L’interminable débâcle nucléaire.

samedi 18 novembre 2017.
 

Chaque mois et même désormais chaque semaine se multiplient les mauvaises nouvelles liées à l’énergie nucléaire. Jeudi 9 novembre, un nouvel « incident significatif de sûreté » a touché la centrale de Paluel en Normandie : des équipements de refroidissement étaient en panne en raison de la … rouille ! Le risque était bien connu depuis plusieurs mois car l’Autorité de Sûreté nucléaire a alerté sur la rouille qui endommage les tuyaux de refroidissement ou les groupes électrogènes de secours d’une vingtaine de centrales. La cause est un défaut de maintenance touchant en fait l’essentiel du parc nucléaire du pays. C’est dans ce contexte « corrosif » que le ministre Hulot a annoncé le report d’au moins 10 ans (de 2025 à 2035) de la modeste baisse votée en 2015 de la part du nucléaire de 75 à 50 %. Son seul mérite est sa franchise, alors que le nucléaire est devenu en France une véritable industrie du mensonge, notamment en terme de délais, jamais respectés, et de coûts, toujours dépassés.

Le gouvernement a ainsi validé la fuite en avant du lobby nucléaire dans le maintien et même le prolongement à tout prix du parc nucléaire. Son but est de repousser le plus longtemps possible un démantèlement qui est tellement coûteux et complexe qu’EDF a déjà reporté au siècle prochain (le 22ème !) l’achèvement prévisible du démantèlement de 6 vieux réacteurs déjà à l’arrêt depuis plusieurs années. Plutôt que d’investir immédiatement dans ce démantèlement, EDF préfère tout miser sur le prolongement au-delà de 40 ans des centrales existantes. D’abord estimé à 50 milliards, ce « grand carénage » devrait coûter plus de 100 milliards. Il s’agirait ainsi de prolonger pour une bonne moitié du 21ème siècle des choix du milieu du 20ème siècle ... et d’envisager la suite plus tard. Ce choix historique aggraverait le retard désormais pris par la France dans les énergies renouvelables, dont toutes les filières sont freinées par un gigantesque effet d’éviction nucléaire qui aspire crédits, compétences et attentions. Alors même que la filière nucléaire supprime des emplois (moins 10 000 en 10 ans) et perd de l’argent au point que l’État a dû lui verser plus de 10 milliards rien qu’en 2017 !

Sortir rationnellement de cette impasse financière et technique suppose de briser le verrou démocratique entourant le nucléaire en France. Et d’ouvrir un débat national sur la sortie du nucléaire, sanctionné par un vote par référendum. Les citoyens feraient ainsi œuvre utile pour toute l’humanité, en raison de la lourde responsabilité de la France dans un risque nucléaire mondial dont les récentes traces de ruthénium-106, venues de l’Est de l’Europe et détectées dans le sud de la France, ont montré qu’il se joue des frontières.

Laurent Maffeïs


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