La question du rassemblement a été au cœur de notre Remue-Méninges

mardi 8 septembre 2015.
 

Demain c’est déjà aujourd’hui

Toutes les nouvelles de l’été n’ont pas été bonnes, loin de là. Y compris pour notre « camp ». Le dénouement des négociations entre l’Eurogroupe et le gouvernement Tsipras en est l’exemple le plus évident. Nous en avons abondamment parlé par ailleurs.

Dans ce contexte, la réussite de notre Remue-Méninges est une bonne nouvelle. Notre université a clos en effet de belle manière un été plutôt bien rempli et réussi pour le PG depuis son congrès. Cela ne transforme pas la situation mais au moins disposons-nous d’un outil en bon état de marche. On nous autorisera à penser que ce n’est pas seulement une bonne nouvelle pour le PG dès lors que nous ambitionnons d’être, avant tout, le facilitateur des rassemblements citoyens et de l’unité de l’opposition de gauche.

Le succès de notre université d’été n’est pas seulement une question de nombre. Il l’est : 1000 personnes sur trois jours alors même, en raison de notre congrès, que nous avons débuté fort en retard son organisation, c’est inespéré. Il n’est pas seulement une question de qualité des débats. Il l’est, les salles ayant été à chaque fois remplies ce qui est la meilleure preuve de l’opportunité et des thèmes choisis et de la qualité des intervenants. Il n’est pas seulement une question de convivialité. Il l’est car une université estivale doit naturellement en être baignée. Louons de ce point de vue, comme d’autres d’ailleurs, l’organisation et l’accueil de nos camarades de Haute-Garonne. Le succès de notre université tient aussi au rassemblement affiché et non feint. Quel contraste entre les images venues de La Rochelle et les nôtres de ce point de vue. Chez nous avec nos partenaires du FDG, d’EELV, du NGS, du NPA, du MRC même, pas de procès mais des débats constructifs. On a parlé possibilité de rassemblement, pas de soumission. Même des MJS étaient parmi nous et manifestement ils ont apprécié être accueillis avec des sourires et non des bousculades.

Mais comment imaginer qu’il en soit autrement ? Comment le PS peut-il imaginer rassembler la gauche, lui dont le gouvernement s’enferre toujours plus à la rentrée dans une politique de droite ? Voilà Sapin parlant de réduire toujours plus les dépenses publiques, y compris en contraignant les collectivités territoriales à le faire - ce qu’avait déjà proposé le FN - pour dégager 2 milliards de baisse d’impôts. Voilà Najat Vallaud-Belkacem obligée de mentir sur tous les médias pour cacher la réalité d’une rentrée scolaire qui s’annonce catastrophique, ce qu’a parfaitement démontré notre SN à l’éducation Paul Vannier dans une série de communiqués cette semaine. Voilà Macron annonçant tout haut, c’est son seul tort en réalité, ce que le gouvernement de Valls s’apprête à faire tout bas en s’attaquant à la durée légale hebdomadaire du temps de travail. Voilà que EDF, avec la bienveillance du gouvernement, maintient l’objectif d’ouvrir l’EPR de Flamanville après avoir repoussé aux calendes grecques la fermeture de Fessenheim, signe que le nucléaire, loi de transition énergétique ou pas, est toujours considéré par le pouvoir en place comme la réponse principale au réchauffement en cette année de Cop21. Voilà Hollande annonçant la poursuite d’une politique d’austérité et de l’offre dont tous les indices économiques en France comme en Europe confirment qu’elle entraîne les peuples à la catastrophe. Voilà enfin, si d’aucuns voulaient s’illusionner sur la suite, le même François Hollande expliquant dans un livre écrit par la journaliste Françoise Fressoz du Monde (« Le stage est fini ») qu’il regrette juste de ne pas avoir poursuivi tout de suite la politique de Nicolas Sarkozy et assume, par contre, ne pas avoir tenté de renégocier le Traité européen comme il s’y était engagé. Voilà ce qu’il dit de l’affrontement avec Merkel que cela aurait supposé : « Qu’est-ce que ça aurait changé ? Je n’aurais obtenu aucun gain sur le plan budgétaire, j’aurais créé une déstabilisation dans la zone euro, j’aurais suscité une marginalisation de la France ».

On ne peut mieux dire le renoncement à s’appuyer sur le mandat donné par le peuple de la deuxième puissance européenne. Grâce à Hollande, la France n’est effectivement pas seulement marginalisée, elle est humiliée et subit toujours plus l’ordolibéralisme allemand et un euro-mark qui déstabilise son économie. Et le plus triste, Tsipras a pu s’en rendre compte, c’est qu’elle a même renoncé à incarner un espoir pour les peuples qui ont le courage, même dans un rapport de force incomparablement plus défavorable, de se lever face à la Troïka.

