Quelle perspective politique à gauche ?

vendredi 20 juin 2014.
 

- A) Pour un nouveau pacte majoritaire à gauche (Quilès, Gauche Avenir)
- B) Lettre d’Emmanuelle Cosse au nom de la direction d’EELV
- C) Réponse de l’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble à E. Cosse
- D) Quilès, Cosse... Résistance ou collaboration, il faut choisir ! (par Robert Duguet)
- E) Réponse du PG à la lettre adressée par Emmanuelle Cosse au nom d’EELV

E) Réponse du PG à la lettre adressée par Emmanuelle Cosse au nom d’EELV

D) Quilès, Cosse... Résistance ou collaboration, il faut choisir !

par Robert Duguet

Source : http://robert-duguet.fr/

Quelques jours après la défaite annoncée des européennes, les prises de position à gauche et dans les réseaux et organisations de gauche commencent à se multiplier, il serait plus exact de dire que les grandes manœuvres se développent. Je discerne dans les textes que je joins à cette mise à jour du site deux partitions qui se jouent : dans la suite orchestrale, il y a un petit air de flute et une grosse caisse. Autrement dit je vois apparaitre deux lignes politiques pour rebondir dans ces lendemains qui ne sont pas heureux.

La première, c’est l’air de flute, nous vient des réseaux de la gauche républicaine. On peut lire à ce sujet le message du MPEP : Jacques Nikonoff a rappelé lors du rassemblement annuel organisé au plateau des Glières que le programme du CNR appelait à « défendre l’indépendance politique et économique de la nation, rétablir la France dans sa puissance, dans sa grandeur et dans sa mission universelle ». Il est vrai que la réforme des collectivités locales que l’exécutif engage au pas de charge pose, du point de vue de la démocratie institutionnelle, problème. De quoi s’agit-il ? Aller encore plus avant, pour répondre aux impératifs de l’Europe néolibérale, et dans la continuité des institutions gaullistes, vers une représentation élective essentiellement fondée sur des régions entrant en compétition économique entre elles dans « la concurrence libre et non faussée ». Le volet 3 de la décentralisation développe, au nom de la rationalité administrative, des regroupements de communes, des instances intercommunales qui, là où elles existent, s’imposent comme des centres de pouvoir totalement opaques, où les citoyens n’ont plus de pouvoir de contrôle sur les décisions prises. Ce qui caractérisait la République française, née de la révolution contre la monarchie de droit divin et issue de l’Europe des lumières, c’était le démembrement des régions d’ancien régime au profit de la création des départements : le député n’est pas le représentant d’une spécificité régionale mais le représentant de la souveraineté nationale. De même la commune est le lieu de la démocratie locale, où, sur toute une série de points le citoyen joue encore un rôle sur la gestion de la commune. On assiste aujourd’hui à un démembrement de la République, dans le sens très exacte inverse de ce que la révolution française avait imposée à l’aristocratie décadente.

