Guadeloupe : exemple de gouvernance néo-libérale

vendredi 31 décembre 2021.
 

« La Guadeloupe d’aujourd’hui, c’est ce qui attend l’Hexagone demain », a martelé Jean-Luc Mélenchon lors de son meeting sur l’île mercredi 15 décembre. L’état des lieux ne fait pas envie. Le taux de chômage est le double de la métropole, 35% des 15-29 ans et 34% de la population vivent en-dessous du seuil de pauvreté national contre 14% en métropole. Ce ne sont pas les 1100 personnels de santé licenciés pour opposition à la vaccination anti-Covid obligatoire qui vont améliorer la situation - sans parler du plan sanitaire.

D’après des médecins hospitaliers de l’île, le chlordecone, insecticide toxique et hautement cancérigène, persistant dans les sols 6 à 7 siècles et employé dans les bananeraies de 1972 à 1993 pourrait associé au vaccin anti-Covid constituer un cocktail propice à l’apparition de problèmes cardiaques. 95% de la population insulaire est contaminée par le chlordecone. D’où une compréhensible défiance envers les décisions d’un pouvoir d’Etat prompt à envoyer le RAID et le GIGN pour les imposer.

Et « en même temps » ne rien faire pour les services de base. Car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, dans cette île tropicale, on manque d’eau potable. Pour boire, pour se laver, pour éteindre les éventuels incendies… Mathilde Panot, députée LFI n’en est pas à son premier déplacement en Guadeloupe. Elle vient, avec le député guadeloupéen LREM Olivier Serva de saisir la Défenseure des droits pour que les alertes qu’elle n’a cessées d’adresser soient enfin suivies d’effets, rappelant comme le disent les textes internationaux comme nationaux que « le droit à une eau potable salubre et propre est un droit fondamental, essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’homme ».

Car eau, il n’y en a pas toujours. 60% de l’eau potable produite se perd dans les milliers de fuites de canalisations, vétustes et non entretenues, obligeant les habitants à guetter les « tours d’eau » qui par rotation amènent, ou pas, l’eau au robinet. Une eau pas toujours potable puisque le réseau d’assainissement répand lui ses eaux usées un peu partout. Entre autres résultats, des écoles ferment un mois et demi l’an par manque d’eau dans les sanitaires, et, en période de Covid, le personnel soignant n’a pas toujours le moyen de se laver les mains.

La Guadeloupe n’est pas la France métropolitaine mais la mise en garde de Jean-Luc Mélenchon rappelle qu’aux mêmes causes les mêmes effets. La formule finale de son meeting guadeloupéen « quand tout sera privé, vous serez privés de tout » résume la pente fatale du néolibéralisme qui n’a d’autre adversaire que l’avenir en commun.

Jean-Luc Bertet


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message