21 analyses sur la situation au Mali

dimanche 7 avril 2013.
 

- 13) Gagner la guerre du Sahara (Samir Amin, texte diffusion MPEP)
- 12) Le jour de la guerre juste, urgente et bienfaisante (Jean-Luc Mélenchon)
- 11) Mali : rompre avec la logique guerrière (Déclaration du PG)
- 10) Le Parti socialiste uni avec le Président et la Nation (BN du PS)
- 09) Valéry Giscard d’Estaing dénonce le risque d’une action "néocolonialiste" au Mali
- 8) La France ne doit pas intervenir militairement au Mali (Gauche anticapitaliste)
- 7) Mali : « L’ intervention militaire française comporte de grands risques de guerre » (PCF)
- 6) Qu’y-a-t-il sous le bruit des bottes au Mali ? (M Fanon Mendès-France)
- 5) NON à l’intervention militaire française au Mali (NPA)
- 4) Villepin : "Non, la guerre ce n’est pas la France"
- 3) FEMMES DU MALI : NON à la guerre par procuration
- 2) Quand l’impérialisme français prétend venir secourir la veuve et l’orphelin (PG, octobre 2012)
- 1) Rubrique Mali de notre site

21) Mali : l’armée française part tout en restant

20) Le Mali outragé ! Le Mali brisé ! Le Mali martyrisé ! Mais le Mali libéré ?...

19) Déclaration Mali : La politique de la canonnière n’est pas une solution

18) La France, le Mali et l’Azawad (2 points de vue)

17) Mali : Distinguer les djihadistes des indépendantistes touaregs

16) Mali : Les Talibans de Tombouctou

15) Réfugiés maliens et Républicains espagnols

14) La guerre au Mali efface la dette publique de la France dans les médias

Pour accéder à cet article 14 d’Hervé Debonrivage, cliquer sur le titre 14 ci-dessus.

13) Gagner la guerre du Sahara

(par Samir Amin, texte diffusé par le MPEP)

Je suis de ceux qui condamnent par principe toute intervention militaire des puissances occidentales dans les pays du Sud, ces interventions étant par nature soumises aux exigences du déploiement du contrôle de la Planète par le capital des monopoles dominant le système.

L’intervention française au Mali est-elle l’exception à la règle ? Oui et non. C’est la raison pour laquelle j’appelle à la soutenir, sans néanmoins penser le moins du monde qu’elle apportera la réponse qu’il faut à la dégradation continue des conditions politiques, sociales et économiques non seulement du Mali mais de l’ensemble des pays de la région, laquelle est elle-même le produit des politiques de déploiement du capitalisme des monopoles de la triade impérialiste (États-Unis, Europe, Japon), toujours en œuvre, comme elle est à l’origine de l’implantation de l’Islam politique dans la région.

I.- L’Islam politique réactionnaire, ennemi des peuples concernés et allié majeur des stratégies de la triade impérialiste

L’Islam politique – au-delà de la variété apparente de ses expressions – n’est pas un « mouvement de renaissance de la foi religieuse » (que celle-ci plaise ou non), mais une force politique archi-réactionnaire qui condamne les peuples qui sont les victimes éventuelles de l’exercice de son pouvoir, à la régression sur tous les plans, les rendant par là même incapables de répondre positivement aux défis auxquels ils sont confrontés. Ce pouvoir ne constitue pas un frein à la poursuite du processus de dégradation et de paupérisation en cours depuis trois décennies. Au contraire il en accentue le mouvement, dont il se nourrit lui-même.

Telle est la raison fondamentale pour laquelle les puissances de la triade – telles qu’elles sont et demeurent – y voient un allié stratégique. Le soutien systématique apporté par ces puissances à l’Islam politique réactionnaire a été et demeure l’une des raisons majeures des « succès » qu’il a enregistrés : les Talibans d’Afghanistan, le FIS en Algérie, les « Islamistes » en Somalie et au Soudan, ceux de Turquie, d’Egypte, de Tunisie et d’ailleurs ont tous bénéficié de ce soutien à un moment décisif pour leur saisie du pouvoir local. Aucune des composantes dites modérés de l’Islam politique ne s’est jamais dissociée véritablement des auteurs d’actes terroristes de leurs composantes dites « salafistes ». Ils ont tous bénéficié et continuent à bénéficier de « l’exil » dans les pays du Golfe, lorsque nécessaire. En Libye hier, en Syrie encore aujourd’hui ils continuent à être soutenus par ces mêmes puissances de la triade. En même temps les exactions et les crimes qu’ils commettent sont parfaitement intégrés dans le discours d’accompagnement de la stratégie fondée sur leur soutien : ils permettent de donner de la crédibilité à la thèse d’une « guerre des civilisations » qui facilite le ralliement « consensuel » des peuples de la triade au projet global du capital des monopoles. Les deux discours – la démocratie et la guerre au terrorisme – se complètent mutuellement dans cette stratégie.

Il faut une bonne dose de naïveté pour croire que l’Islam politique de certains – qualifié à ce titre de « modéré » – serait soluble dans la démocratie. Il y a certes partage des tâches entre ceux-ci et les « salafistes » qui les déborderaient dit-on avec une fausse naïveté par leurs excès fanatiques, criminels, voire terroristes. Mais leur projet est commun – une théocratie archaïque par définition aux antipodes de la démocratie même minimale.

II.- Le Sahélistan, un projet au service de quels intérêts ?

De Gaulle avait caressé le projet d’un « Grand Sahara français ». Mais la ténacité du Front de libération national (FLN) algérien et la radicalisation du Mali de l’Union Soudanaise de Modibo Keita ont fait échouer le projet, définitivement à partir de 1962-1963. S’il y a peut être quelques nostalgiques du projet à Paris, je ne crois pas qu’ils soient en mesure de convaincre des politiciens dotés d’une intelligence normale de la possibilité de le ressusciter.

