Sondage Ipsos sur la bipolarité LFI – RN. Intéressant mais quelle fiabilité ?

dimanche 16 octobre 2022.
 

Le doute cartésien nous invite à prendre toujours une distance critique lorsque des sondages ou des statistiques sont réalisées par des organismes privés non indépendants idéologiquement qui ne permettent pas une contre-expertise indépendante par examen de la méthode et des données brutes utilisées.

Avertissement.

Le sondage Ipsos qui suit doit être pris avec beaucoup de précautions pour des raisons que nous allons examiner plus loin.

Si l’on considère ce sondage comme étant relativement fiable, il pose des questions intéressantes sur la manière dont un responsable politique doit tenir compte de la forme voir même de la scénarisation de ses propos notamment lorsqu’ils passent par le truchement des médias.

Cela pose la question de la dialectique entre le contenu et la forme, entre le signifiant et le signifié d’un message. Dans la « société du spectacle » (Guy Debord) cette dialectique opère d’une manière particulière en raison de la grande importance de la forme.

Des études sociologiques ont montré, par exemple, que les lecteurs ou les spectateurs d’un livre ou d’un film de fiction se souviennent davantage du comportement, des qualités d’un personnage plutôt que de l’histoire.

Ainsi, si les programmes politiques ont leur importance pour les électeurs qui les lisent, la manière d’être et de parler de ceux ou de celles qui les portent a une importance non négligeable.

Cela explique pourquoi tout responsable politique agissant dans un milieu médiatique qui lui est globalement hostile doit avoir un très haut niveau de formation sur la connaissance et l’usage des médias et de leurs diverses techniques de manipulation.

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Fractures françaises - Opposition : la bataille France Insoumise / Rassemblement National

Source : Ipsos. Sondage publié le 4 оctobre 2022

https://www.ipsos.com/fr-fr/fractur...

Depuis 10 an s, l’enquête annuelle d’Ipsos et Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le CEVIPOF permet de comparer le climat d’opinion sur de très nombreux indicateurs. Quel est l’état de la société française et du paysage politique après une année 2022 marquée par des élections législatives qui ont redistribué les cartes du pouvoir de manière inédite ?

Nous sommes depuis les législatives de juin 2022 dans un système d’opposition tout à fait inédit en France. Non seulement le Président de la République ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale, ce qui ne s’était pas produit depuis 1988, mais les deux principales forces d’opposition sont des forces particulièrement radicales et qui n’ont jamais dans le passé exercé de responsabilités nationales : la France Insoumise (75 députés) a pris le pas sur le PS (31) ; le Rassemblement national (89 députés) sur les LR (62). Il s’agit bien d’une petite révolution.

Rappelons toutefois que tout ou presque oppose la France Insoumise et le Rassemblement national. En premier lieu, les attentes de leurs électeurs : le pouvoir d’achat arrive en tête dans les deux cas mais alors que les sympathisants de la FI citent ensuite l’environnement (41%) et l’avenir du système social (34%) et que l’immigration arrive très loin derrière avec seulement 4% de citations, ceux du RN font de celle-ci leur deuxième grande attente, avec 43% de citations. De même en ce qui concerne les étrangers (95% des sympathisants RN estiment qu’il y en a trop contre 38% des sympathisants FI), le rapport au travail et à la solidarité (30% seulement des FI pensent qu’on évolue vers trop d’assistanat en France contre 76% chez les sympathisants RN ; 39% que les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment contre 78% au RN), le sentiment de dépossession (35% des premiers affirment qu’on ne se sent plus chez soi en France contre 93% des seconds), la confiance dans la police (50% dans un cas, 79% dans l’autre), etc. Globalement, ce sont deux visions du monde qui s’opposent diamétralement. En d’autres temps, on parlait de « Front contre Front ». Les mots et les stratégies électorales ont changé, les électorats moins.

Ces deux formations ont toutefois adopté une posture d’opposition très différente : bruyante et particulièrement radicale à la France Insoumise, dans l’espoir de notamment reconquérir les milieux populaires ; prête à soutenir certains projets de lois du Gouvernement pour s’attirer les faveurs de l’opinion et davantage de crédibilité au RN.

