Censure dénoncée en France : la justice autorise Mediapart à publier

lundi 5 décembre 2022.
 

La justice française a autorisé mercredi le site Mediapart à publier une enquête accusant le maire de Saint-Etienne, ville du centre-est de la France, d’avoir propagé une « rumeur criminelle » à l’encontre d’un rival politique, après avoir interdit sa publication pendant près de deux semaines.

Par une première décision de justice, considérée comme un acte inédit de « censure » en France par de nombreux journalistes et défenseurs de la liberté d’expression, le maire de Saint-Étienne Gaël Perdriau, englué dans une affaire de chantage présumé, avait obtenu le 18 novembre l’interdiction de publication de cet article.

« La justice rétracte l’ordonnance qui nous interdisait de publier notre enquête sur les méthodes politiques de Gaël Perdriau », a tweeté Mediapart qui a diffusé dans la foulée l’article « après 12 jours de censure ».

« Mediapart révèle que le maire de Saint-Etienne a lancé une rumeur criminelle, dont il reconnaît aujourd’hui qu’il s’agit d’une pure calomnie, contre le président de région (Auvergne Rhône-Alpes, centre-est) Laurent Wauquiez », affirme en préambule cet article.

Le président Les Républicains (opposition de droite) de la région Auvergne Rhône-Alpes a peu après annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre Gaël Perdriau.

Vendredi, le directeur du média d’investigation, Edwy Plenel, avait demandé au tribunal « de mettre fin au plus vite à une attaque sans précédent contre la liberté de la presse », soutenu à l’audience par Reporters sans frontières, la Fédération internationale des journalistes (FIJ), des syndicats de la profession, la Ligue des droits de l’homme et les associations de la presse judiciaire et des avocats praticiens du droit de la presse.

L’enquête de Mediapart présente un « intérêt public majeur », avait fait valoir Edwy Plenel, relatant comment un maire utilise « le poison de la calomnie » comme « arme politique pour discréditer » un opposant.

Surtout, « il n’appartient pas au tribunal de contrôler préalablement une information qui n’a pas été publiée », avait insisté l’avocat de Mediapart, Emmanuel Tordjman.

« C’est la gravité de votre décision », avait-t-il lancé à la magistrate Violette Baty, lui demandant la rétractation de l’ordonnance.

La magistrate est revenue sur sa première décision considérant qu’il y avait eu « rétention d’éléments d’informations », selon la décision qu’a pu consulter l’AFP.

La liberté de la presse est en jeu, estimaient dans un texte de soutien à Mediapart une trentaine de sociétés de journalistes.

Agence France-Presse

La censure préalable d’une enquête de Mediapart provoque un tollé et une proposition de loi


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