Extrait d’un excellent article de Mediapart
Plusieurs enquêtes judiciaires, finalement regroupées en une seule, ont mis au jour ces dernières années des pratiques barbouzardes de Bernard Squarcini et ses équipes au bénéfice de LVMH. Ces faits valent aujourd’hui seize mises en examen à l’ancien maître-espion, surnommé « Le Squale », qui conteste les faits et reste présumé innocent.
Comme Mediapart l’a déjà rapporté, le soupçon judiciaire porte tout à la fois sur la manière dont l’entreprise LVMH, par l’entremise de Bernard Squarcini mais aussi d’un ancien magistrat à son service, a essayé d’obtenir des informations confidentielles sur une enquête judiciaire la visant dans un conflit avec Hermès ; sur l’utilisation des services secrets intérieurs pour mettre fin à une affaire de chantage sans lien avec la sécurité nationale et la défense du patrimoine économique français ; ou encore sur l’espionnage du futur député François Ruffin et de son journal Fakir pendant la réalisation du documentaire à succès Merci Patron !, consacré à Bernard Arnault.
Tous ces faits sont qualifiés entre autres, selon l’enquête judiciaire, de « trafic d’influence », d’« atteinte à la vie privée », d’« abus de confiance », de « recel de violation du secret professionnel ou de l’enquête ». Outre Bernard Squarcini, de nombreuses personnes en lien avec LVMH sont mises en examen : directeur de la sécurité, ancien patron de la police judiciaire parisienne, anciens policiers reconvertis dans le privé, ex-agents du renseignement, etc.
« Dans mon affaire d’espionnage, LVMH tente de s’acheter une justice, avec la bénédiction du parquet », a commenté, jeudi soir, François Ruffin, député La France insoumise de la Somme. Qui poursuit : « À la demande du groupe de luxe LVMH, Bernard Squarcini a procédé à ma surveillance, durant le tournage de Merci patron ! Avec ses complices, il est donc, comme l’a révélé Mediapart, mis en examen pour “atteinte à la vie privée”, “exercice illégal de professions réglementées relevant des activités de sécurité privée” et “exercice illégal d’agent de recherches privées” ».
Une procédure d’exception, avec espèces sonnantes et trébuchantes, qui ressuscite le commerce des indulgences.
François Ruffin, député La France insoumise
« Le groupe LVMH est mis en cause comme commanditaire. Mais qu’apprend-on ? Que le parquet de Paris a discrètement négocié une convention avec LVMH : contre un chèque de dix millions d’euros, le procès pénal n’aurait pas lieu. Les accusations seraient oubliées. Le groupe de luxe échapperait à la justice », ajoute l’actuel député, qui parle d’une « affaire politique », eu égard aux liens notoires entre Bernard Arnault et les époux Macron.
François Ruffin, qui demande à la présidence du tribunal de ne pas ratifier la convention signée par LVMH et le parquet, dénonce enfin une « procédure d’exception, avec espèces sonnantes et trébuchantes, qui ressuscite le commerce des indulgences ».
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