Quelques mois après les législatives, quel bilan peut-on tirer de ces deux stratégies ? A l’évidence, que le RN l’emporte nettement. D’abord, même si les niveaux sont faibles pour toutes les oppositions, c’est bien lui qui suscite le plus d’approbation sur la façon dont il se comporte à l’Assemblée nationale : 35% des Français l’approuvent, ce qui le place devant toutes les autres formations politiques. A l’inverse, la France Insoumise ne recueille que 24% d’approbation, derrière le RN mais aussi, les LR, le PS, EELV et le PC. Surtout, 42% des Français désapprouvent « tout à fait » la forme d’opposition de la FI contre 29% seulement pour le RN. De fait et très clairement, 53% des Français estiment que l’opposition de la FI est trop radicale, 17% au bon niveau et 8% pas assez radicale. Pour le RN, le reproche en trop grande radicalité n’est fait que par 34% des Français, 29% estimant au contraire qu’il est « au bon niveau » et 13% pas assez radical. A trop vouloir s’opposer, la France Insoumise se décrédibilise aux yeux des Français et ne répond pas à ce qu’ils attendent d’une bonne opposition. En effet, invités à choisir, 71% déclarent que « même si son projet est différent de celui du Gouvernement, une bonne opposition doit être capable de voter avec le Gouvernement si les lois que ce dernier propose se rapprochent au moins en partie de ce qu’elle veut » contre 29% seulement qui estiment que se faisant, « elle se trompe et fait le jeu du Gouvernement ». Pire encore pour la France Insoumise, même en son sein, une opposition radicale ne fait pas l’unanimité et partage en deux blocs quasi équivalent ses sympathisants, alors que les RN sont 64% à approuver une opposition de compromis. Le choix de la France Insoumise est donc inverse de celui d’une très large majorité de Français et divise son propre électorat.

Enfin, en termes d’image, les conséquences de ce choix sont catastrophiques pour la France insoumise et bénéfiques pour le RN. 39% des Français créditent aujourd’hui le parti de Marine Le Pen d’être capable de gouverner, 26% s’agissant de la France Insoumise, soit 13 points de moins. 32% déclarent que le RN prône une société dans laquelle ils souhaiteraient vivre, 24% seulement pour la France Insoumise, ce qui situe sa désirabilité derrière toutes les autres forces politiques. 37% que le RN est proche de leurs préoccupations, 28% pour la France Insoumise, là encore en bas de tableau. Enfin, 57% des Français jugent qu’elle est un parti dangereux et 59% qu’elle attise la violence, soit un peu plus que le RN (54% et 57%).

Le pari est-il pour autant gagné dans les milieux populaires ? Point du tout. Chez les ouvriers et les employés, l’approbation reste massivement en faveur du RN.

Des LR et des PS difficilement audibles dans leur rôle d’opposants, un combat laissé au RN et à la FI et qui tourne clairement à l’avantage du premier, tel est l’un des enseignements majeurs de la 10ème édition des Fractures françaises.

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Quelques informations sur l’enquête – sondage selon les auteurs. 10 ans de Fractures françaises

Il y a 10 ans tout juste, Ipsos initiait avec Le Monde, la Fondation Jean-Jaures et le CEVIPOF une grande enquête nationale, chaque année reconduite, nommée « Fractures françaises ».

Cette étude était née de l’intuition, hélas confirmée, qu’au tournant des années 2010 / 2011, quelque chose était en train de craquer dans notre pays : une polarisation croissante des opinions, une mise en tension toujours plus grande de la société, un rejet de l’autre de plus en plus manifeste, une critique de la démocratie de plus en plus forte et inquiétante. Il fallait le vérifier et se doter d’un outil permettant de balayer les perceptions, attentes, peurs et espoirs de la société française dans son ensemble.

Très vite, « Fractures Françaises » s’est imposé comme un outil de référence en matière d’analyse de la société, en raison notamment de la richesse et de l’étendue de son questionnaire, qui balaye de multiples sujets et pas seulement celui de la confiance. Les indicateurs sont par ailleurs suivis dans le temps et chaque année, de nouveaux volets d’études, prenant en compte l’actualité et les mutations de la société, sont ajoutés. Sur l’environnement, la violence, la justice sociale, les partis politiques, l’économie, etc.

Pour sa 10ème édition, Fractures françaises change de dimension puisque l’échantillon interrogé passe de 1000 personnes à plus de 10 000 ! Ce qui permet une analyse exceptionnelle de tous les segments de la société. Merci au Monde et à nos partenaires d’avoir initiés et maintenus avec acharnement un tel outil de connaissance

Brice Teinturier Directeur général délégué Ipsos en France

A propos de cette enquête Sondage mené du 16 au 20 septembre 2022 par Ipsos avec son partenaire Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et le CEVIPOF auprès de 12044 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Ipsos et son partenaire Sopra Steria

** Commentaires sur ce sondage sur Regard.fr https://www.youtube.com/watch?v=yzy...

** Ben Page PDG d’Ipsos depuis septembre 2021 https://en.wikipedia.org/wiki/Ben_P...)

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Ipsos.Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Ipsos

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Brice Couturier. Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Brice...

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Une simple lecture de Wikipédia nous permet de constater que l’institut Ipsos est contrôlé par des sociétés financières. Son PDG travail dans cet univers financier actionnarial.