En fait le projet de Sahélistan n’est pas celui de la France – même si Sarkozy s’y était rallié. Il est celui de la nébuleuse constituée par l’Islam politique en question et bénéficie du regard éventuellement favorable des États-Unis et dans leur sillage de leurs lieutenants dans l’Union européenne (qui n’existe pas) – la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

Le Sahélistan « islamique » permettrait la création d’un grand Etat couvrant une bonne partie du Sahara malien, mauritanien, nigérien et algérien doté de ressources minérales importantes : uranium, pétrole et gaz. Ces ressources ne seraient pas ouvertes principalement à la France, mais en premier lieu aux puissances dominantes de la triade. Ce « royaume », à l’image de ce qu’est l’Arabie Saoudite et les Emirats du Golfe, pourrait aisément « acheter » le soutien de sa population clairsemée, et ses émirs transformer en fortunes personnelles fabuleuses la fraction de la rente qui leur serait laissée. Le Golfe reste, pour les puissances de la triade, le modèle du meilleur allié/serviteur utile, en dépit du caractère farouchement archaïque et esclavagiste de sa gestion sociale – je dirai grâce à ce caractère. Les pouvoirs en place dans le Sahélistan s’abstiendraient de poursuivre des actions de terrorisme sur leur territoire, sans pour autant s’interdire de les soutenir éventuellement ailleurs.

La France, qui était parvenue à sauvegarder du projet du « Grand Sahara » le contrôle du Niger et de son uranium, n’occuperait plus qu’une place secondaire dans le Sahélistan [2].

Il revient à F. Hollande – et c’est tout à son honneur – de l’avoir compris et refusé. On ne devrait pas s’étonner de voir que l’intervention qu’il a décidé ait été immédiatement soutenue par Alger et quelques autres pays pourtant non classés par Paris comme des « amis ». Le pouvoir algérien a démontré sa parfaite lucidité : il sait que l’objectif du Sahélistan vise également le Sud algérien et pas seulement le Nord du Mali [3]. On ne devrait pas davantage s’étonner que les « alliés de la France » – les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, sans parler de l’Arabie Saoudite et du Qatar – sont en réalité hostiles à cette intervention, qu’ils n’ont accepté du bout des lèvres que parce qu’ils ont été mis devant le fait accompli – la décision de F. Hollande. Mais ils ne seraient pas mécontents de voire l’opération s’enliser et échouer. Cela redonnerait de la vigueur à la reprise du projet du Sahélistan.

III.- Gagner la guerre du Sahara

Je suis donc de ceux qui souhaitent et espèrent que la guerre du Sahara sera gagnée, ces Islamistes éradiqués dans la région (Mali et Algérie en particulier), le Mali restauré dans ses frontières. Cette victoire est la condition nécessaire incontournable, mais est loin d’être la condition suffisante, pour une reconstruction ultérieure de l’Etat et de la société du Mali.

Cette guerre sera longue, coûteuse et pénible et son issue reste incertaine. La victoire exige que soient réunies certaines conditions. Il faudrait en effet non seulement que les forces armées françaises n’abandonnent pas le terrain avant la victoire, mais encore qu’une armée malienne digne de ce nom soit reconstituée rapidement. Car il faut savoir que l’intervention militaire des autres pays africains ne pourra pas constituer l’élément décisif de la victoire.

La reconstruction de l’armée malienne relève du tout à fait faisable. Le Mali de Modibo était parvenu à construire une force armée compétente et dévouée à la nation, suffisante pour dissuader les agresseurs comme le sont les Islamistes d’AQMI aujourd’hui. Cette force armée a été systématiquement détruite par la dictature de Moussa Traoré et n’a pas été reconstruite par ses successeurs. Mais le peuple malien ayant pleine conscience que son pays a le devoir d’être armé, la reconstruction de son armée bénéficie d’un terrain favorable. L’obstacle est financier : recruter des milliers de soldats et les équiper n’est pas à la portée des moyens actuels du pays, et ni les Etats africains, ni l’ONU ne consentiront à pallier cette misère. La France doit comprendre que le seul moyen qui permettra la victoire l’oblige à le faire. L’enlisement et la défaite ne seraient pas seulement une catastrophe pour les peuples africains, elles seraient tout autant pour la France. La victoire constituerait un moyen important de restauration de la place de la France dans le concert des nations, au-delà même de l’Europe.

Il n’y a pas grand chose à attendre des pays de la CEDEAO. Les gardes prétoriennes de la plupart de ces pays n’ont d’armée que le nom. Certes le Nigeria dispose de forces nombreuses et équipées, malheureusement peu disciplinées pour le moins qu’on puisse dire ; et beaucoup de ses officiers supérieurs ne poursuivent pas d’autre objectif que le pillage des régions où elles interviennent. Le Sénégal dispose également d’une force militaire compétente et de surcroît disciplinée, mais petite, à l’échelle du pays. Plus loin en Afrique, l’Angola et l’Afrique du Sud pourraient apporter des appuis efficaces ; mais leur éloignement géographique, et peut être d’autres considérations, font courir le risque qu’ils n’en voient pas l’intérêt.

Un engagement de la France ferme, déterminé et pour toute la durée nécessaire implique que la diplomatie de Paris comprenne qu’il lui faut prendre des distances à l’égard de ses co-équipiers de l’OTAN et de l’Europe. Cette partie est loin d’être gagnée et rien n’indique pour le moment que le gouvernement de F. Hollande soit capable de l’oser.

Pour poursuivre la lecture de ce texte, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

http://www.m-pep.org/spip.php?artic...

12) Le jour de la guerre juste, urgente et bienfaisante (J.-L. Mélenchon)

Pour accéder à cet article 12, cliquer sur le titre 12 ci-dessus en couleur.

11) Mali : rompre avec la logique guerrière (Déclaration du Parti de gauche)

Le Parti de gauche (PG) prend acte de la décision du Président de la République d’engager militairement des troupes françaises au Mali. Il rend hommage au lieutenant Damien Boiteux.

L’argument utilisé par François Hollande pour justifier une telle intervention est la décision des groupes djihadistes de se mettre en mouvement vers le sud, en direction de la ville de Mopti créant ainsi une situation menaçante. Dès lors, il affirme avoir répondu à la demande d’aide du Président du Mali, ainsi qu’à l’inquiétude légitime des maliens face à la cruauté de ces groupes.

Le PG n’en juge pas moins inacceptable que la décision de faire la guerre soit prise en dépit des règles établies par la résolution 2085 des Nations unies, qui requière expressément que le Conseil de sécurité approuve par avance toute intervention militaire par une force panafricaine, et à fortiori par une force française.

En outre, le PG déplore que cette décision ait été prise en dehors de toute consultation de la représentation nationale.

Il n’accepte pas la décision du gouvernement consistant à ce que le débat prévu au parlement mercredi 16 janvier ne soit pas suivi d’un vote. Le PG exprime sa solidarité avec le groupe des élus du Front de gauche qui a demandé ce vote, refusé par Jean-Marc Ayrault.

