Toubon, "défenseur des droits" : le triomphe du fait du Prince et de l’oligarchie

lundi 14 juillet 2014.
 

Jacques Toubon, ancien cacique du RPR et pilier de l’équipe municipale de Chirac à Paris, est sur le point d’être nommé Défenseur des droits.

Rappelons que cette autorité indépendante est inscrite dans la Constitution (article 71-1) depuis le 23 juillet 2008 et instituée par la loi organique du 29 mars 2011. Elle regroupe les missions du Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité (HALDE) et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité (CNDS). Il est loin le temps où le PS dans l’opposition critiquait ce regroupement (plus de 100 000 dossiers à traiter annuellement par une seule autorité !), ainsi que le pouvoir de nomination du président de la République, après avis des commissions des Lois de l’assemblée nationale et du Sénat qui ne s’imposent que si 3/5èmes des membres de ces commissions s’opposent à une nomination !

Député de Paris de 1981 à 1995, secrétaire général du RPR, ministre de la culture, ministre de la Justice : Jacques Toubon est un pur produit de la Chiraquie et de l’oligarchie de la 5ème République.

Il s’est surtout illustré par des votes et des décisions emblématiques qui ne font pas vraiment de lui un grand "défenseur des droits". Comme député : vote contre la dépénalisation de l’homosexualité, vote contre la loi du 9 octobre 1981 d’abolition de la peine de mort. Comme ministre de la Justice : amnistie des infractions des commandos anti-IVG puis envoi dans l’Himalaya d’un hélicoptère pour y quérir un procureur de la République en vacances, dans l’espoir qu’il mette fin à une enquête tout juste ouverte contre Xavière Tibéri. L’échec retentissant et la médiatisation de cette manoeuvre ont sans doute néanmoins rendu involontairement un grand service à l’indépendance de l’autorité judiciaire.

Mais dans ce système oligarchique, il y a longtemps que l’obscénité et le ridicule ne tuent plus politiquement. Ils assurent au contraire une promotion si tel est le bon plaisir du Prince.

Le Parti de Gauche condamne à la fois la méthode et le choix de cette nomination annoncée alors qu’elle a soulevé beaucoup d’opposition dans les rangs de toutes celles et ceux qui se battent contre les discriminations et pour la défense des droits

Il appelle de ses voeux une 6ème République qui ne serait plus compatible avec ces petits arrangements entre ami-e-s, où seraient reconnu-e-s comme réel-le-s défenseur-e-s des droits les militant-e-s lanceuses et lanceurs d’alertes, bien souvent au péril de leur emploi et de leur tranquillité.


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