Berlusconi, caricature bouffonne de la bourgeoisie italienne !

jeudi 26 décembre 2019.
 

Depuis sa fondation en 1861, l’Etat italien vit une crise institutionnelle permanente, avec une classe possédante privilégiant encore plus qu’ailleurs ses intérêts privés.

Ceci dit, le "cavaliere" apparaît aussi comme l’exemple du nouveau type de dirigeant politique promu par le grand patronat pour protéger ses intérêts et mis en avant grâce aux médias comme un produit publicitaire .

Berlusconi, un exemple d’utilisation politique des médias

La bourgeoisie foncière du Sud, propriétaire de grands domaines hérités de la féodalité s’est ingéniée dés 1861 à contourner cet Etat et à en détourner l’argent. Comme dans toutes les régions latifundiaires du monde (Brésil, Colombie...) ce type de bourgeoisie arme des milices privées, se pare des valeurs catholiques "ancestrales" et maintient un réseau clientéliste fort. En Italie, ces milices plus ou moins autonomisées portent le nom de mafia (Sicile), Camorra (Campanie), Sacra corona unida (Pouilles)... Elles contrôlent la prostitution, des jeux clandestins, le trafic de drogue... D’après plusieurs études, la Ndrangheta enrôle environ 25% de la population de Calabre dans ses 150 clans. La mafia sicilienne a détourné 25% des 50 milliards versés à Naples à la suite du tremblement de terre de 1980.

Une partie importante de la bourgeoisie industrielle du Nord s’en met aussi "plein les poches" illégalement mais d’une autre manière. Prenons l’exemple récent de l’entreprise Parmalat. De 1974 à 1990, cette société en produits laitiers bénéficie d’une aide financière prolixe de l’Union européenne. Cette manne permet un développement mondial de l’entreprise. Une grande partie des bénéfices est dirigée vers des paradis fiscaux (Iles Caïman, Iles Vierges britanniques, antilles néerlandaises) et vers les sociétés relais de pays offrant une fiscalité facile (Ile de Man, Pays Bas, Luxembourg, Autriche, Malte). La valeur boursière de Parmalat monte, monte, pour le plus grand profit de ses actionnaires. En 2002, cette société atteint 7,6 milliards d’euros de chiffre d’affaire, soit un budget supérieur à celui de beaucoup de pays "moyens" du monde (Sénégal, Angola, Bolivie, Paraguay...). Son dirigeant participe à la direction de la Confindustria (MEDEF italien). Puis, le 11 septembre 2003, PLOUF ! Suite à un investissement douteux de 500 millions d’euros aux îles Caïman, tout le montage financier obscur de l’entreprise s’effondre. Les salariés en paient évidemment le prix.

Berlusconi représente une caricature bouffonne de ces deux bourgeoisies. Au début des années 90, il s’empare de la plus importante maison d’édition italienne en s’attirant la sympathie d’une riche héritière puis en corrompant un magistrat à la Cour d’appel de Rome. Cette "affaire Mandadori" vient d’être contée dans "Les mercredis de l’histoire". Comme l’écrit Daniel Psenny dans Le Monde, "Hommes d’affaire, hommes de main, juges et avocats corrompus, veuve sans scrupule s’y croisent sur fond de "combinatzione" en tous genres. On pourrait en sourire si Silvio Berlusconi n’était pas Président du Conseil et, si lui et ses amis n’avaient pas, dans cette affaire comme dans beaucoup d’autres, bénéficié d’un non-lieu pour prescription et de lois sur mesure pour échapper aux poursuites".


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