Le PCF envoie les socialistes sur les roses

samedi 15 novembre 2014.
 

Pierre Laurent refuse les alliances avec des candidats PS soutenant Valls ou Hollande.

On appelle ça se démarquer. Moins de cinq mois avant les élections départementales, les communistes avertissent leurs alliés socialistes : il n’y aura pas de ticket unique rose et rouge.

Devant près de 800 délégués réunis dimanche à Montreuil en conférence nationale, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, s’est montré clair. Ces élections, les communistes les feront « avec le Front de gauche », mais surtout avec des candidats qui « incarnent le rassemblement de la gauche contre l’austérité ». « Si nous voulons construire nous-même une alternative en 2017, a-t-il justifié, nous devons gagner des batailles. » Comprendre : pas question de faire accord avec des socialistes ou écologistes qui soutiendraient le gouvernement. Pour ceux qui s’y opposent, ça se discute.

Débâcle

« Ça va être difficile de se montrer avec le PS, confirme Aymeric Seassau, responsable PCF en Loire-Atlantique. On ne peut pas aller dans cette élection, comme le dit le PS, avec la seule menace de la droite et de l’extrême droite. Si on y va comme ça, on va perdre. » Puisque ce scrutin départemental des 22 et 29 mars est déjà annoncé comme une débâcle à gauche, autant ne pas se balader avec des tracts et affiches sur lesquels on verrait le poing et la rose. Après avoir laissé les troupes locales choisir leurs alliances au cas par cas lors des municipales de mars, la direction du PCF se montre donc prête à utiliser ces départementales comme une étape de cette « alternative à gauche » devant conduire à la présidentielle de 2017.

« Nous avons besoin de batailles en commun », a expliqué Laurent. Un peu comme les échéances de 2009 et 2010 ont servi à tisser la candidature commune de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Après les départementales, les communistes envisagent déjà de proposer aux écologistes des listes d’union pour « passer devant le PS ». Une stratégie que réclame Jean-Luc Mélenchon depuis un bon moment mais que les Verts ont toujours refusée.

Pour le scrutin de mars, si le Front de gauche doit servir de socle, il faut « élargir », insiste-t-on au PCF. Ecologistes, socialistes « affligés » et autres « convaincus de l’impasse actuelle » à laquelle mène la politique de François Hollande, pourraient ainsi se retrouver dans ces candidatures. « Manuel Valls n’est pas et ne sera jamais le Premier ministre de la gauche », a martelé Laurent devant ses délégués, avant d’en appeler à « une nouvelle majorité de gauche, un nouveau contrat de transformation sociale, écologique et démocratique […] mis en œuvre par un nouveau gouvernement ».

Travaux pratiques

Depuis le printemps, le numéro 1 communiste a multiplié les rencontres, forums et autres colloques avec des représentants écologistes ou bien des parlementaires socialistes étiquetés « frondeurs ». Pour quel résultat ? De simples déclarations d’intentions. Pierre Laurent veut « vite » passer au stade des travaux pratiques. « Maintenant, on s’y met ! Personne ne peut plus rester au milieu du gué », a-t-il lancé à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Pierre Laurent propose ainsi l’organisation d’« assises citoyennes » pour avancer sur ce rassemblement. Il livre quelques idées de réformes comme la « nationalisation des autoroutes », une « nouvelle loi bancaire », une « hausse des salaires », un « impôt éthique » avec une baisse de la TVA et une imposition des revenus issus de la spéculation. Jamais dans un discours le patron du PCF n’avait autant souligné les différences entre « eux » - socialistes - et « nous ».


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