L’effet dévastateur du néolibéralisme sur la science et sa perception.

lundi 4 septembre 2023.
 

L’effet dévastateur du néolibéralisme sur la science et sa perception. **

L’économie néoclassique qui nourrit l’idéologie des néolibéraux n’a aucun fondement scientifique et relève d’une simple croyance quasi religieuse. Il n’est donc pas étonnant que les néolibéraux n’entretiennent qu’un simple rapport instrumental et utilitariste avec la science. Pour eux, elle s’est réduite essentiellement à une source de profits.

1 – La science, l’économie et l’idéologie.

1 La science est partie de la superstructure et en tant qu’élément de celle-ci elle est à la fois liée à l’infrastructure et jouit d’une certaine autonomie relative de développement.

2 La science peut avoir une action indirecte sur le développement industriel via les technologies ou une action directe comme par exemple ce qu’on appelle actuellement le génie physique. Ce développement industriel a lui-même un effet sur le développement économique avec son aspect commercial et financier.

3 Inversement, les problématiques qui émergent dans le domaine des applications industrielles (les technologies de l’information incluse) ont un impact sur la recherche théorique et le développement de la science dans son aspect le plus abstrait.

4 En langage marxiste on dit que la science et la technologie contribuent au développement des forces productives et d’autres parlent de croissance du PIB.

5 La mécanisation, la rationalisation de l’organisation du travail augmentent la productivité du travail et participent à la hausse du taux moyen de profit capitaliste.

6 D’autre part, la science n’échappe pas aux influences idéologiques (philosophiques, religieuses, politiques, éthiques) . Par exemple l’héliocentrisme découvert dans l’Antiquité par Aristarque et plus tard par Copernic ont eu beaucoup de mal à s’imposer en raison de l’hégémonie de l’idéologie aristotélicienne puis chrétienne.

Les manipulations génétiques sont soumises à des contraintes éthiques à notre époque contemporaine.

7 L’idéologie politique a des conséquences institutionnelles et sur l’organisation et les moyens alloués à la recherche scientifique.

Elle a aussi des conséquences sur la manière dont les médias valorisent ou non le savoir et la science.

**

2 – la science et le néolibéralisme.

8 Le développement de la recherche scientifique est assujetti à des exigences de rentabilité et de source de profit pour les agents de la classe dominante.

9 On privilégie ainsi la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale moins rentable sur le court terme.

10 Aveuglés par un darwinisme social sans fondement scientifique, les idéologues du néolibéralisme considèrent la compétition comme l’alpha et l’oméga de la recherche scientifique et de son efficacité. En réalité, même si l’émulation peut exister entre les chercheurs, c’est essentiellement la coopération qui assure l’efficacité innovante de la recherche.

11 dans cette optique, la course aux brevets, à la défense de la propriété intellectuelle à tout prix pour pouvoir commercialiser l’innovation a pour effet de freiner considérablement la propagation des idées et donc de la recherche au niveau international.

12 Dans cette optique infantile, on pratique la politique du chiffre pour les publications comme on a pu le faire dans la police en comptabilisant les arrestations. On met ainsi en exergue une « méritocratie » soumise à la simple comptabilité du nombre de publications mêmes si celle-ci n’apporte rien de nouveau à la recherche.

On retrouve ici la vision productiviste et comptable des néolibéraux.

L 13 la technocratisation de la direction de la recherche. Les chercheurs doivent passer une partie importante de leur temps à constituer des dossiers technico – administratifs pour justifier de leur recherche et pouvoir espérer une dotation budgétaire.

14 Ces dotations sont orientées vers les dossiers susceptibles de créer non pas de nouvelles connaissances mais des nouvelles sources de profit.

15 Cette situation devient caricaturale dans le domaine de la recherche pharmacologique soumise à la voracité des actionnaires de l’industrie pharmaceutique.

Les recherches susceptibles de porter gravement atteinte aux sources de profit d’un secteur, comme par exemple le secteur pétrolier, sont écartés ou sous – dotées pourrait penser par exemple à un moteur qui utilisant de l’eau !

16 Des sous investissements dans des domaines vitaux. Dans la recherche médicale dont le budget global est extrêmement insuffisant, on investit pas ou très peu dans les pathologies atteignant un nombre relativement restreint de personnes.

La recherche dans le domaine de l’ophtalmologie doit faire appel aux dons, à la charité publique pour pouvoir survivre.

Une question jamais posée : combien de pathologies graves auraient pu être vaincues si l’investissement dans la recherche médicale était du même ordre de grandeur que celui de la défense ?

L’industrie de la mort est probablement plus rentable que l’industrie de la vie.

17 l’instrumentalisation frauduleuse de la science par les néolibéraux. L’instrumentalisation de la science par des managers capitalistes conduits à payer des équipes de recherches pour prouver que des produits ne sont pas toxiques alors qu’ils le sont. On assiste alors à des conflits d’intérêts qui finissent par être connus et qui porte gravement atteinte à l’image de neutralité de la science.

Ainsi, les néolibéraux créaient un climat de défiance d’une partie de la population envers la science. Un certain nombre de charlatans profite de cette crise de confiance pour promouvoir l’obscurantisme. Inversement, les scientifiques qui n’ont pas de conflit d’intérêts qui critiquent ses études frauduleuses peuvent être l’objet d’attaques et de marginalisation par des médias vassalisés par les puissances financières. Alors on obtient une situation qui arrange les dominants : qui croire ? Il n’existe plus de vérité ? Les néolibéraux ont créé une crise sans précédent de confiance envers les institutions et il poursuive leur destruction avec la science.

18 Mais cela va de pair avec la dévalorisation généralisée du savoir. Les créateurs et transmetteurs de savoir ont des revenus minables au regard de leur qualification et d’heures leur responsabilité. On assiste ainsi à une crise sans précédent pour le recrutement des enseignants temps au niveau primaire secondaire et supérieur.

19 Des milliers d’étudiants , faute de ressources, sont obligés de faire la queue aux restos du cœur, de se faire embaucher pour un petit boulot mal payé et précaire de manière à financer leurs études, obligés d’utiliser des transports en commun sur une relative longue distance les logements pour étudiants étant quasi inaccessibles dans les grandes villes. En prime, les conditions de travail dans les universités ce sont largement dégradés et sont devenus très difficiles.

20 Des milliers d’étudiants titulaires d’un doctorat et des quelques années de recherche végètent dans des situations misérables et certains sont obligés de s’expatrier aux États-Unis, en Australie ou ailleurs pour trouver un emploi ayant un rapport avec leur qualification.

21 Quant au journaliste transformé en bonimenteur de foire leur capacité réelle de penser est tellement faible qu’elle est difficilement identifiable. Alors il ne faut pas compter sur eux pour valoriser le savoir et notamment les connaissances scientifiques.

En revanche on peut compter sur eux pour relayer toutes les diversions du Pouvoir pour dissimuler leur politique catastrophique : on brandit alors l’islamogauchisme, le wokisme, l’intersectionnalisme . Personne ou presque ne sait ce que ces termes veulent dire mais ça sonne bien car ça sonne creux !

**

Annexe

Le wokisme est-il un danger pour la science ?

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

**

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message