L’Allemagne profite de la crise de la zone euro : depuis 2008 elle y a gagné 193 milliards

samedi 25 juillet 2015.
 

Le comportement du gouvernement allemand dans la crise grecque a surpris – et inquiété – beaucoup d’observateurs : comment se fait-il qu’il soit, avec le soutien manifeste de son opinion publique, d’aussi mauvaise volonté ? Pourquoi n’est-il prêt à aucune concession de nature à résoudre – enfin – la grave crise que traverse la zone euro depuis cinq ans maintenant ? Ne mesure-t-il pas le risque que son intransigeance fait courir non seulement à l’euro mais à la construction européenne elle-même ? Il y a cependant une explication rationnelle à ce comportement étrange : pour l’instant, la crise de la zone euro est une bonne affaire pour l’Allemagne…

Depuis 2010, Angela Merkel a refusé dans un premier temps toutes les réformes indispensables pour sauver l’euro

Cette interrogation est en fait récurrente depuis 2010 : à chaque fois, le gouvernement d’Angela Merkel a commencé par refuser catégoriquement les réformes qui étaient pourtant manifestement indispensables pour sauver l’euro. Heureusement, sauf dans l’affaire grecque (qui est loin d’être terminée), Angela Merkel a jusqu’ici fini par les accepter du bout des lèvres, à la dernière minute. Tout en les assortissant cependant de conditions toujours plus restrictives en matière de politiques budgétaires. Résultat, la crise perdure en dépit des réformes mises en œuvre à cause de l’effet récessif de ces politiques contre-productives.

Il y a beaucoup d’explications possibles à ce comportement en apparence irrationnel, notamment de caractère culturel : l’esprit moralisateur protestant… Mais il ne faut sans doute pas négliger le rôle d’un facteur objectif et bien réel : jusqu’ici, la crise de la zone euro a été en pratique une bonne affaire pour l’Allemagne. Et en particulier pour l’Etat allemand.

Une valeur refuge

Pourquoi ? Parce qu’elle fait des titres de dettes allemands une valeur refuge, ce qui, associé à la politique monétaire laxiste de la Banque centrale européenne, permet à l’Allemagne de profiter de taux d’intérêts exceptionnellement bas.

Alors que nos voisins payaient 69 milliards d’intérêts sur leur dette publique en 2008, ils ne devraient plus en payer que 48 cette année bien que cette dette se soit accrue de 490 milliards d’euros depuis. Si les Allemands avaient dû servir cette année les intérêts de leur dette publique au taux où ils le faisaient en 2008, ils auraient dû payer au contraire 93 milliards d’euros, deux fois plus, selon les chiffres fournis par la Commission européenne.

Loin de coûter quoi que ce soit à l’Allemagne, la crise de la zone euro lui rapporte beaucoup

Au total, entre 2008 et 2015 les contribuables allemands ont donc économisé ainsi 193 milliards d’euros ! Malgré les aides apportées par l’Allemagne à la Grèce, à l’Irlande, à Chypre et au Portugal (qui ne sont en réalité que des prêts à des taux plus élevés que ceux de la dette allemande), la crise, et sa poursuite, sont donc une excellente affaire pour l’Etat allemand.

Pour continuer la lecture de cet article excellent, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message