Après les régionales, de nouveaux obstacles à une candidature Duflot en 2017 apparaissent

mardi 29 décembre 2015.
 

Au lendemain des régionales, chacun fait ses comptes. A Europe Ecologie-Les Verts, ils sont vite faits. Le parti d’Emmanuelle Cosse n’a obtenu que 66 conseillers régionaux contre 265 en 2010. Une perte considérable qui aura des conséquences non seulement financières mais aussi politiques. Car ces élections font un sacré trou dans le stock d’élus EELV et vont compliquer la tâche des écologistes si ces derniers décidaient de présenter un candidat à la présidentielle de 2017. « La question de la candidature se pose avant tout d’un point de vue politique, rappelle Denis Baupin, député de Paris. Est-ce qu’il y a un espace pour une candidature écolo alors qu’il y a un risque important d’avoir Marine Le Pen au second tour ? C’est cette question qu’il faut se poser. »

Pour pouvoir se présenter à une présidentielle, il faut au préalable réunir 500 parrainages que seuls les maires, parlementaires, députés européens, conseillers départementaux et régionaux peuvent donner. Selon les chiffres de la Fédération des élus verts et écologistes (FEVE), qui recense les élus écologistes au sens large et non les seuls encartés à EELV, ces derniers ne sont plus qu’environ 275. Cela ne signifie pas que les écologistes ne réussiront pas à obtenir les signatures nécessaires à une éventuelle candidature, mais cela rend leur collecte plus compliquée. Ce qui ne semble pas effrayer Yves Contassot, l’ancien mandataire financier d’Eva Joly pour la présidentielle de 2012. « Ça demandera du travail, reconnaît le conseiller de Paris. Mais je ne me fais aucun souci. Des maires de droite viendront taper à notre porte. On n’ira pas les chercher mais on les aura. »

A cela s’ajoute une situation financière bien délicate. Le parti était déjà lourdement endetté avant les régionales. Il doit désormais compter sans les reversements de près de 200 conseillers régionaux, soit 600 000 euros de moins par an pour les finances des régions. Il faut aussi rembourser les frais de campagnes dans les deux régions où EELV n’a pas fait 5 % et ne peut donc pas prétendre à une aide de l’Etat. Si en Bourgogne-Franche-Comté, ce résultat avait été anticipé, ce n’était pas le cas en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où EELV, allié au Parti de gauche, a dépensé 350 000 euros. Une souscription lancée au lendemain du premier tour a déjà permis de récolter 140 000 euros, affirme Thierry Brochot, secrétaire régional de Picardie.

« Une campagne à petit budget »

Mardi, lors d’un bureau exécutif, la direction du parti a réaffirmé sa volonté de vendre rapidement son siège parisien affiché à 3,5 millions d’euros et qui n’a toujours pas trouvé preneur. Des mesures d’économie, pour près de 400 000 euros, ont également été listées qui devront être adoptées par le prochain conseil fédéral d’EELV, les 9 et 10 janvier 2016. Un vote qui s’annonce douloureux : « une baisse de la masse salariale » a en effet été actée. Selon Jacques Boutault, membre de la direction et maire du 2e arrondissement de Paris, « le licenciement d’un tiers des salariés » sur les 16 qui travaillent au siège est « sur la table ».

La direction ne semble cependant pas inquiète sur la capacité financière du parti à présenter un candidat en 2017. Son trésorier, Jean Desessard, rappelle que les prétendants qui réussissent à réunir les 500 signatures et qui font moins de 5 % des voix peuvent obtenir le remboursement de leurs frais à hauteur de 800 000 euros. « Mais ça veut dire que la campagne devra se limiter au plafond de remboursement, note M. Boutault. Ce devra être une campagne à petit budget. »

Pas de quoi faire les affaires de Cécile Duflot. Depuis plusieurs mois, l’ex-ministre du logement indique se préparer à l’éventualité d’une candidature. Elle l’a redit mardi 15 décembre dans un entretien au Monde. Reste que dans les sondages, à dix-sept mois de l’échéance, sa candidature ne décolle pas. Dans une étude TNS Sofres pour Le Figaro parue mercredi, l’ex-ministre du logement est toujours donnée à 3 %. A peine mieux qu’Eva Joly qui avait réuni 2,31 % des voix en 2012.

Après avoir quitté avec fracas le gouvernement en 2014, Mme Duflot tend désormais la main à François Hollande en conditionnant sa présence en 2017 à la mise en place d’une « coalition de transformation » alliant socialistes, écologistes et communistes. « C’est la dernière occasion que le président de la République a pour infléchir le message, explique David Cormand, numéro deux d’EELV. Soit il fait ça, soit le PS devient le parti de l’accompagnement qui ne fait que maintenir le système. »

Raphaëlle Besse Desmoulières

Journaliste au Monde


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