Pour un altermarxisme et de nouvelles alliances (Gérard Duménil, co-président du 5e Congrès Marx international)

dimanche 7 octobre 2007.
 

Le 5ème Congrès Marx International s’achève aujourd’hui à la Sorbonne. Voici un texte de son coprésident.

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Aujourd’hui, avant-dernière journée du Congrès Marx international. Cette dernière chronique me donne l’occasion d’en revenir au thème général du congrès : « Altermondialisme - Anticapitalisme ». Jacques Bidet et moi-même venons de publier un ouvrage, Altermarxisme. Un autre marxisme pour un autre monde (1). On l’aura deviné, ce n’est pas par hasard que le livre est sorti quelques semaines avant la tenue du congrès. C’est, en effet, la question que pose l’existence même d’un « Congrès Marx » : que faire du marxisme ?

Au plan théorique, la réponse est évidente : comme je l’écrivais mardi, on ne saurait comprendre le monde actuel sans se placer dans la perspective de la lutte des classes.

La violence capitaliste néolibérale suffit à le rappeler à ceux qui l’auraient oublié. Certes, il faut « dépoussiérer » un peu. Les structures de classe sont aujourd’hui marquées par l’existence de classes d’employés et de cadres, et le monde ouvrier lui-même a bien changé. L’impérialisme n’est plus celui du XIXe siècle, ni même celui de la guerre dite « froide ». Au total, un savant cocktail entre « fondamentalisme » et « révisionnisme ».

Au plan politique, le livre est un plaidoyer pour un nouveau « compromis social ». Pas un compromis entre la classe ouvrière et des fractions capitalistes, « petites », ou « nationales », ou « autres-que-financières ». Mais un compromis entre des classes populaires et les classes de l’encadrement - ce que le livre appelle « les cadres et compétents ». Cadres du privé et du public, et « compétents », au sens d’un ensemble de personnes agissant au nom d’une expertise intellectuelle (beaucoup ont animé les luttes populaires, notamment le « mouvement ouvrier »). Et cette alliance a pour objectif l’endiguement, puis l’élimination du pouvoir attaché à la propriété du capital. Une alliance interclasse : entre les classes populaires et celles de l’encadrement.

Le marxisme classique a constitué une telle alliance, sans que son caractère de classe soit reconnu. Cadres et compétents s’y sont positionnés comme les « représentants » des classes populaires, jusqu’à parvenir à ce que l’historien des « pays socialistes », Roland Lew, appela « le substitutisme » : la formation d’une classe dominante dans les sociétés de type « soviétique ».

Le compromis social-démocrate dans les pays capitalistes a lui aussi mal tourné, en ce sens qu’il a cédé sous les coups de boutoir des classes possédantes dans le néolibéralisme, entraînant cadres et compétents dans une alliance « à droite », au sommet. Les soeurs ennemies, réforme et révolution, se retrouvent dans l’échec, assez honteuses de leurs querelles passées. Tout est donc à refaire « à gauche ». Mais rien ne se fera sans un tel compromis.

(1) Presses universitaires de France, collection « Quadrige », Essais-débats, Paris, 2007.

Le congrès se poursuit à l’université de Paris-X Nanterre jusqu’à demain. Site Internet :

http://netx.u-paris10.fr/actuelmarx...


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