Covid 19 : La drôle de guerre

mardi 27 octobre 2020.
 

Pour Clausewitz (De la guerre, 1832) la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Emmanuel Macron, médite sans doute cette maxime depuis le 16 mars 2020. À six reprises, il avait invoqué la guerre, parlant de « mobilisation générale » contre un « ennemi (…) invisible, insaisissable ». Dès lors il est normal que les décisions qu’il prenne se fasse dans un « conseil de défense », et qu’il use de tout l’arsenal constitutionnel, décrétant l’état d’urgence. Pour celles et ceux qui n’auraient pas encore compris, en décrétant le couvre-feu, mesure d’assignation à résidence exceptionnelle, il confirme sa volonté de faire la guerre.

Mais de quelle guerre s’agit-il ? Cet ennemi qui, hier, était invisible, quel est-il ? L’exécutif, servilement aidé par des médias devenus organes de propagande – comme cela l’avait été lors de la guerre du Golfe – prend en effet des mesures contraignantes. Il n’a que le mot restriction à la bouche. Les citoyen.e.s sont restreints dans leurs déplacements. Leur temps de loisir est contraint, et le premier secteur touché c’est bien la culture, manière ironique de nous rappeler que le loisir, étymologiquement, renvoyait bien au souci de soi et à l’émancipation et pas au divertissement, quand les plateformes multinationales se trouvent renforcées. De semaine en semaine, les interventions des ministres culpabilisent la population et la maintiennent dans un état de stress, en attendant craintivement des nouvelles mesures parfois absurdes, souvent iniques. Comme dans les animaux malades de la peste, les coupables sont livrés à la vindicte : les joggers, les jeunes, les réunions familiales. Jamais ne sont évoqués les causes structurelles de la pandémie, jamais ne sont désignés les coupables de l’état de nos services hôpitaux. Ces derniers sont même récompensés, l’actuel Directeur Général de la Santé, Jérome Salomon, étant comptable dans le passé de la destruction du stock de masques passant de 754 millions, à 100 millions, pariant sur la capacité du marché à les fournir.

On nous dira que la critique est facile, quand la crise sanitaire s’invite sur le théâtre des opérations. Mais quelle a été la bataille contre le virus ? Huit mois nous séparent du confinement généralisé. Le gouvernement a continué sa politique et gère en libéral la crise. Il rend obligatoire des masques payants dont le marché a fait monter les prix. Il déplore l’engorgement des hôpitaux mais n’a construit aucun hôpital de campagne ou mobilisé le service de santé des armées. La nouvelle assignation à résidence, de 21h à 6h finit de réaliser le rêve du capitalisme : des foules contraintes d’aller travailler malgré les risques, confinées ensuite dans le cercle restreint de la sphère privée, diminuant drastiquement les interactions sociales. Un homo-economicus parfait. Nous sommes en guerre, la guerre sociale. Il est temps de répondre et de rappeler à l’exécutif la réalité de la lutte des classes.

Benoît Schneckenburger


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