la Déclaration internationale de Westminster contre la censure et pour la liberté d’expression.

vendredi 10 novembre 2023.
 

Les batailles sur le pouvoir d’achat, l’inflation, les retraites, la bifurcation écologique, contre la pauvreté, pour des services publics de qualité, etc ne doivent pas nous faire oublier une bataille fondamentale : la défense de nos libertés et notamment celle de la liberté de penser et d’expression. Elle est particulièrement importante pour ne pas être prisonnier de la propagande de guerre et pour lutter pour la paix.

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Multitude de comptes YouTube, Twitter, Facebook et autres suspendus ou coupés depuis 2018,

interdictions de plus en plus nombreuses de manifestations,

censure et répression en tous genres contre les soignants et scientifiques s’étant opposés à la doxa gouvernementale durant la crise

censure et marginalisation de tout propos contraire à la doxa de l’OTAN relayée par les médias dominants ,

usage répétitif sans précédent du 49 – 3,

sans oublier la loi de 2019 dite « anti casseurs »

montrent l’ampleur inédite des attaques contre la liberté d’expression notamment en France.

Le soi-disant « pays des droits de l’homme » bat un record international dans la restriction des libertés d’expression sous ses différentes formes.

Mais ce n’est pas terminé : on peut se reporter à notre article :

le Digital Services Act (DAS) : une loi européenne pour contrôler la liberté d’expression sur Internet.

https://www.gauchemip.org/spip.php?...

Menacé d’un effondrement proche, le système néolibéral national et occidental réagit par des politiques très autoritaires pour museler toute opposition politique et idéologique. Cela s’accompagne d’un contrôle et d’une surveillance accrus des populations tous azimuts. Pour ce faire, le pouvoir se saisit de toutes les opportunités : terrorisme, crise sanitaire révoltes de banlieues manifestations – occupations, guerres extérieures, le tout s’égrainant sur la symphonie de la peur jouée crescendo par l’orchestre médiacratique.

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Artistes, auteurs, activistes, spécialistes en technologie et académiciens à travers le monde ont signé la Déclaration de Westminster visant à lutter contre la censure de l’information. Publiée ce 18 octobre 2023, cette déclaration est relayée par plusieurs médias internationaux dont Die Welt, The Telegraph, The New York Post, The Times UK, La Verità ainsi que France-Soir. Parmi les signataires figurent les psychologues Steven Pinker de l’Université Harvard et Jordan B. Peterson, le fondateur de Wikileaks Julian Assange, les cinéastes Tim Robbins et Oliver Stone, l’historien Niall Ferguson, le lanceur d’alerte Edward Snowden et le journaliste (et directeur de la rédaction de France-Soir) Xavier Azalbert. Ils rappellent que "nous avons des désaccords politiques et idéologiques fondamentaux. Cependant, ce n’est qu’en nous unissant que nous parviendrons à faire disparaître la censure qui envahit nos vies, dans le but de pouvoir conserver notre capacité de débattre ouvertement, et nous défier les uns les autres. C’est dans cet esprit de différence et de débat que nous signons la Déclaration de Westminster." * Source : France soir.fr 27/10/2023

https://www.francesoir.fr/opinions-...

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La Déclaration de Westminster

Ce manifeste a été rédigé par des journalistes, artistes, auteurs, activistes, spécialistes en technologie et académiciens pour mettre en garde contre la censure internationale croissante qui menace d’éroder des normes démocratiques centenaires.

De gauche, de droite et du centre, nous sommes unis par notre engagement en faveur des droits universels de l’homme et de la liberté d’expression, et nous sommes tous profondément inquiets des tentatives visant à désigner une parole protégée comme de la "désinformation", de la "mésinformation" ou encore d’autres termes mal définis.

L’usage abusif de ces termes a mené à exercer la censure sur des citoyens ordinaires, des journalistes et des dissidents dans le monde entier.

Une telle ingérence dans le droit à la liberté d’expression rend toute discussion sur les questions essentielles d’intêret public impossible, et porte atteinte aux principes fondamentaux de la démocratie représentative.

Partout dans le monde, les dirigeants gouvernementaux, les sociétés de réseaux sociaux, les universités et les ONG s’emploient de plus en plus à surveiller les citoyens et à les priver de leur voix. Ces actions coordonnées à grande échelle sont parfois dénommées le "complexe industriel de la censure".

