Hanouna : avatar populaire de l’idéologie d’un milliardaire

vendredi 18 novembre 2022.
 

Aux débuts de TPMP, C. Hanouna commentait la télé. Depuis qu’il travaille pour V. Bolloré, l’animateur potache est utilisé pour commenter la vie politique et sociale. Voilà un costume trop grand pour lui, mais qu’il enfile gaiement en bon et loyal serviteur de son patron. C’est le débat public qui en paie le prix, comme l’échange avec le député L. Boyard l’a fait éclater au grand jour.

La séquence hallucinante entre Louis Boyard et Cyril Hanouna fait événement dans le paysage audiovisuel français. En effet, ce bref moment de télévision rend soudainement visible les enjeux souterrains d’une évolution sur le temps long : dérive de l’infotainment jusqu’à l’indécence, abêtissement de la politique et du débat public, culture du clash au nom de l’audimat, influence démesurée de commentateurs incompétents sur l’opinion publique et surtout dangers de la concentration des médias entre les mains de quelques oligarques. Hanouna en est l’incarnation la plus aboutie et cette séquence en est l’apothéose. Pire encore, au-delà de cette tendance largement partagée par la majorité des médias grand public, C. Hanouna participe d’une ambiance fascisante propre à CNews.

Crétinisation, « violentisation » et fascisation du débat public : la part de responsabilité de Hanouna

Hanouna m’a fait rire à une époque. Aujourd’hui, il m’afflige et m’inquiète. Il fut un temps où il se limitait à son domaine de compétence, à savoir la télévision, sans se prendre au sérieux. La télé, c’est que de la télé. A l’inverse désormais, il se prend au sérieux dans un domaine où il n’y connait rien : la politique. Or, la politique, ce n’est pas que de la télé.

Lorsqu’on est un homme de télévision, on ne peut pas traiter un député de « merde », de « tocard », d’ « abruti », lui dire « ferme ta gueule ». On parle à de vraies personnes. D’autant plus qu’on parle ici à un élu de la République, à un représentant du peuple. En agissant ainsi, on insulte la République. Ce niveau d’échanges dans les relations humaines m’afflige déjà lorsqu’il s’agit d’un marseillais à Cancun, mais à l’égard d’un député, sur un plateau de télévision, cela glace le sang. Si l’on accepte cela, c’en est fini de la République. En affichant ainsi son mépris pour Louis Boyard, Cyril Hanouna affiche son mépris pour les institutions républicaines. Ce mépris avait commencé par le tutoiement, lorsqu’on sait qu’Hanouna vouvoie toujours ses invités, et s’est donc poursuivi dans le flot d’insultes citées plus haut. Hanouna insulterait-il ainsi E. Macron ? Probablement pas : chez les fascistes, on méprise le Parlement mais pas le chef. Lui, on le vénère, on le cajole, on le sert. Il n’y a qu’à voir le traitement réservé à la ministre Marlène Schiappa lors de ses passages, une connivence qui a trouvé son apogée avec une émission animée en binôme.

Là où il était culturellement peu ambitieux mais inoffensif politiquement, il fait maintenant mine de traiter des sujets plus nobles mais la légèreté avec laquelle il traite l’actualité et l’angle qu’il a choisi d’adopter contribuent à l’abêtissement du débat public et à l’extrémisation des opinions. Un débat, ce pourrait être un sujet discuté par des regards apportant leur éclairage avec des expertises différentes afin d’apporter toute la lumière sur ce sujet. Mais pour C. Hanouna, un débat politique, c’est l’opposition binaire d’une opinion à un autre et où tous les coups sont permis et tout se vaut, ce qu’on appelle communément des clash. Une minute pour les juifs, une minute pour Hitler. Hanouna y ajoute une minute pour danser sur Patrick Sebastien. Jusqu’alors, la télévision séparait les tâches : abrutissement par les Anges de la téléréalité, bourrage de crane par des chaines d’info en continu. Hanouna propose du 2 en 1 : il se charge à la fois d’abrutir le téléspectateur et de véhiculer ses messages politiques et sociétaux. C’est ce qu’on appelle l’infotainment, mot-valise composé à partir des mots information et entertainement : le divertissement sert l’information. Chez Hanouna, on devrait même parler d’entermation : l’ « information » sert le divertissement. S’imposant désormais comme un passage obligé pour les femmes et hommes politiques, les émissions de Hanouna leur permettent peut-être de gagner personnellement des points à court terme mais dégradent l’image du politique sur le long terme.