De là faut-il conclure que la solution est dans la nostalgie des « jours heureux » perdus : le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) a, il est vrai, imposé un pacte social dans lequel était garantie à la classe ouvrière toute une série d’acquis de civilisation, qui ont fonctionné durant un demi-siècle. Ces acquis ont été mis en pièce par des gouvernements de droite… et de gauche. Le mouvement ouvrier avait imposé à la Libération ces acquis ; pour la bourgeoisie qui trouvera en De Gaulle son sauveur, cela signifiera une note à payer très salée en raison des bons services que cette dernière avait rendue à l’Allemagne nazie et à la collaboration pétainiste. Aujourd’hui la bourgeoisie est en position de démembrer son propre état social – la république une, laïque, sociale et indivisible – au profit des exigences du capitalisme décadent. Que signifie aujourd’hui défendre le programme du CNR et poser comme objectif de recomposer le CNR, ce qui est le point de vue du MPEP et d’un certain nombre de réseaux que l’on pourrait caractériser comme appartenant au souverainisme de gauche ? Il y aurait une entente possible entre tous ceux qui sont attachés à la démocratie républicaine ? Au moment de la première intervention militaire en Irak, Jean Pierre Chevènement quitta le gouvernement, où il était ministre de la défense nationale. Puis sur le traité de Maastricht il appela au non. La ligne sur laquelle il constitua le MDC (Mouvement des Citoyens) dériva très vite vers l’union des républicains des « deux rives » (l’expression est de lui). La ligne de défense républicaine s’étendait jusqu’à Charles Pasqua et Philippe Séguin. Le souverainisme de gauche n’a en fait pas d’épaisseur sociale, il conduit forcément à la négation des frontières des classes sociales. Le CNR, version Jean Moulin, était déjà une collaboration interclassiste jouant un rôle historique très précis, préserver l’essentiel du pouvoir économique de la bourgeoisie française. Que signifie aujourd’hui remettre à l’ordre du jour la constitution d’un nouveau CNR, sinon s’adresser à des forces hostiles au mouvement ouvrier et au programme de la république sociale.

La deuxième ligne politique que l’on peut discerner est donnée par des coups de grosse caisse venant de plusieurs horizons, il s’agit de poser la nécessité de reconstituer une nouvelle majorité politique. Sur quelle base ?

Emmanuelle Cosse au nom de la direction d’EELV s’adresse aux coordinateurs d’Ensemble, Clémentine Autain et Christophe Aguiton pour rassembler une volonté majoritaire à gauche. Au passage elle indique ce que précisément nous venons de dénoncer dans la réforme institutionnelle : « Le deuxième chantier doit aller de pair avec le premier : la restauration de la confiance dans la démocratie. Cela passe par une profonde réforme institutionnelle qui rapproche les citoyen-nes des décisions qui les concernent et de leurs représentant-es. La réforme territoriale est en route, elle doit être articulée avec une refondation de la République. »

La direction des Verts est favorables au volet 3 de la décentralisation, que Hollande veut imposer au pas de charge, qui représente ce que nous venons d’indiquer brièvement, à savoir un démembrement complet de la forme républicaine de l’Etat.

Soulignons que cette lettre s’adresse à une composante du Front de Gauche et non au Front de Gauche en tant que tel. Petite manœuvre… Par ailleurs Clémentine Autain souligne dans sa réponse :

« Votre lettre est également adressée au Modem et à CAP 21. Il nous semble impossible de construire une réponse aux défis contemporains avec une partie de la droite. Nous sommes favorables à une rencontre sans ces éléments de la droite comme à des discussions bilatérales. Nous privilégions en effet, la convergence des forces de gauche et écologistes pouvant porter ensemble l’opposition aux politiques d’austérité et un projet d’émancipation. Nous défendons cette démarche au sein du Front de Gauche, et souhaitons que d’autres forces en soient partie prenante. »

Sans doute on ne peut que décliner, en tant que composante du Front de Gauche, une ouverture en direction du Modem et de CAP21, mais dans la convergence des forces de gauche, inclut-on le Parti Socialiste ? Sur ce point Clémentine Autain, au nom d’Ensemble, élude le problème. La nouvelle majorité politique inclura t’elle le PS, alors que dans les pays du sud de l’Europe les nouveaux rassemblements politiques à la gauche radicale qui s’opèrent se font contre les partis de l’Internationale Socialiste.

