VIVE LE COMMUNISME ! LENINE REVEILLE TOI ILS SONT DEVENUS FOUS !

dimanche 18 septembre 2016.
 

Il est désespérément urgent que notre génération transmette les espoirs communistes de nos Printemps.

Le capitalisme affame les trois quarts de l’humanité. L’article de Robert Mascarell Vive le communisme ! Les staliniens ça suffit ! http://www.gauchemip.org/spip.php?a..., publié quarante huit ans après l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, crée un espace où l’espoir communiste peut apparaître.

Robert Mascarell écrit : « Quant à la plaie, que je croyais solidement refermée, il faut savoir qu’avant de s’ouvrir la première fois et de devenir béante et purulente, au milieu des années 1970, la plaie en question n’avait été qu’une égratignure contractée au milieu de l’année 1969. J’étais membre du PCF depuis 1963, secrétaire de la section de Romainville (93). J’avais apprécié que la direction de mon parti, dirigé par Waldeck Rochet, ait dénoncé l’intervention de l’URSS en Tchécoslovaquie, en août 1968, mettant fin au Printemps de Prague. Mais ensuite, j’avais regretté assez vivement que Georges Marchais, remplaçant Waldeck, malade, début 1969, et mon parti, soient restés totalement silencieux devant la normalisation de ce pays, imposée par l’URSS. Passé mon regret exprimé ouvertement dans l’intimité du parti, j’avais décidé, à tort, de poursuivre mon bonhomme de chemin de petit cadre du PCF, non permanent. »

Quarante huit ans après, le débat est-il relancé ? Tout est là. Les espoirs, les déceptions, les interrogations, les ruptures, les résistances, le sentiment de fin d’époque, le sentiment de commencement, la couleur du temps de ce carrefour du communisme.

La nouvelle diffusée par les transistors au matin du 21 août 1968 a cruellement frappé plus d’un militant communiste à Paris, à Rome et ailleurs. Nous entendons encore Aragon : « O mes amis, est-ce que tout est perdu ? » Mais l’univers des partis communistes n’était plus douze ans après le XX° congrès du Parti communiste soviétique celui des tranquilles certitudes de l’époque stalinienne que les dirigeants soviétiques sans doute imaginaient. Les premières « condamnations« de l’action du Pacte de Varsovie tombent peu de temps après les communiqués, diffusés à l’aube, des partis communistes soviétique, bulgare, hongrois, est-allemand et polonais, qui justifient l’intervention par « l’existence de la contre-révolution en Tchécoslovaquie. » En Pologne, on parle, en plus, du « danger du sionisme. »

Dans la même journée, les partis communistes yougoslave, roumain, français, italien, belge, danois, finnois, hollandais, irlandais, islandais, norvégien, autrichien, de San Marino, d’Irlande du Nord, suédois, australien, suisse, australien et britannique disent non. En quels termes ?

La Ligue des Communistes yougoslaves « désapprouve fermement l’action des cinq pays. » Elle défend « les principes de souveraineté et du droit de chaque parti de déterminer sa propre politique », elle critique « la politique du partage du monde en deux blocs, qui défavorise les petits pays. »

Les termes de la condamnation sont prudents et diplomatiques, ils s’inscrivent dans la politique yougoslave en faveur d’un monde sans blocs militaires antagonistes depuis la rupture Staline Tito en 1948. Nous apprenons cependant que l’armée yougoslave mobilise. Vingt-ans après la guerre, l’Armée populaire yougoslave est encore largement encadrée par les « anciens » de l’Armée de libération nationale et de détachements de partisans de Yougoslavie, qui, on s’en souvient, a libéré la Yougoslavie de l’occupation nazie et fasciste, pratiquement sans l’aide des Soviétiques. Situation préoccupante s’il en est pour les dirigeants soviétiques.

Au même moment, le parti communiste roumain « désapprouve sans équivoque » l’action des cinq pays en Tchécoslovaquie. Outre les arguments que constitue « le droit pour chaque pays et chaque parti de suivre sa propre voie », il souligne « la souveraineté politique de chaque Etat socialiste et la nécessité d’établir des relations dans le camp socialiste telles que ce droit soit respecté. »

La Roumanie fait partie du Pacte de Varsovie, mais la Roumanie communiste de Ceausescu ne participe pas à l’action militaire des cinq pays. Nous apprenons que le gouvernement roumain a interdit son territoire aux préparatifs d’invasion, l’état-major du pacte de Varsovie n’a pas osé forcer le passage. L’armé roumaine mobilise. La direction du Parti communiste roumain revendique « sa propre voie » ; nous ne sommes pas sans savoir que beaucoup de communistes ont péri dans le passé pour avoir osé revendiquer leur « propre voie. » Mais Staline est mort depuis quinze ans.

Que diront les « partis frères » des pays capitalistes ?

Le Parti communiste belge se prononce « contre l’action militaire », et soutient la thèse d’après laquelle « l’indépendance des partis communistes est le point essentiel du renforcement du mouvement ouvrier mondial. »

Le Parti communiste danois exprime que l’action militaire « est incompatible avec les principes d’égalité selon lesquels chaque pays doit avoir la possibilité de développer sa propre démocratie socialiste suivant ses conditions particulières. » Il fait savoir que « la réaction internationale tirera profit de cette action militaire pour contrer le mouvement communiste international. » C’est ce que les dirigeants soviétiques apparemment ne redoutent pas.

