« Vaincre ou mourir », ce film sur les Chouans qui plait tant à l’extrême droite

lundi 27 février 2023.
 

« Vaincre ou mourir » est un film faussement historique sorti au cinéma fin janvier 2023. Film tout droit sorti de l’empire médiatique conservateur et catholique de Vincent Bolloré, il est issu du spectacle « Le dernier Panache » du parc vendéen bien connu : Le Puy du Fou. Le film raconte l’Histoire de François Athanase Charrette de La Contrie, général royaliste de la contre-révolution vendéenne à la fin du 18ème siècle, et plus largement des Guerres de Vendée.

L’objectif du film ? Défendre la thèse du « génocide vendéen », thèse historique de l’extrême droite déconstruite depuis longtemps par de nombreux historiens spécialistes de la Révolution française. Loin d’être une œuvre cinématographique, « Vaincre ou mourir » est un outil idéologique au service de l’extrême droite pour défendre une thèse erronée, le tout enrobé dans un esprit contre-révolutionnaire qui l’a toujours caractérisée. Notre article.

« Vaincre ou mourir » : fausse pédagogie, vraie entreprise idéologique

« Vaincre ou mourir » est sorti au cinéma fin janvier 2023, tout droit sorti de l’empire médiatique conservateur et catholique de Vincent Bolloré. Il raconte l’Histoire de François Athanase Charette de La Contrie, dit Charette, général royaliste de la contre révolution vendéenne à la fin du 18ème, et plus largement des Guerres de Vendée. Au-delà d’une mise en scène lourde, de dialogues assommants et pompeux, de personnes caricaturaux, d’un lyrisme creux… Bref, d’une œuvre d’un interminable ennui, il faut se pencher sur le fond du récit. Faussement pédagogique, ce film est une véritable entreprise idéologique.

Le sujet des Guerres de Vendée est complexe. Ses mémoires méritent d’être abordées. Sous sous couvert de ce devoir de mémoire, le film occulte volontairement des pans entiers de cette période et oriente le regard du public pour servir ses ambitions idéologiques. Pour rappel, Philippe de Villiers, fondateur du Puy du Fou, est un catholique réactionnaire et zemmouriste notoire.

Des crimes ont eu lieu des deux côtés du champ de bataille. En revanche, présenter les guerres de Vendée comme une volonté des révolutionnaires républicains de massacrer la population vendéenne est faux. Il s’agissait de tenter de contenir une contre-révolution et de défende la République française naissante et ses libertés attaquées sur tous les fronts. Pas une entreprise d’extermination de masse. Le présenter ainsi, comme le fait le film, revient à relativiser les véritables génocides du 20ème siècle, sport dans lequel excelle l’extrême droite française.

Le 10 mars 1793, l’assemblée de la Convention décide de la levée en masse de 300 000 hommes dans tout le pays. C’est la « conscription ». Le 24 février, elle avait proclamé la « patrie en danger ». Certes, la conscription a pu être mal accueillie par beaucoup (toujours dans le contexte de guerre de l’époque), comme le raconte le film. En revanche, la présenter comme une opposition entre le peuple vendéen épris de catholicisme et de monarchie et les révolutionnaires est faux.

Non, les Vendéens n’avaient pas « leur roi et leur foi comme biens les plus précieux », comme l’explique Charette dans le film. Les villes vendéennes de l’époque comportaient beaucoup de gens soutenant le pouvoir républicain et rejetant la main mise oppressive du catholicisme sur leurs existences. Occulter leurs mémoires, comme le fait ce film, n’est qu’une façon de biaiser à nouveau le regard du public sur cette période.

Révisionnisme historique, haine de la République et de la Révolution…

Récapitulons le récit du film : révisionnisme historique, haine de la 1ère République française (dite Convention Nationale) et de la Révolution, apologie de l’Ancien Régime, passage honteux sous silence des massacres des royalistes vendéens, rhétorique réactionnaire du « sang de la terre et des morts », aucune évocation de l’enfer de la vie des opprimés dans le Royaume de France et que la Révolution a permis de (partiellement) émanciper…

Ce film est un condensé de l’historiographie de l’extrême droite monarchique et contre-révolutionnaire sur la République. Un film sponsorisé entre autres par… CNEWS et C8. Coïncidence, nous ne pensons pas. Deux chaines qui ont en effet élevé la provocation et la haine au rang d’art. En témoigne le taux de condamnations pour incitation a la haine qu’on retrouve chez les stars, présentes ou passées, de ces chaines.

Bien sûr, ce film peut être diffusé. Cela relève de la liberté d’expression. Mais au même titre que la liberté d’expression protège cette production cinématographique, elle garantit tout autant le droit de critiquer ce film copieusement : c’est un devoir civique.

Par Damien François


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