France : Changement climatique et montée du niveau des mers

mardi 1er août 2017.
 

Un rapport rendu hier au ministère de l’écologie ne laisse plus de doute 
sur la montée du niveau de la mer et ses effets sur les côtes françaises.

Pour les spécialistes du climat, qui ont remis ce mercredi à Ségolène Royal leur rapport sur les «  changements climatiques et le niveau de la mer  », la question n’est plus de savoir si la France va faire face à la montée des eaux, mais plutôt comment le pays, qui présente le deuxième espace maritime au monde, doit s’adapter. Les maux (submersions, inondations, érosions, intrusion des eaux salées dans les nappes phréatiques, impacts sur les infrastructures côtières et portuaires), qui ne font plus de doute et vont empirer, appellent une prise de conscience et un nouveau mode de gestion de ces risques.

Les côtes françaises n’échappent pas au contexte global. La dilatation des eaux causée par le réchauffement, la fonte des glaciers et des calottes glacières, ainsi que le pompage dans les aquifères côtiers, ont provoqué une élévation du niveau moyen des mers de 18,7 cm entre 1901 et 2011 (+ 1,7 mm/an). La tendance semble même s’emballer  : + 3,2 mm/an de 1993 à 2014, soit + 6,7 cm ces vingt dernières années. Ce n’est qu’un avant-goût des projections du Giec. L’horizon des mers en 2100 est élevé  : + 26 à 55 cm en cas de lutte résolue contre les rejets de gaz à effet de serre, sinon, + 45 à 82 cm. La France est dans le même bateau que les autres, puisque 85 % des côtes mondiales vont être touchées. Les littoraux d’outre-mer, qui se trouvent dans les zones où les niveaux moyens ont le plus augmenté, sont en première ligne.

Les côtes de métropoles jouissent, elles, d’une hausse moins marquée en Atlantique Nord, liée à des conditions particulières. Mais les petits effets de l’élévation produisent déjà de grandes causes. «  Quelques dizaines de millimètres de surcote au large ont provoqué une hausse de 10 mètres du niveau de l’eau dans le port de La Rochelle  », révèle Gonéri Le Cozannet, du Bureau de recherches géologiques et minières. Une simulation à Palavas-les-Flots montre qu’une hausse de 35 cm du niveau de la Méditerranée amènerait de l’eau salée jusqu’aux étangs derrière la station, avec inondation de certaines rues. Mais un mètre, et toute la cité balnéaire serait sous les eaux. Des arbitrages qui 
s’annoncent cornéliens

Les conséquences de la montée du niveau des mers imposent de revoir les stratégies du développement côtier. Le bétonnage est toujours possible. Mais chaque mètre d’élévation des océans implique de rehausser les digues de deux à trois mètres. Et ces ouvrages présentent des effets pervers  : ici l’engraissement d’une plage, mais là l’érosion d’une bande côtière. «  Dans un premier temps, il faut anticiper le redimensionnement des infrastructures. Mais, dans certains endroits, la relocalisation vers l’intérieur des terres représente le dernier recours  », explique Gonéri Le Cozannet. Cinq programmes de repli d’activités et d’urbanisation sont déjà à l’étude en France. Les arbitrages s’annoncent cornéliens. «  L’ajout de défenses côtières se chiffrerait en centaines de millions d’euros. Mais relocaliser les 2 700 bâtiments construits sous le niveau de la mer dans la Manche coûterait 2 milliards d’euros. Ceux du Calvados, 6 milliards. Quant aux routes, c’est 4 milliards de plus  », estime l’élue régionale Muriel Jozeau-Marigné. Qui reprend  : «  Jusqu’en 2007, nous appelions notre stratégie littorale politique de défense contre la mer. Depuis, nous parlons de “gestion durable de la zone côtière”.  »

Stéphane Guérard, L’Humanité


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