Athènes fait un pas, Berlin un bras d’honneur

mardi 24 février 2015.
 

D) Grèce : Athènes fait des concessions, toujours pas assez pour Berlin

Athènes a fait des concessions jeudi pour obtenir la prolongation de son financement international, jugées aussitôt insuffisantes par Berlin, qui a douché les espoirs de compromis à la veille d’une réunion décisive à Bruxelles.

Le gouvernement grec a envoyé jeudi sa demande d’extension de l’accord d’assistance financière que ses créanciers européens le sommaient d’accepter avant la fin de la semaine. Elle sera discutée vendredi lors d’une réunion de l’Eurogroupe, la troisième en moins de dix jours.

Dans sa lettre, le gouvernement de gauche radicale accepte finalement de demander une "extension" du programme de prêt en cours, alors qu’il avait longtemps plaidé pour le remplacer par un nouvel "accord-relais" temporaire de quatre à six mois.

Il accepte également la "supervision" de ses créanciers (UE, BCE et FMI), même s’il n’utilise plus le terme "troïka". Et il s’engage à "financer pleinement toute nouvelle mesure tout en s’abstenant de toute action unilatérale qui saperait les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière", tout en introduisant une "flexibilité" permettant de revenir sur l’austérité.

Mais le ministère des Finances allemand a rejeté cette proposition en estimant qu’elle ne représentait "pas une solution substantielle" et ne répondait pas aux critères fixés par la zone euro. Parmi eux, figurent l’engagement à ne pas détricoter les réformes déjà engagées, à ne pas mettre sur les rails de nouvelles réformes qui pèseraient sur les finances publiques grecques, ou encore un engagement d’Athènes à rembourser tous ses créanciers.

Dans une réaction visant directement Berlin, le gouvernement grec a estimé que la réunion de vendredi "laissera apparaître qui veut une solution et qui n’en veut pas". "C’est à la fin qu’on verra comment se joue la partie", a souligné un responsable européen, alors qu’un échec des négociations rapprocherait la Grèce de la faillite et d’une sortie de la zone euro.

"Il n’y a plus que l’Allemagne", qui bloque, a estimé une source européenne. "Il y a un vrai problème de personnes" entre le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, et son homologue grec, Yanis Varoufakis, a-t-elle insisté. Pour le Premier ministre français, Manuel Valls, une "solution" est "possible et très rapidement".

- ’Mémorandum’ ou ’MFAFA’ ? -

Après le blocage à deux reprises des négociations ministérielles, des contacts ont eu lieu au plus haut niveau entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et le Premier ministre grec Alexis Tsipras, mais aussi d’autres dirigeants, parmi lesquels la chancelière Angela Merkel. M. Tsipras a aussi cherché des soutiens auprès des dirigeants français et italien, mais sans succès.

Un Euro Working Group, l’instance qui réunit les hauts fonctionnaires de la zone euro, se tenait jeudi après-midi pour préparer la réunion de vendredi.

Le gouvernement grec a contourné l’obstacle du débat sémantique sur l’extension du "prêt" ou du "mémorandum", en ayant recours à un troisième instrument, l’accord cadre d’assistance financière (MFAFA en anglais), signé entre la Grèce et le Fonds de soutien de la zone euro (EFSF).

"Le MFAFA est le terme utilisé pour décrire le programme dans sa forme existante", a indiqué le porte-parole de la Commission, sans préciser s’il inclut une partie des mesures d’austérité rejetées par le nouveau gouvernement grec.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, qui se pose avec M. Juncker en "médiateur", se dit certain qu’il existe des "marges de manœuvre".

Mais l’ancien président français, Valéry Giscard d’Estaing, un grand Européen, a prôné un "friendly exit" (sortie amicale), affirmant que la Grèce "ne peut régler ses problèmes que si elle retrouve une monnaie dévaluable". Les Etats-Unis en revanche ont mis en garde contre "la période difficile" qui attend la Grèce si un accord n’était pas trouvé.