En traitant ainsi un député avec un mépris inédit à la télévision, Hanouna parachève la dégradation de la fonction politique dans ses émissions. Il traite les hommes politiques comme il traite la politique : il les traîne dans le caniveau. Le niveau très bas de gamme de l’émission et des chroniqueurs finit par rejaillir sur les invités politiques.

Cette violence verbale rappelle celle des commentateurs politiques d’extrême-droite des années 30. Malheureusement, on pourrait en trouver un exemple plus proche, avec le « (qu’)il(s) retourne(nt) en Afrique » hurlé par un député RN la semaine dernière au milieu du discours d’un député noir appelant à aider des migrants en danger. Par la violence de ses propos, C. Hanouna s’inscrit donc dans une tradition et dans un air du temps fascisant. Par la vulgarité et le niveau des insultes, il pousse le curseur encore plus loin, où plutôt encore plus bas.

« Va mettre un costume » lance-t-il spontanément lorsqu’il n’a aucun argument pour contrer ceux du député. Pauvreté du débat. Surtout, par cette phrase instinctive, on voit que Hanouna a bien incorporé les éléments de langage du RN à force de les fréquenter. Pour ceux qui auraient manqué un épisode, le RN s’est emparé du symbole du costume pour afficher une image de respectabilité face aux LFI qui n’en portent pas afin d’afficher quant à eux une image populaire et anti-système. Sujet dérisoire mais C. Hanouna accorde décidément de l’importance à ce débat et a choisi son camp puisque même à froid, « va mettre un costume » est l’objet de son twit après l’émission. Le parangon de l’élégance et du raffinement a frappé.

Dans cette séquence, à chaud, Hanouna révèle ses démons au grand jour parce qu’il panique. « Arrête de dire un élu ! » lance-t-il à Louis Boyard, lui rappelant qu’il avait été chroniqueur dans l’émission. Car apparemment lorsqu’on travaille pour Hanouna, on s’engage à être traité éternellement comme son sous-fifre. On signe pour un manque de respect et une infériorisation à vie par son patron autoritaire, même lorsqu’on devient député. Hanouna est tout puissant sur son équipe. Comme le professeur qui doit tenir sa classe, il distribue la parole et pose le cadre et cela lui monte à la tête. Cependant à la différence du professeur, C. Hanouna n’est pas là pour élever le débat mais pour s’assurer qu’il reste au plus bas.

Les lapsus d’Hanouna sont également très révélateurs : « j’ai toujours défendu le racisme ici ! » affirme-t-il. Puis lorsqu’il est accusé par L. Boyard de faire son beurre sur Zemmour, il a cette réponse assez comique « Je fais pas ma tune sur Zemmour, je fais ma tune sur la NUPES aussi ». Tout est dans le « aussi ». Il est vrai qu’Hanouna mange à tous les rateliers pour faire de l’audimat. Néanmoins, une étude d’une chercheuse du CNRS a montré que le temps d’antenne avant les présidentielles était largement supérieur pour Zemmour et l’extrême-droite et pour Macron que pour les partis de gauche. « Je fais ma tune sur l’actualité » se défend Hanouna. Comment ne pas penser à cette cérémonie festive à l’antenne au lendemain du record d’audimat réalisé par une émission consacrée au meurtre de la petite Lola ? Le mélange des genres entre divertissement et actualité avec l’audimat comme seule ligne directrice conduisent souvent à l’indécence.