Même logique que chez EELV, Paul Quilès, au nom de Gauche Avenir explique :

« La question est de savoir quel peut être le débouché des initiatives un peu brouillonnes qui fleurissent çà et là, alors que la logique même du système institutionnel de la Vème République – avec un Premier ministre qui « exécute » la politique définie par le Président, une majorité parlementaire contrainte, un parti majoritaire sans marge d’initiative et peu écouté – empêche qu’aboutisse toute expression « déviante ». La seule réponse me semble résider dans un sursaut des forces de gauche et écologistes pour dialoguer et définir des convergences sur des réformes répondant à l’urgence sociale et aux attentes de nos concitoyens. »

Orientation de la Gauche Officielle du PS, à travers la voix de Paul Quilès, qui est pour le moins explosive. Comment concilier la survie des institutions de la Vème république, sur laquelle le gouvernement Hollande s’appuie de manière éhontée, au mépris de sa propre majorité, avec l’aspiration démocratique et sociale qui avait porté une majorité « socialiste » au pouvoir ? Comment la Gauche du parti peut-elle avancer, combattre pour un nouveau pacte majoritaire à gauche, en restant une composante du social-libéralisme ?

Pour moi qui ai passé quelques années dans la gauche du PS, je ne peux que souscrire aujourd’hui aux propos extraits de l’article reproduit du blog de Raoul Jennar. Ce militant du Front de Gauche explique :

« Qu’a fait le PS français depuis 1983, si ce n’est d’être en France, en Europe et sur la scène internationale (OMC) à la pointe des attaques contre les acquis sociaux ? Faut-il refaire l’inventaire de toutes les lois françaises, de tous les traités européens, de toutes les directives européennes initiés par des personnalités issues du PS français qui ont renforcé la dictature des marchés, mis à mal les services publics et le droit du travail, consolidé des institutions européennes oligarchiques ? Le PS depuis 1983, c’est avant tout Delors, Fabius, Rocard, Strauss-Khann, Pascal Lamy, des gens qui ont initié et défendu les politiques néo-libérales de démantèlement des acquis démocratiques et sociaux. Des gens qui ont négocié les accords de l’OMC, instruments de la mondialisation néo-libérale qu’ils nous ont présentée par la suite comme le bouleversement auquel il fallait absolument s’adapter. Des gens qui, comme Delors et son Acte unique européen, ont érigé le primat de la concurrence en dogme incontournable. Qu’a fait Jospin, si ce n’est davantage privatiser que les gouvernements Balladur et Juppé réunis ? Qu’a fait la social-démocratie européenne lorsqu’elle était à la tête ou présente dans 13 gouvernements sur 15, si ce n’est de soutenir tous les projets qu’elle aurait du normalement combattre ? Que fait le PS depuis 2012 en adoptant le Pacte budgétaire Merckel-Sarkozy, en imposant l’ANI, en faisant délibérément le choix des politiques de droite, en soutenant un projet de partenariat transatlantique qui va aligner les normes sociales, sanitaires et environnementales sur celles des USA et va transférer à des structures privées le soin de trancher les conflits sur ces normes entre firmes privées et pouvoirs publics ? »

J’ai bien peur qu’un petit monde politique, qui appartient plus à la gauche caviar, qu’au mouvement ouvrier, celui qui a aujourd’hui les pieds dans le béton, qui voudrait bien résister mais qui ne voit pas encore comment le faire, se retrouve pour désigner un objectif : tourner le dos au rassemblement indépendant ou autonome vis-à-vis et contre le social-libéralisme. De Filoche à Chassaigne, de Clémentine Autain à Paul Quilés et d’Emmanuelle Cosse à Julien Dray se dessinent les contours d’accords d’appareil pour remettre le social-libéralisme dans le jeu de ce nouveau pacte majoritaire.

Entre le souverainisme de gauche qui s’arrime sur la défense de la nation républicaine contre l’Europe néo-libérale et qui va forcément chercher ses accords à droite et le nouveau pacte majoritaire qui inclura forcément dans son arc politique le social-libéralisme, nous sommes en face de deux impasses qui ont déjà libéré les expériences historiques qu’elles ont été capables de produire. Il faut s’arrimer à la voie indépendante dont le Front de Gauche aura été un moment le point de concentration : le problème à l’heure que nous vivons, c’est que le recul du mouvement social en France, a ses effets sur la coalition du Front. Des forces nous quittent et l’attitude de la direction du PCF, lors des municipales, en aura été l’indice le plus probant. Jean Luc Mélenchon serait-il l’homme à abattre ? Au-delà des critiques qui ont fusé contre lui, en fait lui contestant son rôle de porte-parole de la gauche de rupture, c’est la question de la voix autonome qui est posée.

