Marine Le Pen contre la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC

lundi 28 novembre 2022.
 

Marine Le Pen a choisi son camp, et ce n’est pas celui des travailleurs. Dans une interview donnée au Journal du Dimanche le 13 novembre 2022, l’ex-candidate à la présidentielle réaffirme son opposition à la hausse du SMIC à 1600 euros et à la retraite à 60 ans.

La candidate du pouvoir d’achat… des riches ? La fronde gronde au RN. Certains de ses lieutenants historiques craignent une « purge contre ceux qui défendent la ligne sociale » suite à l’élection de Jordan Bardella à la tête du parti.

Marine Le Pen manifeste également son opposition à la constitutionnalisation du droit à l’IVG et à l’accueil des 234 personnes bloquées pendant plus de deux semaines sur l’Ocean Viking. En meeting à Clermont-Ferrand le lendemain de l’interview, Jean-Luc Mélenchon lui a répondu, dénonçant son escroquerie sociale. Cela fait plusieurs mois que nous vous le démontrons dans nos colonnes : en plus d’être raciste, l’extrême-droite est l’alliée du capital. Notre article.

Une fibre sociale inexistante : la cheffe de l’extrême droite assume Dans son interview au JDD, la cheffe de file du Rassemblement National annonce qu’elle votera contre la proposition de loi de LFI visant à augmenter le SMIC à 1600 euros net. Cette dernière sera présentée à l’Assemblée nationale lors de la niche parlementaire des insoumis le 24 novembre. Marine Le Pen est constante dans ses positions contre les intérêts du peuple. Elle avait déjà voté contre la hausse du SMIC fin juillet lors des débats sur le « paquet pouvoir d’achat », actant son alliance tacite avec la minorité présidentielle, sa lune de miel avec la macronie contre les travailleurs.

Marine Le Pen affirme également son opposition à la retraite à 60 ans. Nous vous l’avions souligné dans nos colonnes pendant la campagne présidentielle : Le Pen 2022 avait trahi Le Pen de 2017. L’ex-candidate à l’élection présidentielle est en faveur d’un départ à la retraite entre 60 et 62 ans. Celle-ci ignore sans doute qu’à 62 ans, un quart des travailleuses et des travailleurs ne peuvent pas toucher leurs pensions de retraites. Parce qu’ils sont déjà morts, brisés par le travail.

Pour aller plus loin : Le RN a choisi son camp : celui des riches

L’insoumission.fr se donne pour mission de lutter contre l’extrême droite en démasquant à la fois son programme économique et son programme raciste. Petit rappel salutaire des votes de Marine Le Pen depuis le début du quinquennat : contre le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), contre la hausse du SMIC, contre le blocage des prix des biens de première nécessité, contre le gel des loyers et contre une réforme de l’impôt sur les sociétés (IS) qui aurait favorisé les PME. Et ainsi de suite.

En meeting à Clermont-Ferrand, Jean-Luc Mélenchon a répondu à Marine Le Pen. « Elle a voté contre le rétablissement de l’ISF, contre la taxe sur les super-profits, contre l’augmentation du SMIC. Je vous en supplie : dites le autour de vous. Elle a voté contre cela. […] Il faut dire à ses électeurs que la « fibre sociale » du RN n’existe pas ». Le RN a choisi son camp, celui des riches, en s’alliant avec la macronie, l’alliance capital-fasciste.

Ligne « sociale » VS ligne « identitaire » : le RN est en crise Le RN est en crise depuis l’élection de Jordan Bardella à sa tête, tenant d’une ligne « identitaire ». La semaine dernière, nous publions un portrait du nouveau président du RN dans nos colonnes. Proche d’anciens militants du Groupe Union Défense (GUD), il reprend à son compte la théorie complotiste du « grand remplacement » de l’écrivain Renaud Camus, largement propagée par Éric Zemmour. Après de longues années de dédiabolisation, il est le symbole de la « re-radicalisation » du parti d’extrême droite.

Pour aller plus loin : « Purge contre la ligne sociale », « re-radicalisation » : au RN, la crise c’est maintenant

La raison de cette crise ? L’opposition entre la ligne « sociale » et la ligne « identitaire » du parti. Louis Aliot, maire de Perpignan, et ex-compagnon de Marine Le Pen a perdu face à Jordan Bardella lors du congrès du RN. Trois semaines plus tôt, il tirait à boulets rouge dans une interview donné à L’Opinion, dénonçant « les excès pratiqués par le Front national d’un autre temps », la « nostalgie radicale », les « déclarations fracassantes qui flattent simplement la nostalgie que nous pouvons avoir une France qui n’existe plus ».

Steeve Briois, maire d’Hénin-Beaumont et Bruno Bilde, député du Pas-de-Calais, sont deux autres marinistes historiques et tenants eux aussi de la ligne « sociale ». Ils n’ont pas été reconduits au bureau exécutif du RN à la suite du congrès. Et ils sont très remontés face à ce qu’il se passe dans leur parti. Les propos de Steeve Briois sont cinglants : « Alors que depuis de nombreux mois je tire la sonnette d’alarme sur une potentielle re-radicalisation, je ne peux voir dans mon éviction qu’une sanction pour avoir voulu sensibiliser sur un phénomène que les faits confirment. […] Je ne veux pas revoir débarquer au sein du RN des fous furieux qui ne soient obsédés que par une chose  : l’identité. »

Une ambiance de fronde au RN ? En tout cas, « le RN du nord menace de faire sécession » selon Libération. On comprend mieux la venue de Marine Le Pen à Hénin-Beaumont pour les cérémonies du 11 novembre : il y a quelques « tensions » à apaiser.

IVG, Océan Viking : Marine Le Pen est bien d’extrême droite Marine Le Pen n’est pas seulement l’alliée du capital. Elle reste fidèle à l’essence de l’extrême droite. Dans l’interview donnée au JDD, elle s’oppose à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Lors de leur niche parlementaire, les insoumis présenteront une proposition de loi visant à protéger et à garantir le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et à la contraception. L’ex-présidente à l’élection présidentielle votera donc contre. Même les macronistes seraient prêts à voter pour cette proposition de loi.

« Rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez rester vigilantes », disait Simone de Beauvoir. On pensait impossible un quelconque retour en arrière sur ces questions. Pourtant, la Cour Suprême des États-Unis est revenue sur le droit à l’avortement. Au sein de l’UE, la Pologne et la Hongrie, dirigés par des alliés de Marine Le Pen ne cessent de restreindre l’accès à l’IVG. Enfin, la victoire de Giorgia Meloni en Italie laisse craindre le pire. Le droit des femmes n’a jamais été un des combats de l’extrême droite, bien au contraire.

Pour aller plus loin : Droit à l’IVG : se souvenir, continuer d’agir

Enfin, Marine Le Pen a rappelé son opposition à l’accueil de 234 personnes bloquées en mer Méditerranée pendant plus de deux semaines. La cheffe de file de l’extrême droite jette à la poubelle le droit de la mer, et surtout le devoir d’Humanité. Pour rappel, au moins 20 000 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée depuis 2014. Marine Le Pen reste bien d’extrême droite, en plus de défendre le capital contre le peuple. L’insoumission sera toujours là pour le rappeler.

Par Nadim Février.


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