Non : Macron n’est certainement pas un national libéral, mais…

mercredi 7 juin 2023.
 

Une avalanche de termes comme populisme, national populisme, complotisme, wokisme, ultragauche, islamogauchisme envahissent le « débat » politique sans que ces mots est un sens bien définis. Voilà maintenant apparaître, sortie des placards, le terme de national libéralisme lui aussi, appliqué à tort et à travers. Tout ceci n’est pas étonnant car nous traversons une période noire ou la précision de la pensée devient très rare. La culture du flou, de l’anathème, de l’étiquette accompagnée de manichéisme remplace l’esprit d’analyse qui demande évidemment un effort et du temps.

** Nous répondons ici à un article publié sur ce site repris du magazine Politis intitulé : En Macronie, la montée du « national-libéralisme  »

Source :Politis, reprise sur notre site :

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Il n’est pas nécessaire de rappeler ici quel est le sens du terme national libéralisme au milieu du XIXe siècle en Allemagne, le national libéralisme nord américain paléo conservateur ou le national libéralisme qui a commencé à se développer en France avec le Carrefour de l’horloge dans les années 1970.

Il suffit de se reporter à l’article de Wikipédia : le national libéralisme. https://fr.wikipedia.org/wiki/Natio...

Citons simplement l’extrait de cet article qui concerne la France :

« Espace francophone

La revue Réfléchir et agir désigne sous le vocable de nationaux-libéraux (libéraux nationalistes) le réseau de droite de la droite constitué par le Carrefour de l’horloge, la fondation Polémia, Renaissance 95, Radio Courtoisie, une partie du Mouvement national républicain (MNR) et certains aspects du Mouvement pour la France (MPF). Il en désigne comme figures actuelles : Jean-Yves Le Gallou, Henry de Lesquen, Paul-Marie Coûteaux, François-Georges Dreyfus, Alain Dumait et Bruno Mégret.

Le Carrefour de l’horloge théorise le national-libéralisme dans son premier ouvrage collectif, Les Racines du futur, publié en 1977, qui plaide pour « une libération de l’initiative individuelle » ancrée sur « les racines identitaires de la Nation française »18,19. Le sociologue Edmond Marc Lipiansky emploie le terme dans son livre de 1979 : L’âme française ou le national-libéralisme. Analyse d’une représentation sociale. Le Front national est parfois classifié comme national-libéral21 ainsi que le RPR des années 1990. La revue Devenir distingue les nationalistes-révolutionnaires, qu’elle catégorise dans les idéologies ayant une vision sociale développée et les nationaux-libéraux, qu’elle qualifie proches d’un programme économique de droite.

Durant l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française de 2012, le syndicat SUD Étudiant qualifie dans un communiqué la politique menée par Nicolas Sarkozy depuis 2007 de « nationale-libérale ». Le journaliste Laurent de Boissieu indique qu’« aujourd’hui, l’expression national-libéralisme est couramment utilisée pour désigner ceux des souverainistes qui sont à la fois libéraux à l’intérieur et protectionnistes à l’extérieur » : il prend ainsi comme exemple le Mouvement pour la France et la formule de Philippe de Villiers selon laquelle « la seule politique économique raisonnable est la suivante : à l’extérieur, protéger, à l’intérieur, libérer ».

En 2019, Guillaume Larrivé porte un « projet national-libéral » à l’occasion de sa candidature à la présidence des Républicains. »

Fin de l’extrait

Rappelons une analyse récente du Média.fr sur la désindustrialisation de la France et les prétentions de Macron.

MACRON, CHAMPION DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE ? LES VÉRITÉS DÉRANGEANTES DE THOMAS PORCHER. Voir la vidéo :

https://www.dailymotion.com/video/x...

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Soyons sérieux : Macron n’est absolument pas un national – libéral : c’est un ultralibéral néolibéral (ad libitum) qui n’a rien à faire de la souveraineté nationale ou populaire. Il prend ses consignes à la commission européenne pour appliquer coûte que coûte ses directives comme c’est le cas pour la « réforme » des retraites pour ne prendre qu’un seul exemple parmi 100. L’ouverture à la concurrence de la SNCF et d’EDF se traduisant par un découpage en morceaux des entreprises nationales soumises à la merci des fluctuations des marchés privés et boursiers constituent une grave atteinte à la souveraineté nationale.

Une caractéristique commune des national – libéralismes est un certain protectionnisme souverainisme : rien de tel chez Macron qui est partisan d’un libre-échange mondial avec le moins de régulation étatique possible.

Macron comme ministre du budget et président de la république a participé au découpage de nos fleurons industriels : ce n’est évidemment pas le seul car ses prédécesseurs qui partagent la même idéologie libre échangiste néolibérale avaient commencé le travail avant lui.

La réindustrialisation telle que la conçoit Macron se fait essentiellement avec l’investissement d’entreprises étrangères par ailleurs sa politique est complètement assujettie à celle des États-Unis et de l’OTAN. Il veut substituer à la notion de souveraineté nationale celle de souveraineté européenne : une construction totalement utopique à la lumière de l’histoire de chaque État qui sont dorénavant devenus, à quelques exceptions près, des états esclaves des États-Unis.

Le caractère autoritaire du régime de Macron ne suffit pas à le caractériser comme national libéral.

Ce qui est vrai, en revanche, c’est que les lois liberticides votées depuis au moins 15 ans et l’abandon de toute souveraineté nationale ou populaire conduit et prépare le terrain pour la prise de pouvoir par l’extrême droite qui sait exploiter une aspiration légitime d’une large partie du peuple à l’indépendance nationale. Les extrêmes droites européennes ont su utiliser les dégâts sociaux énormes causés par le néolibéralisme et la « dictature des technocrates de Bruxelles » pour engranger suffisamment de voix lors des élections pour pouvoir participer à différents gouvernements européens et même à part entière en Hongrie.

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Alors que devient le national libéralisme décrit précédemment dans Wikipédia lorsque l’extrême droite qui s’en revendique arrive au pouvoir ?

Elle met en œuvre les mêmes politiques d’austérité et antisociale que les néolibéraux et leur « anti mondialisme » s’évaporent.

Pour une étude intéressante sur cette question voir :

National-libéralisme et Europe

Bruno Odent

Dans La Pensée 2017/4 (N° 392), pages 81 à 92

https://www.cairn.info/revue-la-pen...

alors comme réponse à la question : Macron est-il un national libéral ? La réponse est : Non, mais…

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Ce n’est pas le moment, me semble-t-il, de créer une telle confusion où il serait nécessaire de clarifier avec précision les positions de la gauche sur cette question de la souveraineté nationale. Laisser cette problématique à l’extrême droite et ne pas s’en occuper, c’est préparer la défaite de la gauche pour 2024 et 2027.

Mais celle-ci serait l’objet d’un autre article.

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Hervé Debonrivage


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