Mais qu’est-ce qui a amené Hanouna à sortir à ce point de ses gonds, qu’a fait L. Boyard pour déclencher une telle réaction de panique et de violence et le pousser à ce point dans ses retranchements ? L’a-t-il insulté ? « Tu crois que tu viens ici, tu vas me parler mal, tu crois que j’ai peur de toi ou quoi » On pourrait le penser à cette réplique d’Hanouna qui paraît tellement heurté dans sa personne qu’il en oublie la concordance des temps, s’il en a un jour eu connaissance. Et pourtant il n’en est rien. L. Boyard a osé évoquer Vincent Bolloré, le patron de la chaîne. « Tu viens pour faire de la politique » l’interpelle le chroniqueur G. Verdez d’un ton accusateur. Quand on invite un député, il n’y a pourtant pas de quoi être surpris. En tant que spectateur, je suis par contre très surpris qu’une émission traitant de l’actualité politique envisage comme une insulte le fait de faire de la politique. C’est dire avec quel respect elle est traitée. Louis Boyard fait de la politique donc, c’est à dire qu’il a élevé le débat au niveau politique.

Pourtant, tout avait été soigneusement préparé par l’animateur de l’émission pour rester au ras des paquerettes : la question clivante où il faut répondre par oui ou non, la thématique sur les migrants qui ne dérange pas les puissants mais garantit du buzz, l’opposition tranchée entre les points de vue qui allaient s’exprimer. Tout avait bien commencé pour C8 : Louis Boyard avait joué son rôle de défenseur des migrants et Hanouna, sous l’habit de la neutralité, lui opposait un sondage maison où 90% des Français étaient d’un avis contraire. Peu importe que ce sondage à l’emporte pièces réalisé sur un panel non représentatif de téléspectateurs de TPMP n’ait aucune valeur scientifique. Hanouna instrumentalise ces sondages maison pour les ériger en point de vue des Français lorsque ce n’est pas lui-même qui prétend parler au nom des Français. Si les Français sont souvent du même point de vue qu’Hanouna dans TPMP, n’est-ce pas justement parce que les votants sont ses « fanzouzes » et donc sont en accord avec la ligne éditoriale ?

Comme à chaque émission donc, tout était soigneusement préparé pour imposer un thème de discussion et un angle. Mais c’était sans compter sur Louis Boyard.

A la question « faut-il accueillir les migrants de l’Ocean Viking ? », il a choisi de faire un pas de côté et d’interroger sur le rôle des grands chefs d’entreprise français en Afrique et en évoquant une affaire qui touche Bolloré au Cameroun, afin d’établir un lien entre le pillage de l’Afrique et la misère de ses habitants qui la fuient. Plutôt que de stigmatiser les réfugiés et de tourner contre eux la haine du Français moyen, il a essayé de faire réfléchir les Français aux conditions de vie de ces Africains, aux raisons qui les conduisent à partir et in fine au rôle spécifique de V. Bolloré dans l’accaparement supposé de terres au Cameroun. Mais Hanouna, en bon chien de garde, en employé loyal de Bolloré, ne peut pas supporter ces propos. Il veille au grain. Il cherche d’abord à empêcher l’élu LFI de poursuivre son raisonnement en donnant la parole à un chroniqueur au milieu de l’intervention du député. Puis, voyant que celui-ci continue malgré tout à développer son idée, il cherche lui même à lui couper la parole en déblatérant ce qui lui passe par la tête. L’essentiel étant de ne pas laisser L. Boyard exprimer ses idées.

Très vite, la tension monte.

