Ukraine Russie : L’histoire sans fin

samedi 5 mars 2022.
 

Vladimir Poutine porte désormais la responsabilité d’un basculement terrible, replongeant le continent européen dans la crainte de la guerre sans limites. Quelles que fussent les provocations passées consistant à revenir sur la parole donnée après l’implosion de l’URSS concernant les limites de l’OTAN, le chef du Kremlin a par sa décision franchi les limites du droit international en envahissant l’Ukraine. Ses menaces directes d’une épuration idéologique annoncent de nouvelles exactions. L’allusion à la force nucléaire montre le niveau de tension incroyable dans le lequel nous sommes désormais. L’OTAN à son tour y répond, le ministre des affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian s’en remettant lui aussi à notre puissance nucléaire.

L’action, plus que jamais, doit être consacrée à faire émerger les conditions d’une paix consentie par toutes les parties. Cela suppose tout à la fois que les frontières de l’Ukraine soient respectées, et que la Russie n’ait pas d’inquiétude quant à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Plus généralement, l’ensemble des points de tension frontaliers en Europe doivent désormais trouver une solution d’entente si l’on veut éteindre les causes d’un embrasement plus vaste.

Cette nouvelle guerre en Europe confirme hélas que l’histoire ne s’est pas arrêtée avec la chute du mur de Berlin. Les guerres n’ont pas cessé : guerres du Golfe, guerres de l’ex-Yougoslavie, conflits en Afrique sub-saharienne, pour ne mentionner que celles-là, montrent que la fin de la guerre froide n’a pas conduit à la paix. La concurrence entre les puissances d’hier, celles d’aujourd’hui et celles émergentes, porte toujours en germe la tempête guerrière. Terrible leçon. La guerre est bien, selon les mots de Clausewitz, la continuation de la politique par d’autres moyens. Mais ne croyons pas, par un effet d’inversion rhétorique, que la politique ne se mène que par la guerre. La désescalade est possible, et la dignité de l’action politique consiste à passer de l’agression au rapport de force, puis à la paix et à la coopération.

La concurrence économique, loin d’y pourvoir, ouvre sans cesse de nouveaux fronts. L’accumulation primitive du capital, par l’expropriation et le pillage colonial, a laissé des traces, tandis que certains cherchent de nouveau, par les terres rares ou dans l’espace sidéral de nouveaux terrains. À l’encontre de ces logiques prédatrices, l’intérêt humain impose que la paix devienne l’objet permanent des considérations géopolitiques. Le risque climatique ne pourra, lui aussi, être affronté que par une humanité pacifiée, capable de mettre en avant la solidarité. L’histoire qui se livre de nouveau à un de ses coups de tonnerre nous le rappelle tristement. La fin de l’histoire n’est pas pour aujourd’hui, mais il est peut-être possible d’infléchir son trajet : et parce que cela est possible, nous le devons.


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