 au 18 septembre, figure la limitation d’avoir recours aux contrats précaires à hauteur de 5 % pour les grandes entreprises et 10 % pour les petites. Infaisable, utopiste ?

Comme d’autres de ces idées. Là, Mélenchon se régale. Dans le contexte de la crise estivale, Eva Joly, mais aussi Montebourg et son tout doux sur l’austérité voire, ce week-end, Royal et son «  indignation » et Hollande qui dit aux riches « nous arrivons ». Tous se rendent sur son terrain. Mais facétieux, il répond à ceux qui lui demandent s’il ne craint pas cette concurrence qu’au contraire, il savoure d’avoir eu raison avant tout le monde. « Il est midi dans ma cour ». Prenant même des airs sévères pour dire que l’heure est si grave que ses idées ont besoin de tous, au-delà des intérêts de boutique. Mais « tous », chacun de son côté.

À GRENOBLE, PAR LAURENT DECOTTE


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