L’animateur commence par le tutoiement, signe pour lui de manque de respect. Puis la vulgarité, « qu’est-ce tu viens foutre ici ? ». Et enfin l’infériorisation sur le mode sans moi tu n’es rien, très vite conclue par des insultes primaires. Face aux arguments, C. Hanouna n’a que l’ignorance à opposer « je ne vois pas de quoi tu parles » et les insultes de cour d’école. Le fait de discréditer l’adversaire par des attaques ad hominem quand on ne parvient pas à lui opposer des arguments est une technique de base des joutes verbales. Elle est le degré zéro de l’art oratoire. C’est d’autant plus flagrant que ce flot d’insultes allait à sens unique, L. Boyard ayant eu la lucidité de ne pas accompagner son adversaire dans le caniveau.

Ce qui me gêne avec Hanouna, ce n’est pas le coté potache en tant que tel. S’il veut mettre des nouilles dans le slip de son chroniqueur, pourquoi pas ? S’il veut mettre des nouilles autour d’une table, pourquoi pas ? Tant qu’ils commentaient L’amour est dans le pré et Les anges de la téléréalité. Mais les problèmes arrivent lorsqu’ils ont prétention à commenter la vie politique et à s’ériger en arbitres dans un mélange des genres avilissant pour le débat public. D’autant que derrière la façade populaire, ils véhiculent l’idéologie du milliardaire Bolloré, et lui n’est pas là pour plaisanter.

« On ne mord pas la main qui nous nourrit » : Hanouna, le bras armé de Bolloré

Le système Bolloré est simple : il s’agit d’influer sur l’opinion par le biais de son empire médiatique. Il s’appuie notamment sur Cnews et ses principaux relais sont E. Zemmour, P. Praud et C. Hanouna. E. Zemmour est censé satisfaire la partie CSP+ de l’audimat avec son style pseudo intellectuel, P. Praud adopte un style pseudo populaire avec le « bon sens » que l’on peut prêter au tenancier du bar PMU et Hanouna est la version potache du contenu proposé par P. Praud, s’adressant à la même catégorie de la population. Ainsi, avec ses trois vedettes qui agissent comme ses vassaux, Bolloré s’adresse à tous les segments de l’audimat.

Derrière sa façade populaire, C. Hanouna sert donc les puissants.

Il a toute la panoplie du braillard de droite : ce mois-ci, mon facebook watch m’a amené à mes dépends à le voir fulminer violemment contre A. Hidalgo ou encore insulter France Inter et ses humoristes « abrutis » qui vont au « café de Flore ». L’impression quant à moi d’être au café du commerce en le voyant ainsi déblatérer des haines convenues censées créer une connivence avec son public populaire en instrumentalisant ces épouvantails du peuple de droite.

Il est de bon ton de critiquer A. Hidalgo : c’est consensuel, ça ne représente que 3% de l’opinion et ça ne coûte rien. Car C. Hanouna ne critique jamais les puissants. Uniquement ceux qui ne peuvent pas l’atteindre. D’ailleurs, si C. Hanouna s’est emporté contre A. Hidalgo récemment (il a eu la concernant la décence de le faire en son absence), c’est pour défendre le choix de la coupe du monde au Qatar et s’insurger contre l’éventualité d’un boycott. Selon lui, les milliers de morts sur les chantiers de la coupe du monde, la climatisation des stades à ciel ouvert, ce n’est pas grave. La décision de ne pas disposer d’écrans géants pour regarder les matches dans Paris, c’est ça qui est grave. Au point d’en faire un édito enragé : merci Cyril pour les Qataris, merci pour les diffuseurs, tant pis pour les travailleurs exploités jusqu’à la mort sur les chantiers et tant pis pour le réchauffement climatique.

En outre, critiquer le service public audiovisuel, c’est critiquer les derniers médias qui ne sont pas au service d’un milliardaire. Pas étonnant que C. Hanouna s’y colle.

