À la Convention de la droite le 28 septembre Marion Maréchal-Le Pen, a affirmé : « Demain, j’en suis intimement convaincue, nous serons au pouvoir. » Elle affiche ainsi clairement son ambition première, celle d’un rassemblement des droites autour des thématiques les plus réactionnaires. Preuve en est la composition du plateau de sa convention, qui, par-delà le buzz médiatique produit par les sorties d’Éric Zemmour, a réuni la pensée conservatrice, s’inspirant des méthodes mises en œuvres aux États-Unis. La présence de Candace Owens, soutien inconditionnel de Donald Trump et invitée régulière de Fox News auprès de l’eurodéputé Gilbert Collard ou du député LR Xavier Breton trace un large arc de cercle idéologique. Face à un Emmanuel Macron qui a siphonné une large partie de l’électorat de LR par sa politique économique libérale elle entend reconstruire un pôle idéologique, profitant du retrait de Laurent Wauquiez.
Si l’on a retenu de cette convention la polémique Zemmour, qui était invité à ouvrir la cérémonie, on aurait tort de n’y voir qu’un épiphénomène. Comme le montre très bien Gérard Noiriel dans son dernier livre le venin et la plume, il incarne un mouvement beaucoup plus vaste. En un sens, c’est dès aujourd’hui que les idées de cette droite sont au pouvoir : parce qu’une partie de l’oligarchie médiatique lui ouvre toutes ses portes. De même que Trump a conquis le pouvoir en passant préalablement par les réseaux et les chaînes d’information en continu ou les talk-shows, de même les idées de la droite sont martelées quotidiennement dans l’opinion par ces canaux. Ils sont nombreux à avoir participé à la pollution des ondes et des écrans en sur-invitant les porte-paroles d’une droite conservatrice faisant mine d’être victimes d’une censure alors qu’ils accaparent les temps de parole. La comparaison opérée par Gérard Noiriel avec les techniques utilisées par Drumont et les antisémites en leur temps est édifiante.
De là à dire que les idées de cette extrême « droite » sont au pouvoir il n’y a qu’un pas. Ils mènent une bataille culturelle et idéologique. C’est là toute l’ambiguïté du « en même temps » d’Emmanuel Macron. Il se doit à la fois de présenter comme rempart à l’extrême droite, tout en reprenant certaines de ses thématiques pour continuer à regrouper une part de l’électorat conservateur. Sa relance des polémiques sur l’immigration n’en est qu’une des formes. Par-delà les fantasmes, rapportés au nombre d’habitants, la France se situe au 16° rang des pays accueillant des demandeurs de droit d’asile en Europe. En relayant les cris alarmistes sur une prétendue submersion migratoire, Emmanuel Macron joue un rôle très dangereux.
Benoît Schneckenburger
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