En 2023, à partir du 6 novembre à 11h25, les femmes travaillent gratuitement

samedi 11 novembre 2023.
 

Les femmes françaises ne sont plus rémunérées pour leur travail jusqu’à la fin de l’année. Au contraire de leurs homologues masculins. C’est le résultat du calcul du collectif Les Glorieuses

En France, le salaire horaire des femmes est en moyenne 15,4% de moins que les hommes, contre 13% en moyenne dans l’Union Européenne. Le collectif lance une mobilisation autour du hashtag #6Novembre11h25 avec trois revendications centrales : Appliquer le principe d’éga-conditionnalité, revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses, soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents.

6 novembre 11h25, les femmes commencent à travailler gratuitement, pour le reste de l’année 2023

Ce constat du collectif féministe Les Glorieuses, est basé sur les données d’écart de salaires en France entre les hommes et les femmes. À temps de travail égal, celle-ci gagne 15,4% que les hommes selon Eurostat, l’institut de statistiques européen. C’était 15.8% en 2022. L’année dernière ce jour de dépassement est survenu le… 4 novembre à 9h22. À ce rythme là, il faudrait plus de 25 ans pour résorber les inégalités.

Sans compter l’arrivée au pouvoir d’un autre fanatique ultra-libéral comme Emmanuel Macron qui aggraverait la situation par sa politique de laisser-faire, par son manque de courage dans l’encadrement des pratiques des entreprises. En effet, cet écart de salaire était de 15,1% en 2016. Depuis que Macron a commencé à en faire la grande cause de son quinquennat, les inégalités femmes-hommes se sont creusées.

Et ce serait encore pire si Marine Le Pen arrivait au pouvoir. Dans le programme du Rassemblement national pour l’élection présidentielle 2022, les femmes n’apparaissent qu’aux chapitres « politique familiale » et « sécurité ». Une vision très réactionnaire du rôle des femmes. Il n’est nulle part mention des discriminations salariales femmes / hommes.

Surtout, pour les femmes qui ont eu des carrières hachées et des temps partiels imposés, Marine Le Pen défend la retraite jusqu’à… 67 ans. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT alertait pendant la bataille des retraites : « Pour financer nos retraites, comme ils ne veulent pas augmenter les salaires (et donc les cotisations sociales), le RN voudrait que les femmes fassent plus d’enfants, et voudrait faire la préférence nationale pour exclure les immigrés. C’est scandaleux. Les femmes ne sont pas des ventres, on n’est pas là pour repeupler le pays. Le RN voudrait prendre des mesures qui vont à l’encontre de l’émancipation des femmes. C’est extrêmement grave ».

Les métiers essentiels au pays, majoritairement exercés par des femmes, sont les plus mal payés

Les femmes sont les premières de corvées. Aides-soignantes, sage-femmes, assistantes maternelles, agentes d’entretien, caissières, accueil dans les services publics, elles sont sur-représentées dans les métiers du soin et de l’attention à l’autre qui nous sont si indispensables. Et pourtant, leurs métiers restent dévalorisés, tant économiquement que socialement.

En plus de cette précarité des statuts, les femmes sont poussées par l’organisation sociale, notamment la différence de congés parentaux à prendre le rôle de « parent pilier ». Ce sont donc plus souvent les femmes qui diminuent leur temps de travail à l’arrivée des enfants.

Résultat, si l’on regarde la masse salariale totale, dans le secteur privé, les femmes gagnent 24% de moins que les hommes, dans le dernier chiffre à jour en 2021. Secteur public et privée confondu : 22%

Les métiers féminisés sont en effet en bas de l’échelle des salaires. Deux tiers des travailleurs au SMIC sont des travailleuses. Leurs conditions de travail sont précaires avec de nombreux temps partiels contraints. Leurs métiers sont pénibles : une caissière soulève jusqu’à une tonne chaque jour quand une infirmière parcourt 10 à 12 kilomètres. Et leurs compétences et savoir-faire, peu reconnus. Il est nécessaire et urgent de prendre en compte cette inégalité et de revaloriser les métiers féminisés.

L’Avenir en commun, programme le plus féministe

La France insoumise propose de porter immédiatement le SMIC mensuel à 1600 euros nets. 60% des smicards sont des smicardes. Une mesure plébiscitée par une large majorité dans le pays : 76% des Français sont pour l’augmentation du SMIC.

Le programme l’Avenir en commun prévoit de punir sévèrement le non-respect de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes, de créer dans l’entreprise une commission de contrôle salarié sur l’égalité entre les femmes et les hommes, d’organiser une conférence sociale pour revaloriser en matière de salaires, de conditions de travail et de parcours professionnels les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact, et d’augmenter les sanctions financières et pénales à l’encontre des entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale femmes/hommes (amendes et refus d’attribution de marchés publics).

Ces mesures rejoignent les revendications du collectif Les Glorieuses qui lancent ce jour une pétition autour de 3 revendications : Appliquer le principe d’éga-conditionnalité, Revaloriser les salaires des emplois où les femmes sont les plus nombreuses, Soutenir un congé parental équivalent pour les deux parents.

On peut marquer le début du combat pour l’égalité salariale au vendredi 24 novembre 1975, première grève des femmes, en Islande, suivi par plus de 90%

Le mot d’ordre de grève féministe monte en puissance en France. Ce jour-là, les femmes ne feraient aucune tâche ménagère – pas de cuisine, pas de ménage, pas de garde d’enfants, nada – et elles n’iraient pas au travail. Le but ? Montrer qu’elles se tapent tout ce travail invisible tout l’année.

« Il n’existe pas de femme qui ne travaille pas, rappelle la journaliste britannique Caroline Criado Perez, il n’y a que des femmes qui ne sont pas payées pour leur travail ». La première grève féministe eut lieu le 24 novembre 1975 en Islande. Ce jour fut baptisé Long Vendredi par les hommes islandais qui ont réalisé l’immensité du travail fourni par les femmes, aussi bien dans les entreprises que dans l’ensemble des pans de la vie quotidienne.

Cette année, pour la deuxième fois de leur histoire, les Islandaises ont remis ça. De l’aide-soignante à la Première ministre, de la personne immigrée à celle transgenre, toutes les personnes qui se considère comme une minorité de genre était appelée à une journée de grève générale radicale.

Ce 24 octobre 2023, la moitié des personnes se revendiquant femmes et non-binaire arrête de travailler. Les images sont impressionnantes.

Et le résultat aussi. Aujourd’hui, l’Islande est le pays où l’égalité salariale est la plus forte.

Par Ulysse


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