Le Parti de gauche déclare, puisque les opérations sont engagées, qu’elles doivent avoir pour objectif strict d’empêcher la descente vers Bamako. En aucun cas, elles ne doivent servir de prétexte pour que la France n’entreprenne la reconquête du nord du Mali. Un tel choix comporterait de grands risques d’enlisement dans une guerre de type néocoloniale. Les expressions utilisées comme « guerre contre le terrorisme » (Laurent Fabius) ou « le temps qu’il faudra » pour qualifier la durée probable de l’intervention (Jean-Yves Le Drian) rappellent la guerre en Irak et en Afghanistan : des années de guerres coûteuses en hommes et en moyens financiers avec au final la démonstration de l’inefficacité flagrante de ce type d’intervention militaire contre un terrorisme qu’il ne contribue qu’à renforcer. La mise en avant du caractère islamiste de ce terrorisme remet au goût du jour la théorie du choc des civilisations utilisée par les Etats-Unis pour justifier ces guerres sans issue.

La reconquête de la souveraineté territoriale du pays doit aller de pair avec la reconquête par le peuple malien de sa souveraineté dans le cadre d’un processus national constituant.

Le Parti de gauche dénonce à l’avance toute tentative de la France de vouloir régler seule la situation par une guerre néocoloniale aux confins d’une région riche en pétrole, en uranium et en autres minerais stratégiques, et au risque de nous aliéner les populations locales. La France doit respecter la souveraineté des pays du Sahel sur leurs ressources naturelles.

Il ne doit pas y avoir d’illusion : une telle guerre serait sans fin. Le danger n’implique pas seulement les militaires français confrontés à un ennemi déterminé et bien armé du fait des conséquences de la désastreuse intervention en Lybie. Il implique aussi les otages aux mains des groupes islamistes, notamment AQMI, et enfin la population française dans son ensemble en Afrique et en Europe.

Le Parti de gauche met en garde contre la tentation d’appel à l’OTAN. L’Alliance atlantique est le bras armé des intérêts états-uniens et de leurs supplétifs. Elle n’a rien à faire, de près ou de loin, au Mali. Conformément à la résolution de l’ONU du 20 décembre 2012, la libération du nord du Mali doit rester de la responsabilité d’une armée malienne reconstituée. Il est vain de croire que cela est possible sans un retour immédiat aux normes démocratiques dans ce pays.

Le Parti de Gauche rappelle la grave responsabilité que porte le président Sarkozy et les partis qui l’ont soutenu alors dans une des causes principales des évènements actuels au Mali, à savoir la dispersion de stocks d’armes considérables suite à l’intervention française en Libye qui a fait d’un Sahel en proie à tous les trafics, une véritable poudrière.

Le Parti de gauche dénonce l’hypocrisie de nos alliances et de nos choix géostratégiques. Nous pensons en particulier à celle concernant le Qatar dont on sait qu’il contribue à armer et former certains mouvements djihadistes comme le Mujao ou Ançar Dine et dont on connaît la présence à Gao à travers le Croissant rouge qatari.

Le Parti de gauche exige une clarification par le gouvernement français des objectifs géostratégiques à l’œuvre derrière cette intervention et l’arrêt de l’intervention militaire française de reconquête du nord du Mali une fois la ligne verte stabilisée.

Il rappelle que malgré les déclarations des autorités françaises, il est faux de dire que la Résolution 2085 est respectée à cet instant. Au contraire, il s’agit bien d’une opération strictement française. Le PG rappelle que la France doit faire respecter l’ONU et non lui tordre le bras. La France doit se borner à aider à la mise en œuvre de la MISMA (Mission sous autorité africaine) tel que le lui a rappelé le Conseil de Sécurité le 14 janvier 2013 qui n’a pas changé le contour de la Mission.

Le Parti de Gauche rappelle également que la résolution 2085 de l’ONU privilégie à juste titre le processus politique pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali, c’est-à-dire le remplacement démocratique des autorités issues du putsch du 22 mars 2012 et la négociation avec les touaregs.

Paris, le 15 janvier 2013

10) Mali : le Parti socialiste uni avec le Président et la Nation

Communiqué du Bureau national du Parti Socialiste

Le Président de la République a annoncé Le 11 janvier 2013 l’intervention de nos forces armées au Mali à la demande de son Président, afin de porter secours à ce peuple ami victime de la brutale agression de fanatiques terroristes, qui menace la sécurité des populations civiles, la souveraineté et la liberté de ce pays, ainsi que la paix dans cette partie de l’Afrique.

Le Parti socialiste exprime sa solidarité entière avec le peuple malien et son soutien le plus complet à nos forces armées. Il est particulièrement attentif à la sécurité de nos 6 000 ressortissants vivant au Mali.

Depuis son élection, la crise provoquée au Mali par les offensives au nord et les soubresauts politiques à la tête de l’Etat, a constitué un dossier prioritaire pour François Hollande. La France s’est employée à promouvoir des solutions auprès des autorités maliennes et de ses partenaires de l’Union africaine et de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest. Elle a fait adopter les résolutions du Conseil de Sécurité qui constituent le cadre de l’intervention française et internationale. Le Parti socialiste souligne également l’approbation unanime de cette action au Conseil de Sécurité, en Europe mais aussi en Afrique.

Le Parti socialiste a une pensée particulière pour les familles et les proches du lieutenant Damien Boiteux auquel un hommage national a été rendu aujourd’hui. Le Parti socialiste exprime aussi toute sa solidarité aux familles de nos otages en ces circonstances exceptionnelles.

Le Parti socialiste appelle l’Union européenne à accélérer la planification et l’arrivée d’instructeurs prévus pour former l’armée malienne, avant son offensive qui permettra au Mali de recouvrir définitivement l’intégrité et la souveraineté sur son territoire national.

Le Parti socialiste félicite le Président et le Gouvernement pour leur transparence sur les évènements en cours, et qui permet de rassurer nos concitoyens sur le sens de notre action militaire et sur leur propre sécurité. Les débats qui se tiendront dès demain au Sénat et à l’Assemblée nationale renforceront le consensus national autour de nos soldats qui mènent un combat courageux et dangereux.

9) "VGE" dénonce le risque d’une action "néocolonialiste" au Mali

Valéry Giscard d’Estaing , interrogé par Le Monde, s’inquiète des conséquences de l’offensive française au Mali. "La France doit s’en tenir strictement à son soutien logistique aux forces africaines", estime l’ancien président de la République.