Quant à Brice Couturier, apôtre du social ultralibéralisme autoritaire on peut se reporter à l’article d’Acrimed sur son pluralisme verrouillé : (article de 2016) https://www.acrimed.org/Brice-Coutu...

Mais plus récemment, le 24 septembre 2022, on peut se reporter à son déchaînement de haine anti – LFI. Voir l’article d’Acrimed que nous reproduisons ici.

Le « gourou » de LFI et son « cheptel de militantes » : calomnies sur Public Sénat

par Henri Maler, Maxime Friot, mercredi 28 septembre 2022

Source : Acrimed

https://www.acrimed.org/Le-gourou-d...

Samedi 24 septembre, Brice Couturier est sur le plateau de l’émission « Et maintenant ! » sur Public Sénat. Au programme (entre autres) : « L’Affaire Quatennens ». Brice Couturier pontifie et insulte…

Paroles d’expert : « Chacun qui travaille un peu sur la question de la sociologie des organisations sait que dans les sectes, en particulier, le gourou a une aura particulière et en profite généralement pour faire de l’abus sexuel. Là on est dans le cas de La France insoumise, c’est évident qu’on est dans le cadre d’une secte, […] » Faut-il comprendre que le « gourou » de la secte LFI profite de son rôle pour se livrer à des abus sexuels ?

Réactions minimalistes des autres participants : Vanessa Schneider du Monde, Alexandra Schwartzbrod de Libération et Georges-Marc Benamou.

Brice Couturier peut donc poursuivre tranquillement par une fine comparaison entre LFI et l’URSS de Staline, avant de confirmer sa diffamation contre Mélenchon et, ultra-féministe, sa calomnie contre les militantes, implicitement de La France insoumise : « […] Donc on est vraiment dans le cadre d’un parti qui n’a rien à voir avec un parti politique démocratique normal. Et dans le cadre d’une secte effectivement, le cheptel des militantes fait partie effectivement des prérogatives des chefs, et ils s’en servent. »

Réactions à peine moins minimalistes : « Tu peux pas accuser Mélenchon de ça », intervient Georges-Marc Benamou ; « c’est pas possible de laisser dire ça ! », enchaîne Alexandra Schwartzbrod.

Qu’en disent les justiciers qui sévissent dans les grands médias audiovisuels ? Et qu’en disent ses amis de Franc-Tireur, si toutefois Couturier est toujours leur collaborateur ?

Que l’on soutienne ou pas Mélenchon et LFI, comment peut-on tolérer les accusations à mots à peine voilés mais diffamatoires de Brice Couturier selon lesquels Mélenchon « gourou d’une secte » tiendrait à sa disposition un « cheptel de militantes » dont il pourrait abuser à sa convenance ?

** Henri Maler et Maxime Friot

Annexe : La vidéo sur Twitter. Allez sur le site d’Acrimed avec l’URL précédente.

PS : Un exemple du nuancier de Brise Couturier : ses tweets lors du mouvement des Gilets jaunes [1]  : ** quelques remarques HD

Un historique quelque peu troublant.

14 septembre : le canard enchaîné révèle la main courante de l’épouse Quatennens

19 septembre : invitation de Raphaël Enthoven anti LFI notoire sur le plateau de France 5 concernant « l’affaire » Quatennens

Du 16 au 20 septembre : sondage organisé par Ipsos dirigé par Brice Couturier

24 septembre : violente diatribe de Brice Couturier contre LFI (texte ci-dessus)

4 octobre : publication du sondage dirigé par Brice Couturier avec forte résonance médiatique.

Coïncidence ? Ou opération politique de déstabilisation contre LFI ?

** Pour rigoler un peu, on peut lire l’article d’Acrimed : Barbier, CouturierEnthoven sur le même bateau

https://www.acrimed.org/Barbier-Ent...

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En raison des éléments précédents, il faut considérer ce sondage avec beaucoup de précautions en raison de ses sources financières et de l’incroyable parti pris du responsable de sa publication Brice Couturier.

Pour pouvoir considérer un tel sondage avec sérieux, il faudrait être parfaitement informé de la manière dont le questionnaire a été construit, de la manière dont les réponses ont été traitées et collectées. D’autre part, le moment particulier où le sondage a été réalisé peut induire un certain nombre de billets dans les réponses.

Observons, entre autres, que dans le sondage le mot « radicalité » n’a pas de sens précis : s’agit-il de la radicalité du contenu du programme de est ou d’une radicalité de forme dans la manière de s’exprimer notamment à l’égard du gouvernement ?

En réalité, à la lecture du sondage précédent, on constate que les contenus des programmes de LFI et du RN ne sont pas mentionnés : il ne s’agit que d’attente et de sentiments des sondés. Mais quelle est la proportion des sondés qui ont lu les programmes ?

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Hervé Debonrivage


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