En plus des retraites, l’inflation crée une crise alimentaire en France : vers une explosion de la colère ?

mercredi 15 mars 2023.
 

Comme si la retraite à 64 ans ne suffisait pas, les prix continuent à exploser dans le pays. L’inflation a atteint en février 6,2% sur un an, renouant avec les records automnaux. Une moyenne globale, qui ne dit rien de l’inflation dans votre caddie : +25,18% sur le riz, +11,52% sur les spaghettis, +54,3% sur le sucre, +37,39% sur la farine, +33,15% sur les steaks surgelés, +27,32% sur le PQ, +22,7% sur le beurre, +19,11% sur les céréales, +13,05% sur le café, +19,21% sur les œufs, +21,38% sur les petits pois, +11,43% sur l’eau… Ces chiffres traduisent une réalité en France, que peu semblent vouloir regarder en face : une crise alimentaire.

Les chiffres des Restos du cœur parlent mieux que les grands discours : sur les 3 premiers mois de l’année, 22% de personnes supplémentaires ont eu besoin de l’aide alimentaire pour manger en France par rapport à l’année dernière. La moitié des personnes accueillies ont moins de 25 ans. Une hausse de 16% des enfants de moins de 3 ans. Un quart des bénéficiaires de l’aide alimentaire sont des femmes seules avec enfants. Et ainsi de suite. La France, en voie de tiers-mondisation ? La fin de l’abondance ? Pas pour tout le monde : 95% des entreprises françaises ont augmenté ou maintenu leurs dividendes en 2022. C’est le fameux « en même temps » macroniste. Le ruissellement inversé.

Mais vous nous direz, pourquoi parler de l’inflation et de la misère alimentaire qui fracasse le pays, à la veille du blocage total contre la retraite à 64 ans ? Car les deux sujets sont liés. Les mêmes profitent, les mêmes payent. Dans le secteur agroalimentaire, le total des salaires est passé de 6,7 milliards à 6,9 milliards. Les bénéfices eux, sont passés de 3 à 6 milliards. Une poignée de profiteurs se gavent sur la crise alimentaire. Pourtant, ce gouvernement refuse toujours de bloquer les prix, d’augmenter les salaires et de taxer les super-profits.

Le gouvernement bien aidé par le Rassemblement national

Bien aidé, il est vrai, par le Rassemblement national (RN), qui lui aussi, contrairement à la volonté de l’immense majorité de ses sympathisants, vote à l’Assemblée nationale contre le blocage des prix (contre l’avis de 95% de ses sympathisants), l’augmentation des salaires (contre l’avis de 84% de ses sympathisants), la taxation des super-profits (contre l’avis de 87% de ses sympathisants) et qui défend la retraite à 67 ans (82% de ses sympathisants pour la retraite à 60 ans). Et face au mouvement social historique, Jordan Bardella se prononce contre le blocage du pays, le RN évolue sur un fil : il est plus que jamais le moment de démasquer son arnaque sociale qui parvient à duper une partie des classes populaires.

Mais le gouvernement, comme le Rassemblement national, ne pourront pas empêcher le blocage du pays. 67% des Français sont pour le blocage du pays. 65% des Français sont pour la grève reconductible. 52% des Français sont même favorable à une explosion sociale type Gilets Jaunes. En plus d’avoir gagné la bataille de l’opinion, dans les grandes largeurs, 93% des actifs sont contre la retraite à 64 ans, le mouvement social arrive à convaincre de la nécessité de la radicalisation face à l’extrême radicalisation d’Emmanuel Macron.

Retraites : des démonstrations de force, au rapport de force

Après les démonstrations de force, place donc au rapport de force. Le seul langage que peut comprendre L’Etatpital, concept du philosophe Frédric Lordon pour dénoncer l’interpénétration entre l’état macroniste et le capital. Le seul langage que peut comprendre Emmanuel Macron : faire perdre des milliards d’euros à ses amis financiers, que son téléphone n’arrête pas de sonner et que le MEDEF lui dise que cette contre réforme n’est pas nécessaire. Le capital se gave déjà suffisamment, chaque journée de blocage des moyens de production contre ces deux années d’exploitation supplémentaires feraient perdre plus d’argent à l’Étatpital qu’il n’en gagnerait avec la réforme (2,8 milliards seulement selon l’OFCE, tout ça pour ça).

Le rapport de force donc, pour forcer le gouvernement à renvoyer la retraite à 64 ans dans les poubelles de l’Histoire. Un rapport de force bien réel : demain, la France va s’arrêter, les principales artères du pays vont se figer, l’économie va arrêter de tourner. Le gouvernement a de plus en plus de mal à dissimuler son inquiétude. Et il a raison d’avoir peur : routiers, raffineurs, gaziers, électriciens, dockers, travailleurs du nucléaires, enseignants, cheminots, lycéens, étudiants…Contre la retraite à 64 ans, c’est tout un peuple qui relève la tête. Certains secteurs appellent déjà à la grève reconductible.

Des ronds-points seraient occupés demain matin en Haute-Saône, dans la Sartre, à Perpignan, à Carcassonne, à Abbeville, à Amiens, autour de Toulouse… Pour que, une nouvelle fois, les raisons de la colère convergent ?


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message