Résistance ou collaboration, il faut choisir !

C) Réponse de l’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble

à Emmanuelle Cosse au nom d’EELV

Chère Emmanuelle Cosse, chers camarades d’Europe Ecologie

Nous tenons à vous remercier pour votre courrier. Nous partageons votre inquiétude concernant la situation révélée et aggravée par le résultat des élections européennes. Le gouvernement élu par le peuple de gauche mène une politique de droite et le FN prospère sur le dégoût que provoquent des alternances sans contenu autre que la régression sociale, les promesses trahies et l’absence de perspective politique.

La responsabilité de toutes les forces politiques de gauche qui se démarquent des choix libéraux du gouvernement est de relever le défi de l’alternative, d’entamer la discussion pour bâtir un projet radicalement nouveau et émancipateur, qui redonne sens à la politique et espoir pour le plus grand nombre, qui permette de construire une majorité alternative à gauche.

Vous évoquez l’emploi, question majeure. Oui, la transition écologique est un élément clé de la lutte contre le chômage en même temps qu’une réponse au défi climatique et à celui de nouveaux choix énergétiques. Sur cet enjeu comme sur d’autres, il faut de l’audace. En matière d’emploi, nous souhaitons aussi débattre des initiatives à prendre pour permettre aux salarié.e.s et à la collectivité de reprendre aux actionnaires la maîtrise des choix économiques. Pour de nombreuses entreprises, nous devrions définir ensemble les moyens de soutenir, comme chez Fralib, la prise de contrôle de l’outil de travail. A gauche, redonner du tranchant à la valeur d’égalité est une nécessité vitale.

Vous évoquez la démocratie, mise à mal. La Ve République est à bout de souffle, la crise politique est patente et la crise de régime n’est pas loin. La défiance à l’égard des institutions, des grands médias, des partis politiques est telle que seule une nouvelle République, issue d’un processus constituant, peut régénérer notre système démocratique. Nous partageons nombre de vos propositions, que nous intégrons pour notre part dans un projet de démocratie active reposant à la fois sur une refondation globale des institutions, sur des transformations dans la propriété et le pouvoir (grandes entreprises, banques, assurances, services publics) et sur de nouveaux droits pour les citoyen.ne.s et salarié.e.s.

Votre lettre est également adressée au Modem et à CAP 21. Il nous semble impossible de construire une réponse aux défis contemporains avec une partie de la droite. Nous sommes favorables à une rencontre sans ces éléments de la droite comme à des discussions bilatérales. Nous privilégions en effet, la convergence des forces de gauche et écologistes pouvant porter ensemble l’opposition aux politiques d’austérité et un projet d’émancipation. Nous défendons cette démarche au sein du Front de Gauche, et souhaitons que d’autres forces en soient partie prenante.

Nous pensons que cela peut se traduire rapidement par des initiatives communes sur des questions immédiates, que ce soit la campagne engagée contre le Traité Transatlantique ou dans les débats budgétaires de juin et juillet. Il est essentiel que se rassemblent et se fassent entendre lors de l’examen du budget rectificatif, tous ceux qui à gauche s’opposent à la logique d’austérité défendue par Manuel Valls.

C’est pourquoi nous répondons favorablement à votre proposition de rencontre . Nous souhaitons qu’elle soit l’occasion de poser les premiers jalons d’un processus durable de débat, d’élaboration, et d’action.

L’Equipe d’Animation Nationale d’Ensemble !