" Je veux mettre en garde contre une évolution de l’action de la France au Mali, qui serait de type néo-colonialiste.

Le Mali est un état indépendant depuis 1960. Il est peuplé d’ethnies différentes, bambara, peul, songhaï, touareg, qui se sont opposées et parfois affrontées. Leurs cultures sont anciennes et fragiles. Le pays a connu des crises politiques et des coups d’état.

Je suis le seul président de la République à avoir visité Tombouctou où j’ai été accueilli par des centaines ou peut-être des milliers de touaregs qui bordaient la route sur leurs chameaux.

Dans le nord-est du pays se sont installés des groupes terroristes, venus de l’extérieur, et qui ont capturé des otages, dont la vie est en danger. On ne doit pas confondre ces derniers avec les islamistes.

Une frappe aérienne pouvait être justifiée pour stopper une avance qui menaçait Bamako, avant que la force d’intervention africaine, décidée par l’ONU, ne soit arrivée à Bamako.

La France doit s’en tenir strictement à son soutien logistique aux forces africaines. Des frappes aériennes dans le nord et l’est du pays atteindraient des populations civiles, et reproduiraient les destructions inutiles de la guerre en Afghanistan. Elles auraient sans doute les mêmes résultats politiques. "

Propos recueillis par Christophe Châtelot, Le Monde.fr

8) La France ne doit pas intervenir militairement au Mali (Gauche anticapitaliste)

Répondant à un appel du président malien, Dioncouda Traoré, F. Hollande a officiellement annoncé que la France interviendrait militairement en soutien et au côté de l’armée malienne.

Ceci sans aucun débat préalable au sein du Parlement !

Cette demande fait suite à une offensive militaire des groupes islamistes.

En effet, rompant avec un processus de négociation entamé au Burkina Faso et en Algérie, et auxquels ils participaient, les groupes islamistes armés avec Ansar Dine, Aqmi, Mujao ont décidé de conquérir le sud du Mali et de marcher sur Bamako, la capitale.

Les témoignages se sont multipliés sur les sévices que les islamistes infligent, au nom de la charia, à la population qui n’a pas pu fuir : mutilations, châtiments corporels, violences à l’égard des femmes, police des moeurs, etc.

Ces exactions doivent être combattues.

Mais, pour la Gauche anticapitaliste, membre du Front de gauche, la France ne doit pas intervenir militairement au Mali. C’est une ancienne puissance coloniale qui a un lourd passé dû aux nombreuses interventions militaires au titre de la Françafrique.

La France porte une lourde responsabilité dans la situation politique, sociale et économique que connaît aujourd’hui le Mali.

D’ailleurs, l’ONU avait mandaté les pays africains pour mettre sur pied une force d’intervention.

Il faut, par contre, apporter aide, soutien et moyens aux populations maliennes pour faire échec aux islamistes.

Le 13 janvier 2013.

7) Mali : « L’ intervention militaire française comporte de grands risques de guerre » (PCF)

Le PCF partage l’inquiétude des maliens devant l’offensive armée des groupes djihadistes vers le sud de leur pays. Ces groupes islamistes radicaux, avec leurs pratiques violentes, ont montré le danger qu’ils représentent pour la dignité humaine, pour les libertés, la justice et la stabilité du Mali et de toute la région.

Le PCF exprime une nouvelle fois son inquiétude devant la nouvelle et grave situation créée par la reprise de la confrontation armée au Mali. L’ intervention militaire française comporte de grands risques de guerre et d’enlisement sans véritable solution durable pour le peuple malien et pour la reconstruction du pays. Cette intervention, suscite l’angoisse légitime des familles des otages car la vie de ceux-ci est sérieusement mise en danger. On sait d’ailleurs que Denis Allex, retenu en otage en Somalie, a été assassiné par ses "geôliers" suite à une opération de la DGSE dans la nuit de vendredi à samedi. Cela montre quels sont les périls dramatiques et les limites de ces opérations militaires.

Le PCF rappelle que la réponse à la demande d’aide du Président du Mali aurait du s’inscrire dans le cadre d’une mission de l’ONU et de l’Union africaine, réalisée sous drapeau de l’ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l’exigence de la souveraineté malienne. La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaître comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la "françafrique". Cette intervention militaire n’efface pas la nécessité de la recherche d’une solution politique et d’un dialogue avec les groupes de la rébellion non liés au terrorisme et respectueux de l’intégrité territoriale du Mali. C’est ce que demandent les résolutions de l’ONU.

Le PCF demande que les autorités françaises répondent aux lourdes questions posées par une intervention militaire déclenchée sur décision du Président de la République et engagée sans débat préalable au Parlement.

Le Parti communiste français

6) Le Mali dans le jeu géostratégique impérialiste

Qu’y-a-t-il sous le bruit des bottes au Mali ?

Extrait :

« ... Il s’agit de profiter de la déliquescence d’Etats sous domination continue depuis les indépendances pour réintroduire directement une présence militaire camouflée derrière des armées locales dont nul n’ignore l’insigne faiblesse. Le Mali devient, dans ce jeu géostratégique, otage d’une volonté des Etats impérialistes et de leurs soutiens de porter partout la guerre sans fin de façon à interdire la progression d’une puissance adverse et, dans le même mouvement, d’éradiquer toute volonté des peuples à résister à l’ordre ultralibéral mondialisé construit sur la financiarisation et la militarisation. Les Etats-Unis démontrent leur sens de l’opportunisme en répondant à l’appel à l’aide de son allié français désormais incapable, à lui seul, de gérer son pré carré africain. La présence américaine dans le Sahel permet de contrôler directement l’accès à des ressources essentielles, l’uranium notamment, et de conférer une profondeur stratégique à leur action sur le continent et au Moyen-Orient. ... »

"... préparer l’opinion publique internationale à une intervention au nord Mali au nom de la démocratie et de l’ordre constitutionnel, du patrimoine culturel mondial mis en péril par des terroriste islamistes et de la souffrance des populations, qui, rappelons-le, paient le prix fort de tout conflit interne ou importé par ceux qui veulent imposer leur loi. Ces raisons méritent questionnement.

