Affaire McKinsey : la justice enquête sur les campagnes électorales d’Emmanuel Macron

lundi 5 décembre 2022.
 

Le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire sur les comptes de campagne 2017 et 2022 du président de la République. La justice se penche sur les conditions d’intervention de cabinets de conseil et sur un possible financement illégal.

La présidence de la République pensait avoir tourné la page de l’affaire McKinsey. Mais les relations entre le chef de l’État et son entourage avec la firme américaine, dont les pratiques ont été épinglées par une commission d’enquête sénatoriale début 2022, reviennent comme un boomerang au cœur de l’actualité.

D’après des informations du Parisien, des juges d’instruction ont en effet été saisis pour enquêter sur les relations entre les cabinets de conseil et la Macronie. Dans un communiqué de presse, la Parquet national financier (PNF) a confirmé l’ouverture de deux informations judiciaires distinctes au mois d’octobre 2022.

La première, ouverte le 20 octobre, porte notamment sur des soupçons de « tenue non conforme de comptes de campagne et minoration d’éléments comptables dans un compte de campagne, portant sur les conditions d’intervention de cabinets de conseil dans les campagnes électorales de 2017 et 2022 ». Ces délits de financement illégal sont prévus par l’article L.213-1 du Code électoral.

La seconde information judiciaire a été ouverte le 21 octobre, au lendemain de la première à la suite de « plaintes d’élus et d’associations », des chefs de « favoritisme » et « recel de favoritisme ». Une troisième enquête (préliminaire, c’est-à-dire conduite par le parquet) est également en cours au PNF depuis avril 2022 sur des soupçons de « blanchiment aggravé de fraude fiscale ».

La grande proximité entre McKinsey, dont les locaux à Paris furent perquisitionnés en mai 2022 dans le cadre de l’enquête préliminaire sur le « blanchiment aggravé de fraude fiscale », et Emmanuel Macron suscite d’importantes interrogations depuis plusieurs mois.

En mars 2022, Mediapart avait ainsi raconté, documents et témoignages à l’appui, comment la firme américaine avait misé sur Emmanuel Macron, avant même qu’il se déclare candidat à l’élection présidentielle 2017, dans l’objectif de développer ensuite ses activités avec l’administration.

Cette stratégie s’était notamment déployée en offrant des prestations pro bono, sans contrat ni rémunération, à Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’économie (2014-2016). Alors qu’au même moment, plusieurs membres du département « secteur public » de McKinsey participaient, tout aussi gracieusement, au lancement du mouvement En Marche, qui allait servir de tremplin au futur candidat à l’élection présidentielle.

Interrogé au moment de cette enquête, l’entourage d’Emmanuel Macron avait répondu à Mediapart que « chacun est libre de s’engager, de participer, personnellement et bénévolement. C’est un choix personnel qui n’engage que celui qui le fait. Cela vaut pour l’ensemble des bénévoles qui ont pu accompagner la campagne ou l’aventure En Marche ».

« De tout temps, en tout lieu, une équipe de campagne est composée de bénévoles, de consultants, mais aussi d’étudiants ou de retraités. Ils s’engagent car ils ont des convictions personnelles », avait également expliqué Amélie de Montchalin, alors ministre de la fonction publique, au sujet des relations entre McKinsey et la campagne 2017.

Une fois Emmanuel Macron élu, le cabinet de conseil a bénéficié d’importants contrats avec l’administration sur des sujets aussi variés que les questions d’économies budgétaires, l’évolution du métier d’enseignant ou la stratégie de vaccination contre le Covid.

Antton Rouget


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