Depuis ses débuts, C. Hanouna critique Arte. Je me rappelle son acharnement contre l’emission Ce soir ou jamais, véritable émission d’actualité qui amenait à réfléchir en faisant intervenir des intellectuels compétents. Le voilà désormais qui critique globalement les chaînes culturelles et informatives du service public radiophonique accusées de vivre de l’argent du contribuable, d’être trop à gauche ou d’être trop sérieuses. Lui-même, sur son plateau, redoute une intervention sans gag de plus de 30 secondes. Toujours veiller à maintenir le débat à un bas niveau.

La haine de l’intellectuel est la marque du fascisme. Il s’agit surtout de ne pas réfléchir et de se soumettre au chef sans contester. Haine partagée par le petit collégien moyen. Il s’agit de ne pas casser l’ambiance et de s’amuser. C. Hanouna est suspendu entre les deux, ce dangereux fasciste et ce petit collégien rigolard, vautré dans le hamac de la paresse intellectuelle.

Derrière son prétendu bon sens primaire et populaire, l’animateur se fait le relais de V. Bolloré. Il s’agit de diviser les Français des classes populaires pour détourner leur regard des classes dirigeantes. Au lieu de critiquer l’accaparement des richesses en France par cinq milliardaires qui détiennent autant que 25 millions de Français, on va critiquer ceux qui sont plus démunis que les téléspectateurs de l’émission. Au lieu de critiquer l’accaparement des richesses en Afrique par ces mêmes milliardaires, on critique les migrants qui fuient la situation dramatique de leur pays pillé. On voit la colère de C. Hanouna lorsque l’invité Louis Boyard franchit cette ligne rouge.

Ainsi, la mission d’Hanouna correspond à la ligne éditoriale de la chaîne : il s’agit de détourner les classes populaires de leurs intérêts et de porter leur colère contre plus misérables qu’eux au lieu de la tourner vers les responsables. Schéma dont les résultats du RN dans les milieux populaires ont depuis 20 ans montré le succès.

Les gros actionnaires qui s’accaparent les bénéfices des entreprises dans des proportions inédites et les entreprises qui pratiquent l’évasion fiscale aux dépends de la qualité des services publics, le tout par des activités dégradant l’environnement, ceux-là ne sont jamais dénoncés. On préfère stigmatiser les pauvres gens que les puissants. On ne va pas, comme l’a dit C. Hanouna à L. Boyard « mordre la main qui nous nourrit ». Poussé dans ses retranchements dans la séquence avec L. Boyard, C. Hanouna avoue par cette phrase que le chef d’entreprise V. Bolloré exerce une influence forte sur les médias qu’il contrôle. Voilà qui pose clairement la problématique de l’hyper-concentration des médias entre les mains de 5 milliardaires qui, en appliquant cette logique hanounesque, sont donc intouchables.

Là est le cœur de la bataille culturelle : en acquérant les chaînes du groupe Canal et le groupe publicitaire Havas, V. Bolloré a donc bien fait main basse sur l’information. Le documentaire de Mediapart « Media Crash » montrait ainsi que par le truchement de sa société Havas, V. Bolloré pouvait même exercer un contrôle sur des médias dont il n’est pas le propriétaire en utilisant le poids des annonceurs.

Cyril Hanouna, tu te crois surpuissant parce que tu donnes « ton » opinion sur tout et n’importe quoi, j’ajouterai même n’importe comment, à une heure de grande écoute. Cela te donne une influence sur l’opinion publique. Tes employés te sont soumis et doivent, à en juger par la séquence révélatrice d’hier, subir ton autoritarisme et ton mépris pour espérer rester à l’antenne.

Tu surestimes la valeur de ton opinion et à l’inverse tu sous-estimes ta responsabilité dans l’extrême-droitisation, la crétinisation et la violentisation du débat public.

Tu es comme Buzz l’éclair dans Toy Story : parce qu’on te manipule au-dessus des autres, tu penses voler. Mais n’oublie pas l’essentiel : tu n’es que le jouet de Vincent Bolloré.

A. Leucha

Professeur d’histoire-géographie


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