B) Lettre d’Emmanuelle Cosse au nom de la direction d’EELV

aux coordinateurs d’Ensemble, Clémentine Autain et Christophe Aguiton

Le mardi 3 juin 2014

Madame, Monsieur,

Au lendemain des élections européennes du 25 mai 2014, force est de constater que nous traversons une grave crise politique et morale. Nous assistons au délitement du lien social et nous pâtissons d’une incapacité collective à donner confiance dans l’avenir.

Le score élevé du Front national, corrélé à une abstention très forte, n’est pas qu’un signe de lassitude et de rejet, c’est celui du succès populaire d’un projet qui menace le rêve européen. Alors que ce dernier fait l’erreur d’opposer les identités entre elles, l’Europe ne fait plus rêver.

La rupture est grandissante entre les Françaises et les Français et leurs représentant-es. Nous payons d’abord l’incapacité du pouvoir politique à tenir ses promesses. Où est le changement tant annoncé ? Ensuite, la multiplication des affaires et des scandales ont affaibli nos institutions et le sens que nous accordons à l’engagement pour le bien commun. Enfin, l’alternative au capitalisme dérégulé et au productivisme destructeur ne convainc pas encore suffisamment et fait pâle figure face aux ravages causés par les inégalités territoriales.

A crise exceptionnelle, notre devoir est d’apporter des réponses exceptionnelles. En tant que responsables politiques, nous devons relancer le débat public et le dialogue, renouer avec la société, valoriser le pluralisme politique et la convergence des luttes. Les racines du changement existent dans J’ensemble de nos mouvements. Mettons-les en commun pour sortir de l’impasse.

La situation politique doit nous conduire à lancer de multiples initiatives, de nos cercles militants à la société toute entière. Parmi tout cela, je vous propose, au nom des écologistes, de tenir dans les semaines qui viennent des débats publics visant à aborder les chantiers qui nous semblent primordiaux et qui appellent des réponses urgentes. L’objectif est de faire émerger de larges convergences, afin de passer enfin des discours aux actes.

Il y a d’abord la question de la relance de l’emploi dans notre pays et en Europe. Nous devons retrouver les conditions de la mise en œuvre d’une autre politique économique et sociale. Les solutions existent pour créer dès maintenant de la richesse sans attendre un retour hypothétique de la croissance, pour placer l’activité humaine avant la finance, pour créer des emplois durables là où nous vivons, pour réconcilier développement humain et respect de la biosphère.

Cela passe évidemment par la transition écologique de l’économie, qui porte en elle-même la capacité à créer des emplois durables et non délocalisables. D’où l’importance que nous apportons au chantier de la transition énergétique, formidable vivier d’emplois dans chacune de ses composantes, de la politique de l’énergie à la rénovation des logements et bâtiments en passant par le secteur des transports et de la mobilité. Plus, les nouvelles pratiques d’économie circulaire, numérique et/ou collaborative montrent que ce nouveau modèle de développement est déjà là et ne demande qu’à être encouragé.

Le deuxième chantier doit aller de pair avec le premier : la restauration de la confiance dans la démocratie. Cela passe par une profonde réforme institutionnelle qui rapproche les citoyen-nes des décisions qui les concernent et de leurs représentant-es. La réforme territoriale est en route, elle doit être articulée avec une refondation de la République. Cette réforme doit réserver une plus grande place au rôle du Parlement et des assemblées locales, et permettre une meilleure représentation des femmes et des hommes qui vivent dans notre pays : droit de vote des résident-es étranger-es, parité, non-cumul, proportionnelle, outils permettant d’associer directement les citoyen-nes et d’inscrire dans les institutions la question du long terme. Voilà de quoi renouveler et redorer le blason de nos institutions.

Je vous propose donc que nous travaillons ensemble, dans le respect des particularités et des idées de chacun, afin de trouver des convergences et de formuler ensemble des propositions concrètes. Il ne s’agit pas de reconstruire des alliances politiciennes, de simples accords d’appareils politiques. Le sursaut dont nous avons besoin va au-delà des partis politiques. Ce n’est pas avec une gauche plurielle réchauffée que nous retrouverons le souffle nécessaire pour redonner l’espoir, mais par l’action et la démonstration que la politique peut encore être utile aux Françaises et aux Français.