Ce complexe industriel de la censure manœuvre souvent au moyen de politiques gouvernementales directes. Les autorités indiennes (1) et turques (2) se sont emparées du pouvoir pour supprimer des contenus politiques des réseaux sociaux. Le corps législatif allemand (3) et la Cour suprême du Brésil (4) criminalisent le discours politique. Dans d’autres pays, des mesures telles que le projet de loi irlandais (5) sur le "discours de haine", le projet de loi écossais (6) sur les "crimes haineux", le projet de loi britannique sur la sécurité en ligne (7) et le projet de loi australien sur la "mésinformation" (8) menacent de restreindre sévèrement le droit à s’exprimer et tentent ainsi de créer un effet dissuasif.

Mais le complexe industriel de la censure opère selon des méthodes plus subtiles, faisant appel à des pratiques telles que le filtrage de visibilité, l’étiquetage et la manipulation des résultats des moteurs de recherche. En boycottant et en signalant, les censeurs des réseaux sociaux ont déjà réduit au silence des opinions légitimes sur des sujets d’importance nationale et géopolitique. Et ce, avec le soutien d’experts en désinformation et de vérificateurs de faits des grands médias, ces derniers ayant abandonné toute valeur journalistique du débat et de l’enquête intellectuelle.

Tout comme les fichiers Twitter (#Twitter Files) l’ont révélé, les entreprises technologiques procèdent souvent à une "modération de contenu" liée à la censure en coordination avec les agences gouvernementales et la société civile. Bientôt, le règlement européen sur les services numériques (DSA) rendra officielle cette relation en donnant les données des plateformes à des "chercheurs agréés" issus d’ONG et du monde universitaire, reléguant nos droits à la parole à la discrétion de ces entités non élues et non responsables.

Certains hommes politiques et ONG (9) visent même à cibler les applications de messagerie cryptées de bout en bout comme WhatsApp, Signal et Telegram (10). Si le cryptage de bout en bout disparaît, il n’y aura plus aucune possibilité de véritables conversations privées dans la sphère numérique.

Bien que la désinformation étrangère entre États soit un réel problème, les agences conçues pour lutter contre ces menaces, telle que la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) aux États-Unis, sont de plus en plus orientées vers l’intérieur contre le public. Sous prétexte de prévenir les dommages et de protéger la vérité, la parole est traitée comme une activité autorisée plutôt que comme un droit inaliénable.

Nous sommes conscients que les mots peuvent parfois être offensants, mais nous rejetons l’idée selon laquelle les sentiments d’incompréhension et l’inconfort, même graves, justifient la censure. Le discours ouvert est le pilier central d’une société libre et est essentiel pour tenir les gouvernements pour responsables, pour maintenir l’autonomie des groupes vulnérables et réduire le risque de tyrannie.

La protection de la parole ne concerne pas uniquement les points de vue avec lesquels nous sommes d’accord ; nous devons protéger avec vigueur les opinions auxquelles nous nous opposons le plus fermement. Ce n’est que sur la place publique que ces opinions peuvent être entendues et véritablement contestées.

Qui plus est, à maintes reprises, des opinions et des idées impopulaires finissent par devenir des idées reçues. En qualifiant certaines positions politiques ou scientifiques de "désinformation", nos sociétés risquent de s’enliser dans de faux paradigmes qui priveraient l’humanité de connaissances durement acquises et anéantiraient la possibilité d’acquérir de nouvelles connaissances. La liberté d’expression est notre meilleure défense contre la désinformation.

L’attaque contre la parole n’est pas seulement une question de règles et de réglementations déformées : c’est la crise de l’humanité elle-même. Chaque campagne pour l’égalité et la justice dans l’histoire s’est fondée sur un forum ouvert pour exprimer la dissidence. Dans d’innombrables exemples, comme l’abolition de l’esclavage et le mouvement pour les droits civiques notamment, le progrès social a dépendu de la liberté d’expression.

Nous ne voulons pas que nos enfants grandissent dans un monde où ils vivraient dans la peur d’exprimer leur pensée. Nous voulons qu’ils grandissent dans un monde où leurs idées puissent être exprimées, explorées et débattues ouvertement - un monde que les fondateurs de nos démocraties envisageaient lorsqu’ils ont inscrit la liberté d’expression dans nos lois et nos constitutions.

Le premier amendement des États-Unis est un exemple solide de la manière dont le droit à la liberté d’expression, de presse et de conscience peut être fermement protégé par la loi. Il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec les États-Unis sur chaque question pour reconnaître qu’il s’agit d’une "liberté première" vitale dont découlent toutes les autres libertés. Ce n’est que grâce à la liberté d’expression que nous pouvons dénoncer les violations de nos droits et lutter pour de nouvelles libertés.

Il existe également une protection internationale claire et solide de la liberté d’expression. La Déclaration universelle des droits de l’homme (11) a été rédigée en 1948 en réponse aux atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale. L’article 19 de la DUDH énonce : "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit."