Sont à la fois mis en avant la situation humanitaire des populations du nord et du sud mais ne peut être omis que de nombreux partenaires, dont l’Union européenne, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, la France[5] et des institutions financières ont décidé, au lendemain du coup d’Etat, de suspendre leurs aides au Mali précipitant l’ensemble de la société malienne dans une pauvreté encore plus grande ; cet « embargo » financier a été renforcé par un « embargo » politique. L’Organisation internationale de la Francophonie[6] a suspendu le Mali dès le 30 mars ; l’Union Africaine[7] dès le 23 mars et la CEDAO dès le 27 mars. Il aura fallu la quasi-certitude d’une intervention militaire pour que certaines instances reviennent sur leur décision de bannir le Mali de leur communauté internationale.

Le Président Hollande, quant à lui, revendique son droit à délivrer les otages –cela semble compter bien peu- mais surtout à protéger les intérêts français. Pour mieux faire accepter une intervention militaire, il cache des intentions néocoloniales partagées derrière le besoin d’une intervention pour « éradiquer le terrorisme dans l’intérêt de ce pays, de l’Afrique et de la stabilité du monde[8] ». Certes, l’Islam radical – désigné globalement et sous nuances par le terme « terrorisme » pour conditionner l’opinion – dispose de bases dans le Sahel, sur les routes du pétrole, du gaz et de l’uranium, mais ne soyons pas naïfs, son émergence et sa consolidation ont bien été favorisées – notamment par les Saoudiens et les Qataris – pour servir les intérêts des Occidentaux et particulièrement ceux des Américains. ... "

Source : http://frantzfanonfoundation-fondat...

5) NON à l’intervention militaire française au Mali (NPA)

Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? Hollande n’avait pas de mots assez durs lors de sa campagne pour dénoncer la politique de domination de l’Afrique par la France. Au mois d’octobre lors de son déplacement à Dakar il déclarait même " Il y a la France et il y a l’Afrique ! "Tu parles Charles !

3 mois après il annonce le déclenchement de l’intervention militaire au Mali ! Il est passé du « nous n’interviendrons pas » au « nous protégerons nos ressortissants » pour finir à l’intervention directe.

L’ancienne puissance coloniale n’entretient pas des troupes sur ce continent pour rien. Elle poursuit, dans la tradition de tous les gouvernements qui se sont succédé, son rôle de gendarme, pour protéger ses intérêts, pour soutenir les gouvernements qui sont à sa botte. La menace islamiste constitue le paravent de cette opération militaire.

Le NPA dénonce cette intervention militaire impérialiste décidée par Hollande, une fois de plus sur le dos des peuples ! Ce n’est pas de cette façon que les maliens se libéreront de tous les fondamentalismes.

4) Villepin : "Non, la guerre ce n’est pas la France"

Le Mali, pays ami, s’effondre. Les djihadistes avancent vers le sud, l’urgence est là.

Mais ne cédons pas au réflexe de la guerre pour la guerre. L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la "guerre contre le terrorisme" m’inquiètent. Ce n’est pas la France. Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye.

Jamais ces guerres n’ont bâti un Etat solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les Etats faillis, la loi d’airain des milices armées.

Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux.

Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités.

Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.

Au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie.

Nous nous battrons à l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI sont autant de guerres différentes.

Nous nous battrons seuls, faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous ?

Nous nous battrons dans le vide, faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences.

Un processus politique est seul capable d’amener la paix au Mali.

Il faut une dynamique nationale pour reconstruire l’Etat malien. Misons sur l’union nationale, les pressions sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l’Etat de droit à travers des politiques de coopération fortes.

Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel.

Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les touaregs à une solution raisonnable.

Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans, presque jour pour jour, nous étions réunis à l’ONU pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Deux mois plus tard commençait l’intervention en Irak. Je n’ai depuis jamais cessé de m’engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force. Aujourd’hui notre pays peut ouvrir la voie pour sortir de l’impasse guerrière, si elle invente un nouveau modèle d’engagement, fondé sur les réalités de l’histoire, sur les aspirations des peuples et le respect des identités. Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.

http://www.lejdd.fr/International/A...

3) FEMMES DU MALI : Disons ” NON ! ” à la guerre par procuration

” Le poisson se trompe s’il croit que le pêcheur est venu pour le nourrir ” Karamoko Bamba (Mouvement Nko)

“Nous ne voulons plus qu’on ignore que, sous nos foulards colorés, nous ne dissimulons pas seulement, d’un geste rapide, les serpents indomptés de nos noires ou blanches chevelures tressées, serrées, mais des idées.”

” L’Afrique mutilée “

Aminata TRAORÉ et Nathalie M’DELA-MOUNIER

Editions Taama 2012

Introduction

De la situation dramatique du Mali, il ressort une réalité terrible qui se vérifie dans d’autres pays en conflit : l’instrumentalisation des violences faites aux femmes pour justifier l’ingérence et les guerres de convoitise des richesses de leurs pays. Les femmes africaines doivent le savoir et le faire savoir.

Autant l’amputation du Mali des deux tiers de son territoire et l’imposition de la charia aux populations des régions occupées sont humainement inacceptables, autant l’instrumentalisation de cette situation, dont le sort réservé aux femmes, est moralement indéfendable et politiquement intolérable.

Nous avons, de ce fait, nous femmes du Mali, un rôle historique à jouer, ici et maintenant, dans la défense de nos droits humains contre trois formes de fondamentalisme : le religieux à travers l’islam radical ; l’économique à travers le tout marché ; le politique à travers la démocratie formelle, corrompue et corruptrice.

Nous invitons toutes celles et tous ceux qui, dans notre pays, en Afrique et ailleurs, se sentent concernés par notre libération de ces fondamentalismes à joindre leurs voix aux nôtres pour dire “Non” à la guerre par procuration qui se profile à l’horizon. Les arguments suivants justifient ce refus.

1 Le déni de démocratie

La demande de déploiement de troupes africaines au nord du Mali, transmise par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) aux Nations Unies, repose sur un diagnostic délibérément biaisé et illégitime. Il n’est fondé sur aucune concertation nationale digne de ce nom, ni au sommet, ni à la base. Ce diagnostic exclu par ailleurs la lourde responsabilité morale et politique des nations, celles qui ont violé la résolution 1973 du Conseil de Sécurité en transformant la protection de la ville libyenne de Ben Ghazi en mandat de renverser le régime de Mouammar Kadhafi et de le tuer. La coalition des séparatistes du mouvement national de libération de l’Azawad (MLNA), de Al Kaeda au Maghreb Islamique (AQMI) et de ses alliés qui a vaincu une armée malienne démotivée et désorganisée doit également cette victoire militaire aux arsenaux issus du conflit libyen.