En prenant une initiative commune pour formuler publiquement des propositions au gouvernement et au Président de la République, nous pouvons montrer qu’il n’y a pas de fatalité et que nous prenons la mesure de la gravité des crises qui touchent notre civilisation.

Nous partageons le refus de l’immobilisme et l’envie d’agir pour changer le réel. De ce point de départ, faisons émerger le vrai changement.

Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur l’expression de mes amicales salutations.

Emmanuelle Cosse

Secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts

A) Pour un nouveau pacte majoritaire à gauche

par Paul Quilès, Secrétaire Général de Gauche Avenir

TINA n’est pas un diminutif féminin, mais un slogan attribué à Margaret Thatcher lorsqu’elle était Premier ministre du Royaume-Uni ! TINA, c’est l’abréviation de « There is no alternative » (en français, « il n’y a pas d’autre choix »), qui signifie qu’il y a pas d’alternative hors des politiques libérales et que tout régime qui cherche à s’en écarter court à l’échec.

Il ne faudrait pas qu’aujourd’hui on essaie de nous convaincre à nouveau qu’« il n’y a pas d’autre choix » et qu’il n’y a point de salut hors de l’austérité, qu’on présente comme la solution, quand elle est devenue le problème.

Alors que les inégalités sociales n’ont jamais été si fortes, que la cohésion sociale est malmenée et que notre modèle de développement n’est plus soutenable, nous sommes dans une situation politique inédite et désastreuse : un pouvoir désavoué par les urnes, une victoire incontestable du populisme, une défiance à l’égard des partis politiques et de leurs leaders, une désespérance qui gagne du terrain dans de nombreuses couches de la société….

Ce décrochage démocratique témoigne moins d’un désintérêt de nos compatriotes que d’une perception d’impuissance à peser sur les choix européens et les orientations politiques françaises et à faire prendre en compte leurs attentes, leurs besoins et une vision d’avenir pour leurs enfants.

Le désaveu est sévère pour la gauche : le parti socialiste n’arrive nulle part en tête, les écologistes et le front de gauche font des scores médiocres, égaux ou inférieurs à leurs résultats de 2009. Les partis et les hommes l’incarnant n’ont pas vu leurs assises électorales s’élargir.

Depuis près de 2 ans, on refusait d’entendre les voix de ceux qui s’inquiétaient des conséquences du régime infligé au pays, tout en préconisant d’autres réponses à la crise. Et voici qu’aujourd’hui, nombre de ceux qui s’étaient faits discrets jusqu’ici et parfois même qui défendaient la ligne suivie au sommet, joignent leur voix aux critiques et aux demandes de ceux qui étaient fustigés hier et souvent traités d’irresponsables ou d’incompétents !

La question est de savoir quel peut être le débouché des initiatives un peu brouillonnes qui fleurissent çà et là, alors que la logique même du système institutionnel de la Vème République – avec un Premier ministre qui « exécute » la politique définie par le Président, une majorité parlementaire contrainte, un parti majoritaire sans marge d’initiative et peu écouté – empêche qu’aboutisse toute expression « déviante ».

La seule réponse me semble résider dans un sursaut des forces de gauche et écologistes pour dialoguer et définir des convergences sur des réformes répondant à l’urgence sociale et aux attentes de nos concitoyens.

C’est dans cet esprit que le club Gauche Avenir travaille depuis 6 mois. Au cours d’auditions publiques, il a écouté des responsables des différents partis et des mouvements du monde syndical et associatif, des intellectuels, des économistes. Les propositions qu’ils ont faites sont susceptibles de contribuer à la construction d’un nouveau pacte majoritaire à gauche autour de quelques mesures fortes. Nous les rendrons publiques prochainement.

paru en tribune libre dans l’Humanité du 5 juin


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