Comme indiqué clairement dans l’article 19, le corollaire du droit à la liberté d’expression est le droit à l’information. Dans une démocratie, personne n’a le monopole de ce qui est considéré comme la vérité. La vérité doit plutôt être découverte à travers le dialogue et le débat - et nous ne pouvons pas découvrir la vérité sans admettre la possibilité d’erreurs.

La censure au nom de la "protection de la démocratie" inverse ce qui devrait être un système de représentation ascendant en un système de contrôle idéologique descendant. Cette censure est finalement contre-productive : elle sème la méfiance, encourage la radicalisation et le processus démocratique perd sa légitimité.

Au cours de l’histoire de l’humanité, les attaques contre la liberté d’expression ont été précurseurs d’attaques contre toutes les autres libertés. Les régimes qui ont érodé la liberté d’expression ont toujours inévitablement affaibli et endommagé d’autres structures démocratiques fondamentales. De la même manière, les élites qui poussent aujourd’hui à la censure sapent également la démocratie. Ce qui a changé cependant, ce sont les outils technologiques et à grande échelle grâce auxquels la censure peut être mise en œuvre.

Nous pensons que la liberté d’expression est essentielle pour garantir notre protection contre les abus de pouvoir de l’État, abus qui ont historiquement constitué une menace bien plus grande que les paroles d’individus isolés ou même de groupes organisés. Dans l’intérêt du bien-être et de l’épanouissement de l’humanité, nous lançons les trois appels à l’action suivants : Nous faisons appel aux gouvernements et aux organisations internationales à assumer leurs responsabilités envers les peuples et à respecter l’article 19 de la DUDH ; Nous appelons les entreprises technologiques à s’engager à protéger la place publique numérique comme l’indique l’article 19 de la DUDH, et à s’abstenir de toute censure politique, de censurer des voix dissidentes et l’opinion politique ; Enfin, nous faisons appel au grand public pour nous rejoindre dans la lutte pour préserver les droits démocratiques des citoyens. Les changements législatifs ne suffisent pas. Nous devons également créer dès le départ un climat de liberté d’expression en rejetant le climat d’intolérance qui encourage l’autocensure, et qui crée des conflits personnels inutiles pour beaucoup. Au lieu de la peur et du dogmatisme, nous devons adopter l’enquête et le débat.

Nous défendons votre droit de poser des questions. Des débats passionnés, même ceux qui peuvent causer de la détresse, valent bien mieux que pas de débat du tout

La censure nous prive de la richesse de la vie elle-même. La liberté d’expression est le fondement de la création d’une vie pleine de sens et d’une humanité épanouie, à travers l’art, la poésie, le théâtre, l’histoire, la philosophie, la chanson et bien plus encore.

Cette déclaration est le résultat d’une première réunion de défenseurs de la liberté d’expression du monde entier, réunis à Westminster, Londres, à la fin du mois de juin 2023. En tant que signataires de cette déclaration, nous avons des désaccords politiques et idéologiques fondamentaux. Cependant, ce n’est qu’en nous unissant que nous parviendrons à faire disparaître la censure qui envahit nos vies, dans le but de pouvoir conserver notre capacité de débattre ouvertement, et à nous défier les uns les autres. C’est dans cet esprit de différence et de débat que nous signons la Déclaration de Westminster.

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Les signataires de la Déclaration de Westminster

1. Jonathan Haidt, Social Psychologist, NYU, US

2. John McWhorter, Linguist, Columbia, author, US

3. Steven Pinker, Psychologist, Harvard, US

4. Julian Assange, Editor, Founder of Wikileaks, Australia

5. Tim Robbins, Actor, Filmmaker, US

6. Nadine Strossen, Professor of Law, NYLS, US

7. Glenn Loury, Economist, USA

8. Richard Dawkins, Biologist, UK

9. Matt Taibbi, Journalist, US

10. John Cleese, Comedian, Acrobat, UK

11. Slavoj Žižek, Philosopher, Author, Slovenia

12. Jeffrey Sachs, Columbia University, US […] voir la suite de la liste des signataires sur France soir.fr (URL ci–dessus)

** La vidéo suivante aborde, entre autres, la nécessité de définir clairement la notion dedésinformation. Elle montre aussi qu’elle a été l’ampleur inouïe de la désinformation gouvernemental et médiatique pendant la crise du Covid et la censure répressive contre toute information alternative.

Quels scandales se cachent derrière l’échec du "notwitter day" ? | I. Aberkane avec Béatrice Rosen.

https://www.youtube.com/watch?v=bRS...

** Hervé Debonrivage


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