De son côté, la BCE est venue au secours de la Grèce en décidant mercredi de reconduire pour deux semaines le mécanisme de prêts d’urgence accordés aux banques, et de relever à 68,3 milliards d’euros leur plafond, moins toutefois que ce qu’Athènes espérait.

Source : http://www.franceguyane.fr/actualit...

C) Athènes fait un pas, Berlin un bras d’honneur

par Bruno Odent

L’offre de compromis hellène pour prolonger le plan d’assistance financière européen est bien accueillie par la Commission. L’Allemagne s’entête dans le refus.

Source : http://www.humanite.fr/athenes-fait...

B) Dette grecque : si l’Eurogroupe échoue, Athènes demandera une réunion au sommet

Source : http://www.leparisien.fr/economie/d...

Si la réunion de l’Eurogroupe n’aboutit pas vendredi ce vendredi 20 février à une extension du financement de la Grèce, le Premier ministre grec Alexis Tsipras demandera un sommet européen de l’UE en urgence dimanche.

Ce n’est plus la réunion de la dernière chance, même si les négociations sont « compliquées », selon le patron de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem. Selon lui, « il y a des raisons d’être optimiste, mais c’est très difficile ».

Avant même la réunion des ministres des Finances de l’Eurogroupe vendredi après-midi pour un troisième round de négociations avec la Grèce, le commissaire européen allemand, Günther Oettinger (CDU, le parti de la chancelière Merkel), a évoqué une possible nouvelle réunion à Bruxelles sur la Grèce, en cas d’échec des négociations.

« Je crois qu’un accord dans les huit prochains jours est encore possible, le cas échéant lors d’une autre réunion au niveau des chefs de gouvernements », a indiqué Günther Oettinger à la radio Deutschlandfunk. Si tel n’était pas le cas le Premier ministre grec Alexis Tsipras « a informé le Président du conseil européen Donald Tusk que la Grèce demandera un sommet européen de l’UE en urgence dimanche si les discussions de l’Eurogroupe ne donnent pas un résultat positif », selon une source gouvernementale à Athènes.

La Banque centrale européenne (BCE), elle, a annoncé mercredi en début d’après-midi à l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel », qu’elle étudiait une éventuelle sortie de la Grèce de la monnaie unique, une façon peut-être d’inciter les protagonistes à trouver rapidement un compromis.

Médiation avant la réunion

Après deux échecs, pour tenter d’arracher un compromis sur l’extension du programme actuel d’aide financière, qui s’achève le 28 février, il y a urgence : la Grèce risque de se retrouver rapidement à court d’argent, et poussée vers la sortie. Preuve que la diplomatie européenne s’agite en coulisse, la réunion, initialement prévue à 15 heures, a été repoussée. Elle n’a finalement débuté que vers 18h30.

Mais le community manager du Premier ministre grec avait tout de même envoyé, à 14 heures, un tweet par lequel Tsipras donne rendez-vous à l’histoire.

Avant la réunion, le président de la zone euro, Jeroen Dijsselbloem, la patronne du FMI Christine Lagarde et le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici menaient une mission de bons offices, vendredi, entre les ministres allemand et grec des Finances. D’un côté, le flamboyant Yanis Varoufakis, qui veut tourner résolument la page de l’austérité. De l’autre, le conservateur Wolfgang Schäuble, qui exige qu’Athènes poursuive l’assainissement de ses finances publiques et les réformes structurelles auxquelles elle a consenti en échange de 240 milliards d’euros de prêts.

Mais en fin d’après-midi, seuls les trois responsables continuaient de discuter entre eux, selon une source proche des négociations. Les discussions portent sur un paquet incluant d’importantes concessions de la part de la Grèce, « encore au-delà » de celles consenties dans la lettre envoyée jeudi pour réclamer une extension de son programme d’assistance financière, a-t-elle ajouté.

