Police : Ce sera donc Taser et étranglement

mercredi 24 juin 2020.
 

Comment désamorcer le mouvement contre les violences policières ? Castaner a fait du Castaner. Le 8 juin, il a ressorti de son arsenal rhétorique la « tolérance zéro » mais cette fois à l’égard des policiers qui se laisseraient aller à des insultes racistes ou sexistes, voire à un comportement brutal injustifié. Et il a annoncé la suppression de la méthode dite de l’étranglement pour appuyer sa mâle résolution. Mais pour tempérer les réactions policières face à cette soudaine « fermeté », il a proposé de troquer le procédé contre l’utilisation du PIE - pistolet à impulsion électrique - plus connu sous son nom de marque de Taser.

L’engin a fait ses preuves. On l’utilise en moyenne déjà 6 fois par jour en France si l’on en croit l’IGPN et il est réputé « inoffensif » : une décharge de 50.000 volts traverse le corps de l’interpellé durant 5 secondes, tétanise son système nerveux et musculaire. C’est certes atrocement douloureux mais il n’est pas fatal. En principe. En décembre dernier, un « déséquilibré » que les policiers voulaient arrêter est décédé des suites d’un arrêt cardio-respiratoire après avoir essuyé trois tirs successifs de PIE. Six mois plus tôt, un trentenaire avait lui aussi fait un malaise cardiaque mortel à la suite de tir(s ?) de PIE. Et aux États-Unis, expérimentés en la matière, on dépasserait les 500 morts depuis 2001. Parmi les critiques, Amnesty International dénonce « une arme dangereuse » quand l’ONU, plus précisément, la fustige comme « une forme de torture ». Même le syndicat SGP-police concède « qu’une personne (qui a) un problème cardiaque (...) peut en mourir ».

Mais dès le jeudi 11, confronté aux protestations policières façon jets de menottes à terre, Castaner a paniqué. Au point le lendemain de s’humilier devant les syndicats de police manifestant selon eux « remords ou regrets par rapport à des propos qu’il n’avait pas mesurés ». Il avait déjà laissé entendre qu’il serait finalement raisonnable d’autoriser « l’étranglement respiratoire » mais pas « l’étranglement sanguin » (!) laissant aux médecins légistes le soin de l’interprétation sémantique. Au final, ce sera donc étranglement et Taser. Après avoir couvert si ce n’est encouragé la violence à l’égard des Gilets jaunes et du mouvement contre la réforme des retraites, il semblait délicat de fâcher une police qui fait peur si utilement. Un rétropédalage conforme aux déclarations d’Edouard Philippe : « Je ne veux pas que la peur change de camp. » Un beau projet de société !

Jean-Luc Bertet


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