Retraite à 64 ans : à qui profiterait le crime ? À BlackRock

samedi 28 janvier 2023.
 

BlackRock. Ce nom vous dit quelque chose ? Décembre 2019, quatre mois avant l’arrivée du Covid, mouvement social historique contre la réforme des retraites. Une polémique va prendre de l’ampleur : il y a t-il collusion au sommet de l’état avec les intérêts de BlackRock, un énorme fond d’investissement américain, le plus important gestionnaire d’actifs au monde (10 000 milliards de dollars d’actifs dans le monde !).

Quelques mois plus tôt, toujours en 2019, BlackRock publie un plaidoyer qui appelle clairement le gouvernement français à développer le « troisième pilier » des régimes retraite : la capitalisation, ce qui signifie confier à des sociétés financières privées la gestion d’une partie de l’assurance retraite des Français. Il y est même proposé une quasi obligation d’épargne retraite dans les entreprises, en plus des régimes de base et des complémentaires. Alors que les gouvernements français successifs sont obsédés par la réduction des dépenses publiques (sauf pour les grands groupes), ces conseils vont être reçu 5 sur 5 par la macronie.

Ce document de lobbying (consultable ici sur le site de BlackRock) s’intitule « Loi Pacte : le bon plan Retraite ». La loi Pacte, portée par le ministre Bruno Lemaire et adoptée le 11 avril 2019, a de quoi réjouir le gestionnaire d’actifs. Elle crée en effet de nouveaux plans d’épargne retraite individuels et collectifs qui offrent une grande flexibilité de gestion, elle simplifie et renforce les systèmes de retraite par capitalisation.

BlackRock reçu à l’Élysée

Mais alors, BlackRock serait-il derrière le nouveau projet de loi retraite ? Le géant américain semble en tout cas avoir l’oreille du gouvernement. Le PDG de BlackRock, Larry Fink, été reçu à l’Élysée dès juin 2017. En octobre 2017, les dirigeants de BlackRock et de 21 autres gros gestionnaires de fonds sont de nouveau reçus dans les salons de l’Élysée, alors que le gouvernement engage un vaste plan de privatisations (Française des jeux, ADP…)

La filiale française, qui date de 2006 et qui gère 27,4 milliards d’euros de fonds confiés par des clients français, est dirigée par une figure bien connue du monde de la politique et des affaires : Jean-François Cirelli, ancien conseiller économique de Jacques Chirac à l’Elysée, a été le patron de Gaz de France puis le numéro 2 du groupe après sa fusion avec Suez en 2008. Il va être élevé au rang d’officier de la Légion d’Honneur par Emmanuel Macron.

En 2013, déjà, au moment de la réforme sur le financement des retraites du gouvernement Ayrault, l’ex-directeur général de BlackRock France l’affirmait clairement : « Les retraites, c’est un thème clé pour BlackRock ». Devant l’Autorité des marchés financiers, en 2017, Jean-François Cirelli se montrait encore plus explicite en indiquant vouloir « renforcer l’idée auprès des autorités publiques qu’il faut investir pour la retraite dans les marchés de capitaux ».

En octobre 2017, le gouvernement a demandé au Comité action publique 2022 de plancher sur la réforme de l’Etat. Un groupe d’experts où siège… Jean-François Cirelli, le patron de la branche française de BlackRock. On retrouve encore Larry Fink à l’Elysée en juillet 2019, à l’invitation d’Emmanuel Macron, lors d’une réunion sur le climat et l’investissement. Jean-Paul Delevoye avait quant à lui rencontré le fonds BlackRock début mars 2018 lors de sa nomination comme haut-commissaire aux retraites. Des liens chaleureux entre BlackRock et le sommet de l’État.

BlackRock est aussi devenu l’un des principaux actionnaires du CAC 40. Le gestionnaire de fonds dispose de participations conséquentes dans au moins 18 multinationales françaises du CAC 40 : BNP Paribas, Axa, Renault, Bouygues, Total, Vivendi, Société générale…

BlackRock figure donc mécaniquement parmi les principaux bénéficiaires des très importants dividendes versés par les entreprises du CAC 40 chaque année. Blackrock, possède plus de parts dans les entreprises du CAC40 que… l’État Français. Le fonds de gestion profite donc largement du cash que les multinationales françaises distribuent au détriment de l’investissement, des salaires et… des cotisations sociales, dont la retraite.


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