Après avoir campé sur des positions très radicales, provoquant un clash à Bruxelles, la Grèce a demandé jeudi dans une lettre une extension de l’accord d’assistance financière que la zone euro la sommait d’accepter avant la fin de la semaine. Le gouvernement grec s’est dit également prêt à accepter la supervision de la troïka (Union européenne, BCE et FMI). En échange, il réclame de la « flexibilité » quant aux mesures d’austérité, un terme flou dont les Européens craignent qu’il ne recouvre plusieurs degrés d’interprétation, voire de mauvaise foi.

A) Grèce : Berlin veut pousser son avantage

Source : http://www.latribune.fr/actualites/...

Le gouvernement grec a cédé beaucoup de terrain dans sa demande de financement de six mois. Mais l’Allemagne veut pousser son avantage. sur le même sujet

Lorsque l’on a commencé à boire la coupe, il faut aller à la lie. Voici, en substance, la réaction de l’Allemagne à la demande de financement qu’a déposé, ce jeudi 19 février, le gouvernement hellénique auprès du président de l’Eurogroupe, le ministre des Finances néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Ce qu’Athènes a accepté

Dans cette demande, signée du ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, la Grèce avait pourtant fait de larges concessions, allant plus loin que le document proposé lundi par Pierre Moscovici et remplacé par Jeroen Dijsselbloem. Athènes affirmait ainsi « reconnaître comme engageant le contenu financier et juridique de l’accord de financement (Master facility agreement) passé avec le Fonds européen de Stabilité financière (FESF). » Cette disposition reconnaissait de fait, conformément à l’article 10-1 de l’accord, le droit des créanciers « d’envoyer ses agents ou d’autres représentants pour mener les contrôles financiers ou techniques qu’ils jugeront bons de réaliser. » Bref, c’était admettre la poursuite d’un contrôle par « les institutions », puisque la lettre ne parle plus de la troïka. En réalité, c’était faire revivre une forme nouvelle de troïka.

Cette lettre affirme à nouveau la volonté de la Grèce de se soumettre aux contrôles des créanciers en renonçant « à toute action unilatérale qui pourrait remettre en cause les objectifs budgétaires, la reprise économique et la stabilité financière. » Cette phrase, qui avait été jusqu’ici refusée par la Grèce limite de facto la souveraineté budgétaire du pays qui devra donc mener sa politique budgétaire dans les cadres définis en accord avec ses créanciers. Du reste, Athènes s’engageait à dégager des « excédents appropriés. » En attendant, le pays s’en remet aux « flexibilités » comprise dans les accords, comme l’exigeait la déclaration de Jeroen Dijsselbloem lundi qu’Athènes avait refusé de signer. Les demandes de la Grèce

Moyennant quoi, la Grèce demandait la poursuite du financement, l’acceptation par la BCE de la dérogation concernant l’acceptation de la dette grecque à son guichet suspendue le 4 février dernier, mais aussi l’ouverture de discussions sur la dette et la croissance. Yanis Varoufakis demande donc que l’on utilise l’extension du financement pour « entamer le travail des équipes techniques sur un nouveau contrat pour la croissance et la reprise que les autorités grecques envisagent. » Il rappelle également que l’Eurogroupe se souvienne de sa décision de novembre 2012, où il envisageait « de possibles mesures sur la dette », donc que l’on entame des négociations sur la restructuration de la dette. Gagner du temps pour Athènes

Sans être une « capitulation » complète comme certains l’avancent, le gouvernement d’Alexis Tsipras a cédé sur des points importants : la reconnaissance des engagements passés et le refus de toute « action unilatérale. » Devant la dégradation de la situation économique, devant le manque de liquidité à venir de l’Etat (mercredi, le gouvernement a reconnu ne plus avoir de quoi se financer en mars), devant la faible augmentation de l’accès à la liquidité d’urgence de la BCE mercredi (seulement 3,3 milliards de plus), Athènes n’a pas voulu tenter le diable du Grexit. Le gouvernement s’est incliné devant les principales demandes européennes pour gagner du temps. Il s’est agi pour lui de laisser passer le mois d’août et donc les principales échéances de remboursement des dettes détenus par la BCE et le FMI. Ces échéances de près de 9 milliards d’euros en tout étaient impossibles à honorer sans aide externe. Une fois ces échéances passées, Athènes pense sans doute avoir plus de liberté d’agir. Portes ouvertes à la négociation

