MYANMAR (Birmanie) La junte se lance à nouveau dans la répression policière : 4 morts, 100 blessés, 200 arrestations

mercredi 26 septembre 2007.
 

Dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 septembre, la junte militaire au pouvoir à Rangoon a décidé d’imposer un "couvre-feu", plaçant ainsi les deux principales villes du pays sous régime militaire.

Mercredi 26 septembre, vers 12H00 locales (05H30 GMT), les forces de sécurité ont chargé quelque 700 personnes, principalement des étudiants mais aussi des bonzes, qui commençaient à se rassembler non loin de la pagode Shwedagon. Les manifestants ont été frappés indistinctement à coups de matraque. La junte a ensuite étendu la répression faisant charger des dizaines de milliers de manifestants à Rangoun où au moins quatre personnes -un civil et trois moines- ont été tuées et cent blessées.

Trois autres civils ont été blessés par des balles tirées par les forces de sécurité, a indiqué à l’AFP un responsable hospitalier. Parmi ceux-ci figure une femme atteinte à la poitrine.

Dans des incidents distincts avec les militaires et policiers, au moins trois moines bouddhistes ont été tués, selon un responsable birman ayant requis l’anonymat.

Un bonze a été tué par un coup de feu alors qu’il tentait de désarmer un soldat et deux autres religieux ont été battus à mort, a dit cette source.

Le ton a changé. Lundi soir et mardi matin, les autorités birmanes ont annoncé qu’elles prendraient des mesures contre ceux qui se joindraient aux défilés des moines bouddhistes. Malgré ces avertissements, mardi, en milieu de journée, à Rangoon, des dizaines de milliers de personnes se rassemblaient dans les rues du centre-ville autour de la pagode Sule.

Selon le site du magazine birman en exil The Irrawaddy, des camions militaires sillonnaient, mardi, les rues de l’ancienne capitale et diffusaient des messages par mégaphone demandant à la population à ne pas se joindre aux manifestations et de ne pas les regarder. Dans des messages diffusés à la télévision nationale, le ministre des Affaires religieuses a demandé aux bonzes de rentrer dans leurs monastères et de se tenir a l’écart de la politique.

Les marches des moines, qui ont débuté le 18 septembre, ont pris une tournure de plus en plus politique au fil des jours. Des centaines de milliers de personnes ont bravé la peur pour se joindre à leur défilé dans l’ancienne capitale et dans plusieurs villes de province. Les slogans appelant à la réconciliation nationale ont peu à peu remplacé les chants de prière bouddhistes. D’après certains témoins cités par The Irrawaddy, des drapeaux de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti sorti vainqueur des élections de 1990 mais interdit depuis, on été brandis dans plusieurs cortèges ce week-end. Samedi, les manifestants ont pu s’arrêter devant la maison d’Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix et figure du combat pour la démocratie, qui vit en résidence surveillée depuis 2003. Un signe fort, compte tenu de l’ostracisme dans lequel le régime tient à maintenir Aung San Suu Kyi.

Le Myanmar est agité par une série de manifestations depuis l’annonce d’une hausse des prix du carburant le 15 août dernier. Alors que le mouvement perdait de l’ampleur du fait de la répression contre les opposants politiques, les moines ont pris le relais. Très respectés par la population majoritairement bouddhiste, les bonzes jouent un rôle crucial dans le tissu social.

L’Alliance de tous les moines bouddhistes birmans, une organisation récemment créée, avait donné aux autorités jusqu’au 17 septembre pour présenter des excuses après les violences commises le 5 septembre contre les bonzes qui manifestaient à Pakokku, au centre du pays. Faute de quoi, l’Alliance encouragerait les bonzes à refuser les donations venant des militaires et de leurs familles ainsi que de leurs affidés et à manifester.

Les manifestations sont extrêmement rares au Myanmar, qui vit sous régime militaire depuis 1962. La junte s’est durcie en 1988, à la suite d’une révolte réclamant l’instauration de la démocratie. Les protestations avaient été réprimées dans le sang et, depuis, de nombreux opposants sont emprisonnés.

Christine Chaumeau


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