L’Union populaire rassemblée autour d’un programme de rupture : une responsabilité historique.

samedi 2 décembre 2023.
 

1 – Amnésie, reniement ou trahison ?

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Un représentant d’une organisation de gauche (Fabien Roussel) a empêché Mélenchon d’accéder au second tour à la présidentielle de 2022 en prenant le risque d’une élection de Marine Le Pen. La désunion de la gauche en 2027 permettra-t-elle à l’extrême droite d’arriver au pouvoir ? Ce n’est pas impossible si les « alliés » de France Insoumise persévèrent dans leur aveuglement partidaire.

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Comme Ségolène Royal l’avait rappelé à juste titre lors des Amphis d’été de La France Insoumise, aux dernières élections législatives de 2022, un certain nombre de candidats de LaFI s’étaient effacés dans le partage des circonscriptions pour laisser la place à des candidats du PCF, d’EELV et du PS. Cela a permis à ces organisations d’augmenter sensiblement leur nombre de sièges à l’Assemblée. Cependant, malgré cet esprit de solidarité, certains médias et personnalités politiques de gauche ont accusé La France Insoumise de vouloir exercer une "volonté hégémonique".

D’autre part, un programme de gouvernement partagé comprenant 650 mesures a été signé avec les organisations précédentes avant les élections législatives de 2022. C’est sur cette base, et non une autre, que les députés de la NUPES ont été élus.

Ces faits semblent avoir été oubliés. Pourquoi ? Les intérêts de carrière politique personnelle et les affiliations partisanes, liés à la professionnalisation de la politique, semblent prendre le pas sur l’intérêt général et le respect des engagements. Une autre raison est la vulnérabilité de la plupart des membres de ces organisations à l’intense pression médiatique. Résister à cette pression nécessite à la fois une puissance d’ analyse solide et une force morale, ce qui n’est pas toujours le cas.

Prenons un exemple. On a reproché à Mélenchon et à d’autres personnalités de La France Insoumise de ne pas qualifier le Hamas de "groupe terroriste", comme le demandaient certains médias. Au lieu de faire preuve d’analyse, en consultant par exemple des experts tels que Jacques Baud, ses partenaires ont simplement suivi la meut médiatique. Il est important de noter que depuis 1937, l’ONU et le droit international n’ont pas réussi à donner une définition consensuelle du terrorisme. Mélenchon et ses collègues ont préféré, en se basant sur le droit international, dénoncer les actes de violence comme des crimes de guerre, une terminologie juridiquement précise. Malheureusement, ces nuances ont été ignorées par ceux qui ont critiqué La France Insoumise.

En réalité, les médias semblent avoir pour objectif de présenter les membres de La France Insoumise comme violents en utilisant toutes les manipulations possibles. Cependant, une analyse critique des médias semble encore échapper à la plupart des membres du PS, du PCF et d’EELV.

On peut certes regretter des prises de position individuelles intempestives et non concertées, mais cela ne justifie pas l’amnésie précédemment décrite. Une hypothèse plausible est que ces accrochages rhétoriques servent d’alibi pour justifier les reniements précédents et faire porter le chapeau de la division à La France Insoumise. Pas très moral tout cela.

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2 – Choisir entre un gouvernement de rupture et la montée au pouvoir du Rassemblement National.

Un petit intermède avec la philosophie de Spinoza peut être utile ici.

Spinoza montre que l’essence d’une chose ne peut être comprise sans comprendre qu’elle s’efforce de persévérer dans son être. De même, les affects, c’est-à-dire les émotions, sont des manifestations du conatus. Tout affect est une modification du conatus, un mode de l’effort par lequel une chose s’efforce de persévérer dans son être.

Il est clair que La France Insoumise s’efforce de persévérer dans son être en affirmant la nécessité d’un programme de rupture, comme l’Avenir en commun ou le programme partagé de 650 mesures. Cependant, il en va différemment de ses partenaires, qui semblent persévérer dans leur être, plus précisément dans leur erreur qui devient "connerie", selon Jacques Généreux, en pensant qu’un programme réformiste serait suffisant. Les récentes élections présidentielles de 2022 montrent que c’est une erreur, tout comme l’expérience passée de la social-démocratie en Europe qui, en voulant accompagner le néolibéralisme avec des réformes marginales, a conduit à la montée de l’extrême droite.

L’expérience démontre que ne pas choisir la rupture revient en réalité à choisir la montée de l’extrême droite au pouvoir. J’affirme, jusqu’à preuve du contraire, que Fabien Roussel préfère l’extrême droite au pouvoir plutôt que Mélenchon, ou même un Macron bis. En examinant finement les prises de position récentes des partenaires de La France Insoumise, on constate que leur persévérance dans leur être relève des affects et des émotions plutôt que d’une analyse rationnelle au service de l’intérêt général.

En effet, la persévérance dans la bêtise repose souvent sur les affects. Spinoza conserve toute son actualité. Macron persiste dans sa politique destructive, à la fois rationnellement pour servir les intérêts des puissants et émotionnellement par narcissisme ou volonté de puissance.

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HD

À


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