Par ailleurs, la lettre de Yanis Varoufakis laisse beaucoup de portes ouvertes à la négociation pour l’avenir : elle amène les créanciers du pays à négocier sur la dette et la croissance du pays. Athènes laisse aussi en suspens la question centrale des excédents primaires. Elle n’accepte pas explicitement les objectifs fixés en 2012. Autrement dit, elle les contraint à négocier. Par ailleurs, Athènes lie l’usage de la flexibilité « donnée par l’accord actuel (...) sur la base des propositions de la partie grecque et des institutions. » Autrement dit, Athènes tente de modifier le fonctionnement de la troïka en en faisant un lieu de discussion et de coopération, non d’injonctions. Ceci est cohérent avec le programme de Syriza. La signification du mouvement grec

Pourtant, en cédant sur ces points, la Grèce s’est placée nettement dans une position de faiblesse. Elle a été la première à céder dans la partie de bras de fer. La position édictée avant l’élection du 25 janvier par Yanis Varoufakis dans une interview à la Tribune selon laquelle « la Grèce n’avait plus rien à perdre » est désormais invalidée. Devant l’urgence, Athènes est prête à céder sur des points essentiels. Elle a donc beaucoup à perdre. Le message envoyé aux créanciers est celui-ci : nous craignons davantage le Grexit que vous. L’Allemagne, qui avait imposé lundi une position très ferme, a donc gagné une partie essentielle.

Elle a donc toutes les raisons du monde de pousser encore son avantage en rejetant cette lettre. Le gouvernement allemand a rapidement fait savoir que cette lettre ne pouvait pas « constituer une solution. » Ce que demande Berlin, c’est clairement la poursuite de l’accord de 2012 in extenso. Ne rien changer, donc. La flexibilité doit être laissée à l’appréciation de la troïka et la négociation sur la dette n’est pas acquise. Berlin veut aussi maintenir explicitement les objectifs d’excédents primaires. Ce que veut l’Allemagne

La position de l’Allemagne est logique : son coup de force de lundi a fonctionné, Athènes a cédé en premier. Elle veut que sa victoire soit complète. Alexis Tsipras a commencé à nouer autour de son cou la cravate que lui a offert Matteo Renzi le 3 février dernier et Berlin juge bon que l’on serre le nœud jusqu’au bout. L’enjeu pour le ministre allemand des Finances est central : il s’agit de prouver qu’aucune élection ne peut modifier les règles fixées auparavant et que la zone euro est prête pour cela à aller jusqu’au bout. Ainsi les électeurs espagnols tentés par Podemos ou irlandais tentés par le Sinn Fein devront y réfléchir à deux fois avant de placer leur bulletin dans l’urne. Le résultat sera que la démocratie en zone euro deviendra une démocratie encadrée par des règles destinées à appliquer certaines politiques économiques plutôt que d’autres. Wolfgang Schäuble est sur le point de réussir son pari.

Dans la réunion de l’Eurogroupe de ce vendredi 20 février, Athènes va devoir décider si elle refuse d’aller plus loin dans les concessions, ou si elle place l’urgence financière avant toute chose. Dans le second cas, elle devra céder à la logique allemande. Mais maintenant qu’elle a cédé la première, rétablir l’équilibre sera difficile. A moins que l’Eurogroupe décide de se dresser contre le maximalisme de Wolfgang Schäuble. Ce que les ministres des finances de la zone euro ont refusé de faire lundi... Ou bien - et ce serait un coup de théâtre, à moins que les Grecs ont cédé pour mieux montré l’intransigeance allemande et pouvoir refuser toute responsabilité en cas d’aggravation de la crise. C’est ce qu’a laissé entendre un responsable grec à Reuters en affirmant que la proposition hellénique était "à prendre ou à laisser."


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