Mélenchon à Cannes : Le sens d’une visite

jeudi 23 mai 2013.
 

Ce n’est pas le Cannes des strass et paillettes que vient voir Jean-Luc Mélenchon. Ce samedi, le député européen front de gauche et co président du parti de gauche rencontre ceux qui font, diffusent et accompagnent le cinéma. Particulièrement le cinéma indépendant.

Latifa Madani

Celui qui peine à trouver argent et écrans, mais qui, heureusement encore, grâce à une conjonction de mécanismes et de volontés, arrive à trouver son public. Jean-Luc Mélenchon ira aussi - et surtout- à la rencontre de ceux sans qui une bonne part du patrimoine cinématographique n’aurait pas existé : les travailleurs du secteur public et leurs CE : les électriciens et gaziers et les syndicalistes qui ont notamment apporté leur pierre dans les fondations de ce qui fait le Festival de Cannes. Le leader du Front de gauche est leur invité et celui des CE des cheminots et de la RATP, partenaires de la CCAS.

Avec Costa Gavras comme parrain et Mélenchon comme invité pour l’ouverture de sa 11ème édition, Visions Sociales tape dans le mille. Depuis onze ans, dans la salle de spectacles du Château des Mineurs à la Napoule, Visions sociales donne à voir aux travailleurs et à leurs familles, et à tout le public, sans badge ni accréditations, un cinéma de qualité qui questionne l’ordre social et l’état du monde. Un cinéma ouvert, impertinent, inventif, émancipateur.

Ce n’est pas un hasard si le débat inaugural se fait autour du Grand retournement de Gérard Mordillat. Adapté de la pièce de Frédéric Lordon, « D’un retournement l’autre », le film de Mordillat est « une comédie sérieuse sur la crise financière ». La crise de 2008 racontée en alexandrins classiques par des acteurs aussi talentueux que Frédéric Morel, Edouard Baer ou Jacques Weber. Tragique comme du Racine, comique comme du Molière… Un Objet Cinématographique Non Identifié qui réussit le pari de tenir en haleine pendant 75’ et surtout de nourrir le débat.

De grands débats agitent actuellement la planète cinéma et de l’audio visuel. Ils divisent la profession et ont le mérite de remettre les pendules à l’heure. La négociation de la future convention collective élargie des professionnels du cinéma et le lancement des négociations UE-Etats Unis pour un marché de libre échange transatlantique ont remis sur le tapis la question du financement du cinéma et de l’avenir de l’audio visuel. Et tout récemment, le rapport Lescure sur le numérique.

La future convention collective divise la profession et cristallise nombre de malaises qui sont liés à la fois à la question du statut des intermittents, aux délocalisations dans la production, à l’abus de positions dominantes de grands groupes qui concentrent à la fois production, diffusion, promotion , écrans ciné, TV et web (cf extraits de la pétition de l’ACID).

L’industrie cinématographique n’échappe pas « grand chambardement » de la mondialisation néo libérale. La preuve, la question de l’exception culturelle revient au devant de l’actualité alors que se discutent les termes du mandat de la négociation avec les Etats Unis que l’Union Européenne doit adopter définitivement, le 14 juin, et qui inclut, pour le moment, le secteur audio visuel.

De prestigieux cinéastes ont initié une pétition sous le titre « L’exception culturelle n’est pas négociable ! ». Les frères Dardenne, Jane Campion, Michael Haneke, Michel Hazanavicius, , Pedro Almodovar, Volker Schlöndorff, Marco Bellocchio, Ken Loach, Mike Leigh, Stephen Frears, David Lynch, Agnès Jaoui , Bertrand Tavernier en sont parmi les signataires. Ils demandent à la Commission européenne l’exclusion explicite de l’audiovisuel et du cinéma des négociations sur le Traité transatlantique. Les professionnels de l’agroalimentaire demandent aussi l’exclusion des produits du terroir dans la négociation. Et ainsi de suite... Ne serait -il pas mieux de se battre contre un tel Traité qui ne fera qu’aggraver la crise multiforme générée par les dérèglementations en tout genre.

Latifa Madani


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message