Le même Conseil de Sécurité va-t-il approuver, dans les jours à venir le plan d’intervention militaire que les Chefs d’Etat africains ont approuvé en prétendant corriger ainsi les conséquences d’une guerre injuste par une guerre tout aussi injuste ?

Marginalisée et humiliée dans la gestion de la crise “libyenne”, l’Union Africaine peut-elle, doit-elle se lancer dans cette aventure au Mali sans méditer les enseignements de la chute du régime de Mouammar Kadhafi ?

Où est la cohérence dans la conduite des affaires du continent par les dirigeants africains, dont la plupart s’était opposé en vain à l’intervention de l’OTAN en Libye, lorsqu’ils s’accordent sur la nécessité d’un déploiement de forces militaires au Mali, aux conséquences incalculables.

2 L’extrême vulnérabilité des femmes dans les zones en conflit

L’international Crisis Group prévient, à juste titre, que « Dans le contexte actuel, une offensive de l’armée malienne appuyée par des forces de la CEDAEO et/ou d’autres forces a toutes les chances de provoquer davantage de victimes civiles au Nord, d’aggraver l’insécurité et les conditions économiques et sociales dans l’ensemble du pays, de radicaliser les communautés ethniques, de favoriser l’expression violente de tous les groupes extrémistes et, enfin, d’entraîner l’ensemble de la région dans un conflit multiforme sans ligne de front dans le Sahara ». (« Le Mali : Éviter l’escalade » International Crisis Group – http://www.crisisgroup.org/fr- 18 juillet 2012).

Ces conséquences revêtent une gravité particulière pour les femmes. Leur vulnérabilité qui est sur toutes les lèvres, devrait être présente dans tous les esprits lors des prises de décisions, et dissuasive quand la guerre peut être évitée. Elle peut l’être. Elle doit l’être, au Mali.

Rappelons que les cas de viols que nous déplorons dans les zones occupées du Nord de notre pays risquent de se multiplier avec le déploiement de plusieurs milliers de soldats. A ce risque, il faut ajouter celui d’une prostitution plus ou moins déguisée qui se développe généralement dans les zones de grande précarité et par conséquent les risques de propagation du VIH/SIDA. Le plan d’intervention militaire sur lequel le Conseil de Sécurité va se pencher prévoit-il des moyens de mettre réellement les femmes et les fillettes du Mali à l’abri de ce type de situation désastreuse ?

Rappelons également que sur l’ensemble du territoire les sanctions économiques imposées par la communauté internationale au peuple malien au nom du retour à un ordre constitutionnel discrédité affectent considérablement les groupes vulnérables. Les femmes du fait de la division sexuelle des tâches sont confrontées au niveau domestique à l’énorme difficulté d’approvisionnement des familles en eau, nourriture, énergie domestique, médicaments. Cette lutte quotidienne et interminable pour la survie est déjà en soi une guerre. Dans ces circonstances de précarité et de vulnérabilité des populations, et des femmes en particulier, l’option militaire en préparation est un remède qui à toutes les chances d’être pire que le mal alors qu’une alternative pacifique, émanant de la société malienne, civile, politique et militaire, sera constructive.

3 Des incohérences de la communauté internationale

Chacun des puissants représentants de la « communauté internationale » ainsi que la CEDEAO et l’Union Africaine ont prononcé des mots à propos de nos maudits maux de femmes en situation de conflit.

A tout seigneur tout honneur, le Président français, François Hollande, qui joue le rôle de chef de file dans la défense de l’option militaire, a souligné la souffrance des femmes « premières victimes des violences des guerres » (Kinshasa – Quatorzième sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie). Et pourtant, il a déclaré le 26 septembre 2012, à New York, lors de la réunion spéciale sur le Sahel, en marge de l’Assemblée Générale des Nations Unies “Je sais qu’il peut y avoir une tentation de mener des négociations. Négocier avec des groupes terroristes ? Il ne peut en être question. Toute perte de temps, tout processus qui s’éterniserait ne pourrait faire que le jeu des terroristes”.

”Il faut savoir terminer une guerre”, semblent dire les Présidents américains et français. « La guerre d’Afghanistan s’est prolongée au-delà de la mission initiale. Elle attise la rébellion autant qu’elle permet de la combattre. Il est temps de mettre fin en bon ordre à cette intervention et j’en prends ici l’engagement. » déclara le candidat François Hollande, dans son discours d’investiture à l’élection présidentielle.

La Secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton dont l’escale du 29 octobre 2012, à Alger, avait en partie pour objet de convaincre le Président Abdelaziz Bouteflika de rejoindre le camp de la guerre, s’était adressée aux Chefs d’Etat africains réunis à Addis-Abeba en ces termes : « En République Démocratique du Congo, la poursuite des actes de violences contre les femmes et les filles et les activités des groupes armés dans la région orientale du pays, sont pour nous une source constante de préoccupation. L’Union Africaine et les Nations Unies ne doivent épargner aucun effort en vue d’aider la RDC à réagir à ces crises sécuritaires incessantes ».

L’initiative du secrétaire des Nations Unies, Ban Kid Moon, intitulée « Unis pour mettre fin à la violence contre les femmes », lancée le 25 janvier 2008, accorde une attention particulière aux femmes de l’Afrique de l’Ouest. C’était avant les guerres en Côte d’Ivoire et en Libye qui ont largement compromis la réalisation des objectifs assignés à cette initiative. Nous comprenons sa réserve quant au déploiement militaire et espérons qu’il ne soutiendra pas le plan d’intervention des Chefs d’États de la CEDEAO. La guerre, rappelons-le, est une violence extrême contre les populations civiles, dont les femmes. Elle ne peut que nous éloigner des objectifs visés par cette initiative.

Pourquoi les puissants de ce monde qui se préoccupent tant du sort des femmes africaines ne nous disent pas la vérité sur les enjeux miniers, pétroliers et géostratégiques des guerres.

