Algérie : les nouvelles menaces de l’armée

mercredi 24 juillet 2019.
 

Alors que la répression s’accentue et que les condamnations de manifestants se multiplient, le chef de l’état-major algérien, Ahmed Gaïd Salah, a mis en garde ceux qui s’opposent à l’armée, mercredi 10 juillet. Il a aussi réitéré sa confiance dans le président par intérim, dont le mandat officiel est arrivé à terme mardi.

Le chef de l’état-major et nouvel homme fort de l’Algérie, Ahmed Gaïd Salah, s’en est pris à ceux qui scandent le slogan “pour un état civil et non militaire” dans les rues algériennes depuis février. Scandée par des centaines de milliers de manifestants, cette phrase est devenue le symbole de la peur d’une prise de pouvoir par l’armée face à la vacance du pouvoir.

Lors d’un discours prononcé à Alger, mercredi 10 juillet, le vice-ministre de la Défense a assuré que l’armée souhaitait organiser des élections présidentielles rapidement “en dépit des embûches que sèment sur son chemin certains de ceux qui répugnent le bon déroulement de ce processus constitutionnel judicieux, à l’instar des slogans mensongers”, rapporte Tout sur l’Algérie (TSA).

Un slogan adopté par des millions d’Algériens

“C’est la première fois que le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah réagit aussi ouvertement à un slogan adopté par des millions de manifestants dans les rues de toutes les villes du pays”, réagit le site d’information Algérie Part, qui insiste sur les “critiques sévères” adressées par le général au slogan. Ahmed Gaïd Salah a ainsi ajouté :

“Ce sont là des idées empoisonnées qui leur ont été dictées par des cercles hostiles à l’Algérie et à ses institutions constitutionnelles. Des cercles qui vouent une haine inavouée envers l’Armée Nationale Populaire.”

“Gaïd Salah menace…”, constate de son côté El Watan. Sans nommer directement les manifestants, le chef de l’armée algérienne a accusé “des traîtres qui ont vendu leur âme et conscience et sont devenus des outils manipulables voire dangereux”. D’après TSA, Gaïd Salah vise “des cercles qui sont toujours en lien avec l’ancien patron des services de renseignement [Saïd Bouteflika], aujourd’hui incarcéré à la prison militaire de Blida, et qui cherchent à échapper à la justice”. Il a appelé à “plus de vigilance et de prudence concernant l’encadrement de ces marches”.

Gaïd Salah a aussi dénié le qualificatif de “prisonniers politiques et de prisonniers d’opinion” aux détenus incarcérés pour avoir porté l’emblème amazigh, le drapeau berbère. “Croient-ils que le peuple algérien permettra à quiconque d’insulter son emblème national ?”, a-t-il feint d’interroger, alors que le nombre de drapeaux berbères dans les manifestations a explosé depuis son interdiction par le chef de l’armée.

Dans son discours, Gaïd Salah a également réitéré la confiance de l’armée dans le président par intérim, Abdelkader Bensalah, dont le mandat officiel est arrivé à terme mardi 9 juillet. “Rejeté par la rue et une partie de l’opposition qui demande son départ, Abdelkader Bensalah a reçu un appui sans faille du chef d’état-major qui a loué son appel au dialogue”, relate TSA. Les opposants au régime dénoncent “un vide constitutionnel” en Algérie et les juristes algériens ont annoncé de grandes manifestations dès jeudi 11 juillet.

Courrier International


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