Le Parti communiste finnois souligne que l’action militaire est « nuisible ou mouvement ouvrier mondial. »

Le parti communiste hollandais présente un manifeste et considère sa « solidarité envers le Parti communiste tchécoslovaque comme un devoir internationaliste. » Déclaration redoutable s’il en est pour Moscou, qui communique inlassablement que l’action des cinq pays du Pacte de Varsovie est un « devoir internationaliste envers les communistes tchécoslovaques. »

Le Parti communiste norvégien « désapprouve l’action militaire. »

Le Parti socialiste uni d’Islande et le Parti ouvrier irlandais « désapprouvent » l’action du Pacte de Varsovie.

Le Parti communiste d’Irlande du Nord considère l’action militaire comme une « erreur grave. »

Le Parti communiste de San Marino « désapprouve l’action. »

Le Parti communiste espagnol exprime prudemment son « désaccord avec l’action militaire », mais le courage des militants espagnols n’échappe à personne, le parti vit dans la clandestinité et en exil.

La Parti travailliste suisse se déclare « contre l’action militaire. »

Le Parti communiste australien « refuse l’action des cinq pays. »

Le parti communiste de Grande Bretagne exprime son « regret devant cette action militaire », »aucune raison capable de justifier cet acte n’a été apportée. »

Trois partis communistes demandent le retrait immédiat des troupes étrangères de Tchécoslovaquie.

Le Parti de gauche suédois – les communistes - « désapprouve très vivement l’action et demande le retrait inconditionnel des troupes étrangères du territoire tchécoslovaque. »

Le Parti communiste autrichien a fait une déclaration sur « la nécessité du départ des armées des cinq pays », et sur celle « d’appliquer le programme d’action du Parti communiste tchécoslovaque ». Il se montre « prêt à soutenir le Parti communiste tchécoslovaque dans son effort d’autonomie. »

Si la direction du Parti communiste autrichien se montre aussi rapide et dans les conditions aussi dramatiques – les armées du Pacte de Varsovie frôlent la frontière autrichienne - dans son soutien au programme d’action de la direction de Dubcek, c’est que la base militante est traversée par des courants réformistes démocratiques comme la promesse d’un autre avenir commun.

Le Parti communiste italien, dans plusieurs documents et proclamations officielles , « désapprouve l’entrée des armées des cinq pays en Tchécoslovaquie. » Il soutient « le cours de la politique d’après-janvier (après la nomination d’Alexander Dubcek à la tête du PCT, le 5 janvier 1968) de la vie politique en Tchécoslovaquie », et « le départ des troupes sont considérés par le Parti communiste italien comme le pas le plus important à faire pour que les relations entre les pays socialistes puissent se développer sur la base de l’égalité et de l’indépendance et de la souveraineté de chaque Etat. »

Le parti communiste italien soutient les réformes démocratiques entreprises depuis janvier 1968, et exigent le départ des troupes soviétiques : les torrents d’enthousiasme dans les transistors.

Et le PCF ?

Les nouvelles de Paris, attendues avec impatience également, ne vont pas tarder. Le Parti communiste français a fait rapidement plusieurs déclarations à travers lesquels il « désapprouve la manière de procéder des cinq pays. » Waldeck Rochet juge cette action comme une « erreur grave. » Le parti communiste « demande la normalisation en Tchécoslovaquie dans le cadre de la souveraineté du Parti communiste tchécoslovaque et du gouvernement tchécoslovaque. »

La direction de Walter Rochet juge l’action militaire soviétique comme « une erreur grave », mais elle ne juge pas utile pour l’instant de demander aux dirigeants soviétiques de réparer cette « erreur », en retirant leurs troupes du territoire tchécoslovaque. Les communistes tchécoslovaques sont confiants, « cet oubli sera vite réparé. » Il est à présumer que l’aube du 21 août 1968 annonce une époque nouvelle dans ce pays qui a embrassé Octobre à la Libération : « Rentrez chez vous ! », le cri de ralliement de tous les partisans tchèques et slovaques du « socialisme à visage humain. » « Les camarades français doivent comprendre cela. »

La nuit tombe sur la capitale tchécoslovaque. Les cellules de la fédération de Prague du parti, qui compte 182 000 militants, siégeront toutes toute la nuit. La décision de convoquer le XIV congrès extraordinaire pour le 23 août a été prise. Il sera pris en charge par les cellules des usines CKD dans le 9e arrondissement, qui comptent 70 000 militants communistes syndicalistes. Les 15 000 membres des Milices ouvrières en armes sont déjà mobilisés.

La nuit tombe sur Prague. Les murs sont couverts d’inscriptions : « Lénine réveille-toi, ils sont devenus fous. » Les troupes soviétiques sont en mouvement toute la nuit, les soldats font semblant de ne pas voir les inscriptions en russe : « Allez au Vietnam. »

Dans quelques heures, le Figaro annoncera à la une : « Le grand schisme commence. »

La nuit descend sur le jour fatidique. « Tout est possible » à Paris, quelques semaines après la victoire électorale de la droite. « Tout est possible » à Prague, quelques heures après l’action militaire contre le Printemps de Prague.

Y avait-il une autre voie possible pour les communistes français ?

Je pense en particulier aux militants, et aussi aux « anciens », que j’ai rencontrés depuis, et qui affirment encore aujourd’hui : « Je n’aurais jamais adhéré au parti communiste s’il n’avait pas condamné l’intervention en Tchécoslovaquie. »

La France est la patrie de tous les exilés. Mon coeur battait en mai devant le petit écran en noir et blanc qui transmettait les images « non censurées » du Quartier Latin. Mais il ne fait aucun doute que je n’aurais jamais osé partir en exil avec mon sac à dos en septembre, si le Parti communiste français n’avait pas « désapprouvé » l’action militaire le 21 août.

Karel Kostal


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