L’émancipation de l’Homme passe par un combat idéologique acharné contre l’esprit de soumission (article de Respublica)

lundi 14 septembre 2015.
 

Tout en étant en désaccord sur de nombreux points avec ce texte, il nous a paru suffisamment approfondi comme contribution à la réflexion.

La situation politique française actuelle est typique d’un peuple qui a perdu ses repères culturels, d’où d’énormes confusions qui créent les embardées politiques que nous venons de vivre ces dernières années.

Un Medef idéologiquement bien armé

En face du peuple, un MEDEF idéologiquement bien armé qui a donc su manœuvrer aux présidentielles :

* regroupement des droites UMP avec les centristes en masse de manœuvre latérale avec « en face » Ségolène Royale en challenger choisi, le tout avec en arrière plan le pitbull Le Pen ;

* face aux Verts, ils font monter Nicolas Hulot et sa charte... signée par tous les partis, les Verts sont donc pulvérisés ;

* on fait monter de concert, comme d’habitude, les gauchistes et les communautaristes pour serrer le PCF à sa droite et à sa gauche.

Ce qui s’est passé à ATTAC en était une préfiguration pour essai réussi. A cela, il (le MEDEF) rajoute le rachat de quelques intellectuels de gauche connus pour embrumer un peu plus un paysage délétère. Dès lors, il ne reste plus qu’à faire jouer à leur poulain Nicolas Sarkozy le rôle de bon-père-protecteur-du-peuple-qui-va-vous-protéger-du-délinquant-du-quartier (d’en face), des-immigrants-à-tout-va, et même de-la-mondialisation-délocalisation (son fameux discours) : les 3 à 4 % qui ont fait basculer.

Une réhabilitation de la pensée de gauche est donc urgente

Selon nous, elle doit se structurer sur la base de la démocratisation en profondeur :

* de l’orientation,

* de la production,

* de la répartition des richesses.

Le tout dans une restructuration culturelle indispensable et vigoureuse de la Nation, qu’il convient de ne plus laisser dénaturer par le FN. Les valeurs d’égalité, de laïcité, de solidarité en sont la matrice. Là où il n’y a pas d’identification culturelle, la démocratisation est impossible, les soumissions (colonisations) idéologiques certaines : il est fréquent d’entendre l’intelligentsia sous influence s’exprimer de manière hautaine sur "le franco-français". Le sous-entendu est qu’il faut se débarrasser des oripeaux de la culture française encore trop imprégnée des valeurs de la révolution de 1789, et qu’il convient de se "moderniser" en adoptant les principes de la culture qui a réussi à s’approfondir et donc à s’imposer actuellement : la culture anglo-saxonne.

Le problème est alors que les Français ne seront jamais aussi bons que les anglo-saxons eux-mêmes sur leurs propres terrains. La question n’est évidemment pas de s’enfermer dans une forteresse culturelle, mais de pomper les éléments des autres cultures pour approfondir sa propre culture philosophique, scientifique et technique. L’expression "franco-français" signifie en réalité une substitution de cultures, c’est-à-dire une soumission. C’est un piège idéologique.

L’élite déculturée

L’ "élite" déculturée devient alors le vecteur idéologique de la "nouvelle-gouvernance-post-moderne" en France, moyen essentiel de démanteler l’autonomie politique et économique, ce que même les Britanniques ne feront jamais. A cet égard, le mot de souveraineté n’intervient que deux fois dans feu le projet de traité constitutionnel européen : à l’occasion de la souveraineté du Royaume-Uni.

L’émancipation de l’Homme passe par un combat idéologique acharné contre l’esprit de soumission, dont celui de délégation en est l’un des aspects. Le salariat est le fondement de la déresponsabilisation sociale parce qu’il est par essence soumission : il faut le tuer. Ainsi, la démocratisation de l’orientation, de la production et de la répartition des richesses ne doit pas passer par une étatisation des organisations productives (abusivement dénommée nationalisation) tout en gardant un salariat soumis, mais par une démocratisation des systèmes productifs où tous les producteurs ont la responsabilité des choix stratégiques de chaque organisation. Les modalités institutionnelles sont à inventer. Il ne convient pas ici de tomber dans les défauts de l’autogestion : les décisions tactiques, c’est-à-dire opérationnelles relevant des compétences, demeurent par essence hiérarchique.

La question du pouvoir est centrale

On ne peut l’évacuer au nom de l’on ne sait quelle pureté. Face au capital, il convient de lui saisir les piliers qui font sa force de domination :

* maîtrise collective totale du secteur bancaire ;

* maîtrise des secteurs stratégiques : énergie, transport, eau, armement, formation et innovation, santé.

Il ne faut pas se cacher la réalité : nous sommes en guerre idéologique ouverte en vue d’une soumission versus émancipation économique et sociale. Il convient donc de s’armer, d’une part pour convaincre (aspect offensif) et d’autre part, en même temps, pour esquiver les coups de l’adversaire sous peine de naïveté mortelle (aspect défensif). Le capital est rompu à ces pratiques ; il convient donc d’armer le maximum de militants aux méthodes de la stratégie politique et économique. Le combat idéologique se situe sur deux fronts : celui contre l’idéologie du capital incarnée en France par le MEDEF, celui complémentaire de l’invasion de la culture anglo-saxonne. Son objectif réel est inexorablement de faire accepter la domination économique, ce qui n’est rien d’autre qu’un processus classique de colonisation (la France est le pays le plus colonisé de tous les pays développés : elle n’aura bientôt plus la maîtrise de son destin au rythme des rachats des secteurs économiques essentiels par les multinationales étrangères à dominante états-uniennes).

Source

Jean-Pierre Beux

Raphael Favier

Jean-Pierre Escaffre


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