Sanofi : une lutte exemplaire

jeudi 4 octobre 2012.
 

Jeudi j’étais à Toulouse. Je participais au treizième rassemblement des salariés de Sanofi contre la fermeture du pôle toulousain de cette grande entreprise de la chimie pharmaceutique. J’étais l’invité de l’intersyndicale. Je m’arrête un instant sur ce point. Je suis parfaitement conscient du fait que ma présence en soutien dans une lutte prend très vite un caractère assez spécial compte tenu de la place particulière que m’a donné la dernière élection présidentielle. Et comme mon intention est d’appuyer les luttes du mouvement social et non de les perturber, je m’astreins donc à quelques règles simples. Je ne me déplace jamais sans une invitation formelle à être présent. Cette invitation doit être le fait d’un syndicat ou de l’assemblée des travailleurs elle-même. Quand c’est l’intersyndicale qui le fait, la situation est idéale. Ce fut le cas à Toulouse. Je me suis donc rendu au point de rassemblement devant l’entreprise puis en cortège vers le rond-point où il se plantait un arbre pour marquer la volonté d’enracinement des salariés et de leur entreprise. Un mot ici pour dire combien j’étais heureux de cette plantation d’arbre. Car les syndicalistes évoquèrent à son sujet l’exemple et le souvenir de la plantation des arbres de la liberté pendant la grande révolution de 1789.

Le cas de cette lutte me paraît bien des façons tout à fait exemplaire de la période dans laquelle nous vivons. La direction de l’entreprise a prévu une grosse vague de licenciements. Pourquoi ? Il n’y a aucune raison liée à la production. Le pôle de Toulouse qu’il s’agit de fermer ne connaît aucun dysfonctionnement. Il est à l’origine de quelques-unes des plus brillantes mises au point pharmaceutiques de l’entreprise. Par exemple c’est là qu’a été mise au point la molécule qui a donné ensuite un médicament, le PAVIX, qui a été ensuite le deuxième chiffre d’affaires du groupe mondial. Il a encore produit cette année deux des six molécules mises au point par le groupe. L’unique raison de supprimer du personnel est de parvenir à un plus haut niveau de redistribution des bénéfices vers les actionnaires. C’est aussi simple que cela et aussi grossier. Il s’agit de passer de 35% de reversement des bénéfices aux actionnaires à 50%. Peu importe ici pour moi de décrire les arguments spécieux avec lesquels les dirigeants de l’entreprise enrobent le massacre.

Ce qui coupe les jambes quand on examine le détail du dossier c’est de voir comment la financiarisation d’une entreprise se construit et la détruit. Toute la chaîne de la production des molécules depuis le choix des projets à traiter jusqu’à la mise en route des procédures devant déboucher sur son utilisation concrète, tout est re-formaté par l’obsession de la rentabilité et du profit sans aucune considération particulière pour les bienfaits, petits ou grands, pharmaceutiques. Dans ce cas si particulier on voit comment la productivité inventive et créative de personnel ultra qualifié et super diplômé est totalement encadrée et donc limitée par un paramètre extérieur sans aucun rapport avec le sujet du travail engagé : le profit ! Ce n’est pas tout. Les conditions caricaturales dans lesquels ce processus s’opère sont du niveau d’une brochure de propagande.

Imaginez que les deux plus hauts responsables de l’entreprise sont des libéraux avérés, l’un d’entre eux ayant été successivement conseiller de George Bush puis de Nicolas Sarkozy, sans aucune qualification particulière pour la chimie pharmaceutique. Les deux sitôt nommés se sont accordés d’extravagantes et pharaoniques augmentation de salaire et de revenus. Ils ont aussi déménagé le siège de l’entreprise pour le placer dans un endroit prestigieux sur les Champs-Élysées. Ils ont fait installer un restaurant de luxe à leur usage avec un chef cuisinier étoilé !

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