La présidente de la commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, pour sa part, souligne que “Il est crucial que les femmes contribuent à, et s’impliquent activement dans, la recherche d’une solution au conflit. Leurs voix doivent être entendues dans les efforts visant à promouvoir et à consolider la démocratie dans leur pays. A cette fin, vous pouvez, sans aucun doute, compter sur le soutien de l`Union Africaine, ainsi que sur mon engagement personnel. » (Réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation au Mali – 19 novembre 2012)

La nomination pour la première fois d’une femme à ce poste pourrait être un facteur véritable d’émancipation politique pour les femmes et donc de libération du Continent, si Nkosazana Dlamini-Zuma accepte d’élargir la base du débat sur les femmes africaines en y intégrant les enjeux globaux qui nous sont dissimulées.

4 Notre triste statut d’otages

Le Mali est un pays à la fois agressé, humilié et pris en otage par des acteurs politiques et institutionnels qui n’ont aucun compte à nous rendre, à commencer par la CEDEAO. L’une des traductions de cette réalité est l’énorme pression exercée sur ce qui reste de l’État malien. Le Président par intérim, Dioncounda Traoré, est le premier des otages maliens. S’il a cru devoir rappeler, le 19 octobre 2012, lors de la réunion du groupe de soutien et de suivi de la situation de notre pays, qu’il n’est pas un Président pris en otage, c’est précisément parce qu’il l’est. Sinon il n’aurait pas répété à trois reprises, le 21 septembre 2012, la veille de l’anniversaire de l’indépendance de notre pays qu’il a privilégie le dialogue et la concertation, et demandé aux Nations Unies, trois jours plus tard, une intervention militaire internationale immédiate. « J’ai conscience d’être le président d’un pays en guerre mais le premier choix est le dialogue et la négociation. Le deuxième choix est le dialogue et la négociation et », insiste-t-il « le troisième choix demeure le dialogue et la négociation. Nous ferons la guerre si nous n’avons pas d’autre choix… », a-t-il déclaré dans son discours à la nation avant de changer d’avis.

Au-delà du président intérimaire, nous sommes tous des otages prisonniers d’un système économique et politique inégalitaire et injuste qui excelle dans l’art de briser les résistances à coup de chantage au financement. La suppression de l’aide extérieur se traduit cette année 2012 par un manque à gagner de 429 Milliards de francs CFA. La quasi totalité des investissements publics sont suspendus. La fermeture de nombreuses entreprises a occasionnée licenciements et chômage technique pour des dizaines de milliers de travailleurs alors que les prix des denrées alimentaires continuent de flamber. Les pertes les plus importantes sont enregistrées dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics. Le tourisme, l’artisanat, l’hôtellerie et la restauration, qui subissaient depuis 2008 les conséquences de l’inscription du Mali sur la liste des pays à risques, sont gravement affectés alors qu’ils constituaient des sources de revenus substantiels pour les régions aujourd’hui occupées, notamment celle de Tombouctou.

Référence est faite au statut d’otage non point pour dédramatiser l’épreuve insupportable des otages européens et de leurs familles mais pour rappeler l’égale gravité de la situation de tous les êtres humains piégés dans des systèmes dont ils ne sont pas personnellement responsables. La question est toutefois de savoir comment agir de telle sorte que notre pays retrouve son intégrité territoriale et la paix, et que les six Français détenus par AQMI retrouvent leurs familles sains et saufs, sans que ces libérations n’ouvrent la voie à une intervention militaire qui mettrait en péril la vie des centaines de milliers d’habitants du Nord Mali qui sont autant d’otages.

5 La guerre par procuration

Le choix de la guerre se nourrit d’une connaissance insuffisante des véritables enjeux. Jacques Attali donne à ceux qui veulent s’en saisir, une clef de lecture qui prouve s’il en était besoin que l’intervention militaire envisagée est une guerre par procuration. Selon lui, la France doit agir « … parce que cette région (le Sahel) peut devenir une base arrière de formation de terroristes et de kamikazes qui viendront s’attaquer aux intérêts occidentaux un peu partout dans la région ; et même, par de multiples moyens de passage, en Europe. Ils ne sont encore que quelques centaines ; si rien n’est fait, ils seront bientôt plusieurs milliers, venus du Pakistan, d’Indonésie et d’Amérique Latine. Et les gisements d’uranium du Niger, essentiels à la France, ne sont pas loin. » (Blog Attali. 28 mai 2012.)

La distribution des rôles entre la France, la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Europe et l’ONU est clarifiée. La CEDEAO, dont de nombreux Maliens et Africains ne comprenaient pas jusqu’ici le jeu trouble est en mission au Mali. Selon Jacques Attali, l’organisation sous régionale devait agir « pour redonner aux autorités civiles les moyens de décider, sans peur, de rétablir la sécurité, de restructurer l’appareil militaire et de faire redémarrer l’activité économique ; au Nord, pour mettre fin à cette sécession, il faudra une action militaire sur le terrain, avec un appui logistique à distance, des moyens d’observation, des drones et une capacité d’encadrement stratégique.

Qui peut faire tout cela ? Evidemment pas le gouvernement malien tout seul, qui n’a ni armes, ni autorité. Pas non plus la CEDEAO qui n’a pas les moyens militaires suffisants pour assurer l’ensemble de l’action nécessaire et qui ne peut même pas espérer en recevoir la demande du gouvernement malien, sous influence de forces incertaines. Pas non plus l’Union Africaine, en tout cas pas seule. Alors qui ? l’ONU ? l’OTAN ? La question va se poser très vite. Elle est, à présent, posée. Là encore, l’Europe devrait évidemment être unie et se mettre en situation de décider et d’agir. Elle ne l’est pas. Or, si les médiations actuelles échouent, il sera bientôt nécessaire de réfléchir à mettre en place une coalition du type de celle qui a fonctionné en Afghanistan. Avant qu’un équivalent du 11 septembre 2001 ne vienne l’imposer »(Le Blog de Jacques Attali : le 28 mai 2012)

Tout est donc clair. La guerre envisagée au Mali s’inscrirait dans le prolongement de celle de l’Afghanistan, d’où la France et les États Unis se retirent progressivement après onze années de combats et de lourdes pertes en hommes, en matériel et finance. Le Sahel étant la zone d’influence de la France, celle-ci prend la direction des affaires concernant le Mali et sous-traite la violence militaire à la CEDEAO. Ce transfert fait politiquement correct pour ne pas être accusé de colonialisme et d’impérialisme, mais aussi pour réduire le coût de la guerre et ne pas enregistrer d’autres pertes en vies humaines. Les opinions publiques occidentales tolèrent de moins en moins que leurs ressortissants meurent dans la défense de « nos » causes. Ainsi, au même titre que les tirailleurs sénégalais, les troupes africaines sont appelées à prêter main forte à la France.