Comment le PS peut-il imaginer rassembler la gauche et plus largement le peuple avec un tel bilan de rentrée ? Par la seule peur du FN ? Cela ne marche plus, chacun sentant bien que c’est sa politique qui désormais le fait fructifier.

La question du rassemblement a donc été au cœur de notre Remue-Méninges. Rassemblement de l’autre gauche européenne (partis, personnalités, économistes, syndicalistes, militants associatifs) que nous proposons dans un sommet internationaliste du Plan B. Depuis le 18 août, date de son lancement, l’idée est devenue concrète. Elle a avancé lors d’un riche débat qui lui a été dédiée à Toulouse. Elle sera précisée plus encore le samedi 12 septembre à la Fête de l’Humanité sur notre stand, où nous accueillons un meeting de Oskar Lafontaine, Yanis Varoufakis, Jean-Luc Mélenchon et peut-être Zoé Konstantopoulo.

Rassemblement en France de toutes les forces de gauche refusant de gouverner avec le PS. Car il est de leur devoir d’être utiles à notre peuple en lui proposant des alternatives de gouvernement et, dans un premier temps, de nouvelles majorités pour les conseils régionaux. Cela a été au centre de nos propositions à notre Remue-Méninges : comment accroître le nombre de régions où FDG, EELV et les autres soutiennent des rassemblements citoyens ? Comment aussi - car l’unité de ces forces, si elle est indispensable, ne suffit pas - les mettre au service d’un projet et de propositions exemplaires, tant dans la lutte contre l’austérité et le productivisme que pour une démocratie renouvelée.

De ce point de vue nos camarades de Barcelone venus à notre Remue-Méninges ont ouvert la voie avec non seulement un programme de rupture avec l’austérité mais également une charte civique garantissant qu’ils appliqueront dès maintenant à leurs élus, notamment sur la question du non cumul des mandats, ce qu’ils souhaitent plus globalement pour la démocratie espagnole. Comment les partisans de la 6ème République que sont tous les partenaires avec qui nous discutons ne feraient-ils pas de même dès ces élections régionales ? A Barcelone comme à Madrid les listes citoyennes qui l’on emporté ont également vu les partis soutenir des constructions originales permettant à tous ceux, militants politiques ou pas, de construire réellement les propositions et la stratégie. Comment, alors que nous nous référons tous à ces victoires, ne pas au moins poser des premiers jalons en ce sens ? C’est ce que nous avons également renouvelé comme proposition à nos partenaires dans le débat sur les élections régionales dimanche dernier qui a précédé le discours de Jean-Luc Mélenchon. Enfin, comme il est nécessaire que tous les électeurs se reconnaissant dans nos différentes sensibilités se retrouvent dans nos listes, il faut éviter tout ce qui pourrait apparaître comme ralliement à une force. C’est le sens du label commun que nous proposons, qui assure en plus une lisibilité nationale indispensable, mais aussi d’une construction reposant sur des binômes paritaires.

Que l’on ne s’y trompe pas, le panorama global est meilleur qu’il y a deux mois. Les récents départs à EELV ont encore éclairci la voie. Il est possible, nous le souhaitons, que dans les 13 régions françaises des rassemblements citoyens soient soutenus par le FDG. Mais il n’est pas interdit d’espérer qu’aux quatre régions où les discussions sont les plus avancées avec EELV (Auvergne Rhône Alpes, PACA, Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon, Nord-Pas de Calais Picardie) se rajoutent plusieurs autres y compris l’Ile-de-France. C’est ce que nous allons essayer de construire cette semaine lors des rendez-vous au sein du FDG comme d’EELV. Après tout, un tel rassemblement reposant sur ces critères, y compris une charte civique proche de celle des Barcelonais, semble bien parti entre toutes nos forces dans la région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon avec, à la clef, la capacité d’être du coup en tête des listes de « gauche » au soir du 1er tour. Pourquoi ne pas l’imaginer ailleurs ? Rien n’est fait, mais c’est possible du moment que nous ayons conscience de l’urgence de la situation et de la nécessité absolue de proposer une alternative. Pas en théorie, pour demain, mais en pratique. Parce que nous ne pourrons bousculer la donne que si, pour reprendre encore l’exemple des Barcelonais - qui songent à en faire leur slogan pour les prochaines législatives - nos listes prouvent qu’avec elles « Demain, c’est déjà aujourd’hui ».


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