Pesticides : En finir avec l’agriculture mortifère

mardi 31 mai 2022.
 

Est-il besoin de rappeler l’importance du rôle des insectes pollinisateurs ? On estime leur contribution indispensable à un tiers des cultures destinées à notre alimentation, à 75% de l’ensemble de la production agricole en prenant en compte quantité et qualité des rendements et à 90% de la reproduction des plantes sauvages.

Mais ces précieux auxiliaires accusent une diminution de leurs effectifs, entre 2 et 53% en Europe selon les pays pour les abeilles domestiques. Préoccupé à juste titre par leur taux d’extinction rapide et élevé (100 à 1000 fois plus que la normale), l’ONU a décrété depuis 4 ans une Journée mondiale des abeilles, le 20 mai.

Le lendemain, samedi 21 mai, est appelée, par de nombreuses associations dans de plusieurs villes de France et soutenue par les principales forces de gauche, une « Marche contre Monsento-Bayer et l’Agrochimie ». Les deux firmes désormais réunies ont fabriqué entre autres le Zyklon B pour les chambres à gaz des nazis, l’agent Orange, un défoliant répandu sur le Vietnam durant la guerre qui a affecté la santé de 3 millions de personnes et durablement l’environnement. Les pollinisateurs ont, eux, à souffrir de leur production de glyphosate et de néonicotinoïdes. Ces « tueurs d’abeilles » les éliminent à petit feu, occasionnant des malformations, des perturbations du comportement - orientation, reconnaissance des plantes, etc.

Macron s’était donné en 2017 trois ans pour interdire le glyphosate classé de surcroît cancérigène par l’OMS. Mais il s’est incliné devant les lobbies agricoles. Pire, l’UE qui doit réexaminer l’autorisation de son emploi dès la fin de cette année risque d’opter pour la pérennité de son usage. Pour ce qui est des insecticides néonicotinoïdes, interdits en 2018, le gouvernement les a réintroduits en 2020 au motif du sauvetage de la filière de la betterave sucrière. La dérogation court officiellement jusqu’en 2023. Et après ? Une autre dérogation ?

La rupture avec l’agriculture industrielle et robotique s’impose. Si on prend au sérieux les alertes du GIEC comme viennent de le faire 8 jeunes nouveaux ingénieur.es juste diplômé.es d’AgroParis Tech. Constatant « que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur Terre », ils ont appelé leurs camarades de promo à déserter de leur poste. Peut-on par exemple prétendre remplacer les abeilles par des drones pollinisateurs ? En Californie, on rêve de la performance de ces machines qui devraient polliniser 16 hectares à l’heure. Et surtout permettre une augmentation de production de 25% pour les amandiers et 50 à 60% pour les pommiers !

Jean-Luc Bertet


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message