6 La mondialisation des maux et des réseaux

Le radicalisme religieux n’a pas besoin, dans un tel contexte, du nord du Mali pour se répandre en Afrique de l’Ouest et dans le monde. L’économie mondialisée sur la base de l’injustice et des inégalités est une machine à broyer les économies locales, les sociétés et les cultures qui lui offrent le terreau nécessaire.

De la mer rouge à l’Atlantique, de l’Afghanistan au Nigeria, de Toulouse, où Mohamed Merah a agi et a été abattu, à Tombouctou, les enjeux sont à la fois idéologiques, civilisationnels, identitaires, mais aussi économiques, politiques et géostratégiques. Les acteurs et les forces en présence sont à peu près les mêmes, avec des variantes locales à manipuler telle que la rébellion touareg au Mali.

Par ailleurs, Afghans, Pakistanais, Algériens et autres prêcheurs ne sont pas de nouveaux venus au Mali. Ils ont fait leur apparition dans les mosquées, à partir de la décennie 90, au moment où les conséquences sociales et humaines dramatiques des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) sur l’emploi, le revenu et le lien social commençaient à se faire sentir.

7 La perspective « badenya » comme alternative à la guerre

Des femmes maliennes et africaines bien imprégnées des enjeux et des rouages mortifères de la mondialisation néolibérale n’en cautionnent pas les guerres. Aux valeurs guerrières et prédatrices de l’ordre économique dominant, nous opposons des valeurs pacifistes, qui nous réconcilient les uns avec les autres, ainsi qu’avec le reste du monde. Badenya, (enfants de la mère) est l’une de ces valeurs que nous nous devons, femmes du Mali, de cultiver d’avantage et d’opposer à la valeur masculine fadenya (les enfants du père) qui dans sa version ultralibérale autorise la course effrénée et fratricide au profit, au point de brader des entreprises publiques rentables, de céder des terres agricoles aux dominants et d’accepter la partition du territoire national.

Profondément ancré dans la perspective badenya, notre refus de la guerre plonge ses racines dans une conception de la procréation selon laquelle mettre un enfant au monde est déjà une manière de monter au front (musokele). Et trop nombreuses sont celles qui parmi nous périssent en enfantant. Nous bataillons jour après jour contre la faim, la pauvreté, la maladie, pour que chaque enfant grandisse, travaille, s’assume et assume sa part de responsabilité.

Aussi, en chaque soldat, comme en chaque rebelle et en chaque nouveau converti au djihadisme qui vont s’affronter en cas de guerre, chacune de nous reconnaît un frère, un fils, un neveu, un cousin. Hier, ils étaient en quête d’un statut social à travers l’emploi, le revenu ou alors un visa. Ce fut souvent en vain… A présent, ils ont entre leurs mains tremblantes des armes de guerre.

La lucidité et la maturité politique devront être nos armes dans ce monde sans foi ni loi. Il n’y a aucune raison que le Mali s’engage sur un terrain où la France et les États Unis d’Amérique reculent, en dépit de la puissance de feu de l’OTAN.

A l’économie de la guerre, nous femmes du Mali, opposons l’économie de la vie en faisant de la transition en cours une occasion historique de relever le triple défi du savoir, de la citoyenneté et du dialogue. Les évolutions en cours sur le terrain, dont la volonté de négociation d’Ansar Dine et du MNLA, la modification constante des rapports de force ainsi que des stratégies et des interactions entre les différents groupes présents, doivent être examinées avec l’attention nécessaire de manière, non seulement à éviter une guerre potentiellement tragique mais aussi à écarter les écueils des accords passés.

Les concertations nationales envisagées depuis des mois doivent se tenir enfin, permettant à la société malienne dans son ensemble de se retrouver et de définir elle-même les bases et les conditions d’une solution concertée (et non imposée) au conflit présent. Nous, femmes du Mali, y contribuerons pleinement, comme demain nous contribuerons à la refondation de la démocratie dans notre pays selon des valeurs de société et de culture qui nous sont familières.

Il s’agit, en somme, de crédibiliser, de renforcer la capacité d’analyse, d’anticipation et de proposition de la société malienne, civile, politique et militaire.

Nous demandons à toutes celles et à tous ceux qui partagent notre approche d’interpeller immédiatement les principaux acteurs de la communauté internationale, par écrit ou sous toutes autres formes d’expression, en plaidant pour que le Conseil de Sécurité n’adopte pas une résolution autorisant le déploiement de milliers de soldats au Mali.

Signataires : Aminata D. TRAORE ; SISSOKO Safi SY ; SANOGO Sylvie KONE ; IMBO Mama SY ; Kadiatou TOURE ; TRAORE Sélikèné SIDIBE(Vieux) ; DICKO Rokia SACKO ; Ténin DIAKITE ; DOUMBIA Fanta DIALLO ; KONE Mamou TOURE ; TRAORE Sarata SANOGO ; TRAORE Penda DIALLO ; DIABATE Kadiatou KOUYATE ; Aminata BOCOUM ; Oumou KODIO ; Assatou KAREMBE ; Awa KOÏTA ; Aminata DOUMBIA ; Fatoumata COULIBALY ; Badji BOIRE ; Awa TOURE ; Bintou KONE ; Fatoumata MARIKO ; Mariam KONE ; Minata DIARRA ; Oumou KEITA ; Kadiatou DIALLO ; Kankou KONE ; Rokia NIARE ; Kadia DJIRE ; Ada NANTOUMA ; Awa COULIBALY ; Soungoura DOUMBIA ; Fanta KANTE ; Safiatou COULIBALY ; Djaba TANGARA ; KONE Mama DIARRA ; Ismael DIABATE ; Karamoko BAMBA ; Doumbi FAKOLY ; Coumba SOUKO ; Clariste SOH-MOUBE ; Nathalie M’DELA-MOUNIER ;

Source : http://www.afriquesenlutte.org/afri...

2) MALI : Quand l’impérialisme français prétend venir secourir la veuve et l’orphelin (Parti de Gauche)

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1) Rubrique Mali de notre site

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- Dans le nord du Mali, le Mujao continue d’appliquer la charia
- Le Mali : chronique d’une recolonisation programmée.
- Déclaration du Parti SADI sur la situation dans le Nord-Mali
- Le peuple malien doit profiter de la richesse aurifère de son sous-sol...

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